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Un Débat d’Orientation Budgétaire (DOB) de crise au conseil municipal de Brest

Le premier conseil municipal de Brest de l’année a eu lieu jeudi 21 janvier. La délibération épineuse du Débat d’Orientation Budgétaire (DOB) repoussée dans le temps, était au cœur de ce conseil agité aussi par la baisse des Dotations de l’État aux collectivités locales depuis déjà un an maintenant.

Le Débat d’Orientation Budgétaire (DOB), aurait dû avoir lieu lors du dernier conseil municipal de l’année 2015, mais il a été repoussé par M. le maire, M. François Cuillandre.

Bernadette Abiven, Première vice adjointe au maire de Brest présente cette question comme « un moment majeur de la vie démocratique locale ». Pour répondre aux critiques fusant de l’opposition quant au recul de cette question dans le temps, elle répond que « les mêmes nous disent que nous n’aurions pas été sérieux de débattre de cette question sans avoir tous les éléments ». « Eût-il été judicieux d’avoir porté aux derniers conseils municipaux le DOB alors que nous n’avions pas tous les éléments ? » questionne l’élue. Puis elle s’empresse de présenter le budget de la ville : « Fin 2015 les indicateurs sont conformes à ce que nous avions prévu ». « Les indicateurs sont fiables et sincères » ajoute Mme Abiven :

  • Les charges salariales ont augmenté de 0,4 %.
  • L’épargne nette atteint 9,3 millions d’€.
  • Le budget prévisionnel d’investissement est de 18 millions d’€.
  • Les recettes de fonctionnement s’élèvent à 141 millions d’€, en baisse de 5,6 % par rapport à l’année 2015. « C’est la septième année que ces taux n’augmentent pas », poursuit l’adjointe au maire.
  • Cette année les coûts salariaux de la Ville augmentent de moins de 1 %.
  • Plus de 28 millions d’euros sont consacrés aux politiques de l’enfance, de l’éducation associative et populaire et à la jeunesse dont près de 20 millions rien que pour le sport. Les écoles élémentaires, prérogative des municipalités, vont recevoir cette année 1,4 million d’euros. Plus de 1 million d’€ vont pour la rénovation de la pelouse du stade Francis Le Blé.
  • Mme Abiven insiste sur le fait que les investissements sont financés à hauteur de 41 % par la Ville. « Combien de villes peuvent se targuer d’une telle capacité de financement ? », fanfaronne l’élue de la majorité municipale. Elle présente deux projets phares de la Ville cette année : la médiathèque des Capucins coûtant 30 millions d’euros et l’EHPAD (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) de Kerlevenez revenant à 16 millions d’€.

Bernadette Abiven annonce aussi qu’ « en 2016 nous maintenons les taux des impôts des ménages à leur niveau de 2015 et ces taux ont été diminués en 2014 ». Mme Abiven assure poursuivre « (notre) soutien aux associations », pour calmer la fronde des associations d’éducation populaire depuis décembre 2015 quand la sombre perspective d’une baisse des subventions de la ville à celles-ci avait été annoncée (voir à ce sujet mon compte-rendu du conseil municipal du 17 décembre dernier sur ce blog). C’est la première fois depuis vingt ans que la mairie brestoise sacrifie ces dotations aux « sacro-saintes » associations à Brest, et ceci dans le contexte que l’on sait de rigueur budgétaire au plan national comme local.  « Le vivre ensemble est une réalité à Brest », poursuit Mme Abiven.

Mme Bernadette Malgorn, la tonitruante responsable du groupe d’opposition municipale de la droite et du centre, Rassemblement pour Brest (RPB), s’étonne à juste titre de ces « atermoiements » de la municipalité. Elle déplore « cet exercice quelque peu baroque consistant à proposer des engagements pour 2016 sans que les élus brestois aient été appelés à débattre du contexte et des grands arbitrages budgétaires dans lesquels ces opérations devaient trouver leur place ».

Elle reproche les choix d’investissement de la municipalité socialiste, dans un contexte marqué par des contraintes budgétaires avec la baisse des dotations de l’État aux collectivités locales : la médiathèque des capucins, le téléphérique, etc. Ces choix sont d’autant plus dommageables selon l’élue qu’ils sont réalisés « au détriment de politiques plus prioritaires » qui sont pour elle « l’entretien du patrimoine existant, le soutien aux familles, à la petite enfance et à la jeunesse ». Elle rappelle : « Pour nous, la réduction de 13 % des dotations aux écoles de la ville n’était pas une bonne décision, nous l’avons désapprouvée ». « De même, la réduction uniforme et brutale de 4 % des subventions aux associations d’éducation populaire n’est pas non plus une bonne décision. Nous la désapprouvons », complète Mme Malgorn, surfant sur la grogne de ces associations provoquée par la baisse de l’aide de la mairie. 

