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Un conseil municipal « light » mais intense en joutes verbales


Le plateau des Capucins, nom provenant de la présence de moines capucins à cet endroit autrefois, où une médiathèque va être construite.


Comme le dernier conseil communautaire de vendredi 8 février (voir mon dernier article : « Brest Métropole Océane : un conseil de crise » sur ce blog), le conseil municipal du 12 février a encore été l’objet de petites phrases assassines entre les conseillers municipaux : sur le budget 2013 de la ville, sur la réforme scolaire de 4 jours et demi, sur la sécurité dans la ville, sur le financement d’un édifice cultuel musulman.

Le vote du budget primitif de l’année 2013 était sans conteste la question la plus importante du conseil municipal d’aujourd’hui. Ce budget s’élève à 151 millions d’euros en mouvements réels hors emprunts et trésorerie. Comme pour la communauté urbaine, les impôts des ménages d’augmenteront pas pour la 3ème année consécutive, s’est ainsi félicité Jean-Luc Polard. La ville se paye même le luxe de verser déjà une subvention de 500 000 € pour les prochains « Tonnerres de Brest » de 2016. L’effort d’investissement se monte de 5,7 millions d’euros l’an passée à 7,2 millions d’€ cette année. Un million d’€ est alloué aux sports. Quant à la Santé et à l’action sociale, 900 000 € leur sont attribués.
Le projet de la crèche de Pen-ar-Créach reçoit de la ville un million d’euros. « La structure de financement de la ville est saine », emphase M. Polard.

Pour la médiathèque des Capucins, projet phare de la ville et au-delà de la communauté urbaine, 4,3 millions d’euros sont alloués en subventions. Ce qui explique « le faible recours de la ville à l’emprunt », annonce le chargé des finances de la ville et de BMO, M. Polard. Il explique aussi ce budget par "la bonne santé financière de la ville".

Fortuné Pellicano (Agir pour Brest), comme a son habitude a fait encore des courbettes à M. le Maire. « À l’heure où nous devons faire face à une crise économique, le défi est à la fois de construire un budget qui soit conforme à la fois aux attentes des Brestois ainsi qu’à la réalité ». « Les indicateurs financiers et le ratio sont satisfaisants, les investissements sont à la hauteur des attentes des Brestois », poursuit l’élu inclassable. « Les choix que vous faites en 2013 faciliteront la qualité de vie, donc le bien-vivre ensemble, bref pour une ville solidaire, une ville qui bouge », encense encore M. Pellicano. Sans surprises, il annonce « en ce qui me concerne je vote résolument ce budget ».

La palme de l’incongruité et de l’hilarité revient sans conteste à Brigitte Hu du groupe Divers Droite, lorsque celle-ci a avancé que les prochains « Jeudis du Port » allaient coûter « 162 millions d’euros » et qu’elle a donc demandé au maire de « réduire la voilure de la contribution des contribuables brestois sur ce projet »! Réponse de François Cuillandre : « Revoyez vos chiffres, ce n’est pas possible que les Jeudis du Port coûtent aussi chers, le chiffre que vous avancez dépasse même le budget de la ville ! » Rappelons que celui-ci est comme nous l’avons indiqué plus haut de 151 millions d’euros. Déjà en début de séance, sur la réforme à 4 jours et demi dans les écoles, elle avait demandé, en raison des risques, expliquait-elle, de compétitions inégales entre les territoires — les activités extra scolaires étant à la charge des mairies — de « reporter cette réforme à 1914 » ! Un lapsus sans doute.
Elle regrette que les frais liés aux traitements des agents de BMO augmentent de 2 % par rapport à l’an passé, pour se situer à 45,1 millions d’€. Elle déplore aussi qu’une part importante du budget 2013 — 42 % — soit consacrée à la culture. « Nous sommes surprises (elle et Sophie Mével, les deux membres du groupe Divers Droite) de voir comment vous aimez dépenser sans compter, alors que dans ce domaine (la culture) il n’y a pas toujours retour sur investissements ». Visiblement, Mme Hu semble considérer la culture comme un secteur uniquement marchand ne nécessitant pas de grands investissements ! Toujours en question de culture, elle affirme que la médiathèque des Capucins « aurait été préférable près de la bibliothèque universitaire du Bouguen, tandis que là elle est éloignée des étudiants et de la population du centre-ville ». Enfin, elle revient sur le financement d’un lieu de culte musulman. Jean-Luc Polard parle lui d’édifice culturel et non cultuel, « j’ajoute un “r“ à cultuel », et affirme qu’ « il n’est pas anormal que la ville participe au financement d’édifices culturels musulmans, puisque à côté il y a un édifice israélite financé de la même façon et des églises catholiques de même, ces édifices faisant partie au-delà de la dimension cultuelle de la culture tout court ». Brigitte Hu avait révélé l’affaire en grand bruit en avançant la somme de 161 000 € pour ce projet dans Le Télégramme du 7 février. Chiffre démenti par la municipalité qui parle de quelques milliers d’euros seulement. François Cuillandre s’emporte alors contre Brigitte Hu, à qui il reproche « une mauvaise question » sur le financement d’un édifice cultuel musulman ainsi que d’avoir rédigé un communiqué de presse dans Le Télégramme du 7 février dernier le jour même du vote en commission à la mairie et d’avoir ainsi encouragé « des mails à mon encontre que je tiens à votre disposition et qui sont des torchons », dont il lit une partie à l’assemblée. Certains mails émanant même de « Génération Identitaire ». « La démocratie n’est pas toujours une belle réjouissance », lâche dépité le maire.

Geneviève Henry — l’autre élue du groupe « Agir pour Brest » — s’inquiète de la démographie brestoise en régression. « Beaucoup de jeunes ne cherchent plus à habiter à Brest parce que la fiscalité y est rédhibitoire », déplore-t-elle avant de se demander « Brest va-t-elle devenir une ville de retraités, d’étudiants et de cas sociaux ? » « Les formations sont mal adaptées au marché local du travail », constate-t-elle aussi. « Beaucoup de Brestois sont inquiets de l’avenir », confie Geneviève Henry.

Jacqueline Héré pour le Front de Gauche, reconnaît que ce budget « s’inscrit dans un contexte économique et social difficile » mais « que notre groupe votera ce budget ».

Anne-Marie Kervern de l’UDB constate que « les indicateurs sont au verts » et que donc « ce budget nous le voterons ».

Patrick Appéré, du Front de Gauche, provoque la droite en affirmant que le gouvernement actuel « s’attaque de manière drastique à réduire la dette engendrée par une gestion calamiteuse de la droite ces dix dernières années ». « La situation a donc des conséquences pour notre ville d’autant plus que dès 2014 l’État réduira de moitié par an son concours financier pour les collectivités locales ». « Pour les investissements, même si on peut y regretter qu’ils ne soient pas plus importants, ils sont conformes au plan pluri-annuel », concède-t-il.
Jean-Luc Polard affirme que pour la médiathèque des Capucins, « son rayonnement va bien au-delà de la ville ».

Renaud Le Floc’h (UDC) craint que les « impôts augmentent mécaniquement car les dépenses de fonctionnement augmentent de 123 millions d’euros par rapport à l’an passé tandis que dans le même temps la dotation de l’État aux collectivités locales baisse ». Ce à quoi lui répond François Cuillandre que « c’est une bonne question ». « Un ancien élu brestois bien connu qui est maintenant élu à Porspoder (Yannick Marzin, ndlr) avait pour habitude de dire “Papa passera payer demain“, sauf que papa ne passe jamais payer », lance M. Cuillandre. Avant d’accuser encore une fois l’ancien Président de la République : « La dette a augmenté sous le quinquennat de Sarkozy, mais je ne parle pas d’inventaire ». « Moi je pense que la réponse, c’est la péréquation », affirme-t-il. « On donne moins aux communes qui n’ont pas besoin d’aide financière ».

L’autre grand débat au conseil municipal était encore une fois la réforme à 4 jours et demi dans les écoles maternelles et primaires. C’est Brigitte Hu qui a relancé ce débat (voir plus haut). Marc Sawicki répond que « la réforme était nécessaire pour les enfants les plus fragiles ». Et de rappeler que « le nombre d’heures de cours à l’école primaire est de 3 h 45 en moyenne dans le monde par jour, alors qu’il est en France de 6 h ». « Pour bien des enfants, il faut sortir le plus vite possible de ces 4 jours ». Renaud Le Floc’h pointe du doigt le flou du coût de cette mesure, entre 400 000 et 1 million d’€. « Aucun chiffre ne figure à ce sujet dans le budget primitif », déplore-t-il. « Tant que l’organisation n’est pas faite on ne peut pas définir les coûts », répond Marc Sawicki. Patrick Appéré rappelle que « la réforme Darcos de 4 jours n’était pas faite pour le bien de l’enfant et qu’il faut en sortir au plus vite ». François Cuillandre justifie pour sa part le passage à la nouvelle réforme du temps scolaire dès la rentrée 2013 par le fait que « si aucune grande commune ne passe aux 4 jours et demi à la prochaine rentrée, cette réforme sera enterrée ». « L’échec scolaire, c’est d’abord dans nos quartiers avant d’être en zone rurale », souligne M. Cuillandre.

Mme Hu déplore « un délai de temps raccourci ne laissant pas le temps aux gens de s’y adapter », ce à quoi le maire rappelle que lors de la réforme Darcos en 2008, « c’était immédiatement que celle-ci devait être appliquée ».

Julie Le Goïc, l’excentrique élue EELV (Europe écologie Les Verts), salue le vote par l’assemblée nationale l’après-midi même de la loi instituant le droit au mariage pour tous, ainsi que les débats et l’humour par rapport aux interventions de la droite. « Christiane Taubira a montré durant ces débats qu’elle est une grande femme politique », lance l’élue verte avant de déclarer que « la municipalité sera heureuse d’accueillir des personnes du même sexe pour célébrer leur union civile ».

Laurent Prunier, le cher de l’UDC, donnait l’impression de vouloir féliciter le maire avant de se rétracter et de souligner que les vœux de ce dernier faisaient preuve de dogmatisme. « Il y a des moments où nous pourrions être fiers de vous avoir pour maire comme lors de votre discours au Bergot où vous sembliez prendre la mesure des défis face à l’insécurité et que vous compatissiez pour les victimes de violences ». Avant de poursuivre : « Mais en fait vous étiez révolté parce que vous avez été vexé par un article de presse ou par les déclarations de notre groupe d’élus. Vos vœux dogmatiques sont en décalage avec les attentes des Brestois ».
François Cuillandre n’y vas pas de main morte pour lui répondre du tac-au-tac : « En 10 ans de pouvoir de la droite, Brest a perdu un quart de ses effectifs de police ».

L’avant-projet définitif de la médiathèque des Capucins et son plan de financement ont été approuvés lors de ce conseil.
Le financement des groupes d’élus du Conseil municipal pour un montant total de 20 900 € au titre de l’année 2013 a aussi été voté.

Bref, ce fut encore un conseil passionné, traversé de joutes oratoires prenant leur inspiration dans l’actualité nationale, tout comme au dernier conseil communautaire. Brest s’en sort-elle mieux que les autres villes de même importance ? Rien n’est moins sûr, si l’on se réfère à certaines déclarations d’élus lors de ce conseil.

 Marc Gidrol

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