Mais plus que ces choix économiques « c’est la brutalité et la méthode employées que nous mettons en cause ». « Une mascarade de concertation », voilà comment Bernadette Malgorn résume l’attitude de la municipalité de gauche. « Comme pour les écoles qui le furent après les vacances de Pâques, les associations d’éducation populaire n’ont été informées de vos intentions, c’est-à-dire de vos oukases, que quelques jours avant le conseil municipal du 17 décembre dernier, où ces rapports ont été présentés », déplore encore l’élue. Elle rappelle les spécificités des associations brestoises : « N’oubliez pas que ce sont des bénévoles qui gèrent un quasi service public qui emploie 400 salariés et intéresse 25 000 usagers comme le rappelait Rémi Hervé lors de notre dernier conseil ».

Reprenant même un slogan de la gauche radicale, cher à M. Jean-Luc Mélenchon depuis l’élection présidentielle de 2012 : « Nous aussi nous disons “l’Humain d’abord“, mais il faut le mettre en actes ». Au nombre des dossiers rendus opaques par la ville, se trouve en bonne place l’accord de BMH (Brest Métropole Habitat), gestionnaire du parc HLM de la ville, dont le président n’est autre queFrançois Cuillandre, le maire, et d’autre part « la mosquée d’obédience salafiste de Pontanézen (qui a fait couler tellement d’encre ces derniers mois avec son imam youtuber et médiatique mais néanmoins dangereux et mortifère par son discours), lui permettant, si elle aménage cette friche, de présenter un nombre de places de stationnement facilitant une autorisation d’extension ».

« Que cherchez-vous à cacher ? Pourquoi cette association dont on connaît maintenant le message qu’elle propage, bénéficierait-elle des faveurs de la collectivité ? Nous le dénonçons vigoureusement », s’insurge Mme Malgorn. Autre dossier qualifié d’ « opaque » aussi par l’élue de droite, le rapport annuel du représentant de la Ville de Brest au Conseil d’administration de Brest’Aim pour l’exercice 2014. « J’ai demandé communication du rapport du commissaire aux comptes qui était cité à l’appui de la délibération. Chou blanc ! Mais que cherchez-vous donc à cacher ? réitère avec insistance son interrogation Mme Malgorn. Elle en vient à se demander si il ne faudrait pas « que nous saisissions la CADA (Commission d’Accès aux Documents Administratifs) pour obtenir enfin une libre consultation des différents actes de la Ville, de la Métropole… et de ses satellites ».

Mme Bernadette Abiven répond : « Le déclinisme n’est pas notre credo ». « Nous sommes ambitieux pour Brest », assure l’élue socialiste. « Pendant que d’autres pleurent nous nous agissons », proclame Mme Abiven.

L’autre groupe d’opposition au sein de l’assemblée municipale, Brest Alternative (BA), par la bouche de Mme Christine Margogne, reconnaît une « situation saine mais néanmoins fragile », à cause d’ « une nouvelle coupe de 2,2 millions d’€ de baisse des dotations de l’État ». Surtout si l’on tient compte du « déséquilibre entre l’Est et l’Ouest breton » et le fait qu’il y a « peu de création d’entreprises et par là même peu d’emplois à Brest ». Elle souligne notamment « une baisse des loyers à Brest mais ce n’est pas un indicateur de dynamisme pour notre ville ». « Le groupe Brest Alternative reste vigilant sur les deniers publics » prévient Mme Margogne. Devant le grand nombre de constructions de logements elle s’interroge : « Construire c’est très bien, mais pour qui ? Si la population ne vient plus ou pire si elle ne reste plus dans notre ville ». Elle n’est pas la seule à souligner la paupérisation de la ville.

M. Bruno Sifantus, du groupe de Mme Malgorn, RPB, voit dans cette frénésie de construction de logements un « dogme municipal », « qui loin de retenir la population, accentue le dépérissement ». Il dénonce « une politique de l’habitat déconnectée du réel, basée sur des diagnostics obsolètes ». Il préconise au contraire : « Il faudrait renforcer par des mesures fortes de réhabilitation urbaine de l’habitat et des petites copropriétés, pour faire venir les familles ».

Bruno Sifantus enfonce encore le clou: « Depuis deux décennies, Brest est marquée du sceau d’une paupérisation constante, d’une démographie qui ne cesse de reculer : plus de 10 000 habitants avaient déjà quitté Brest avant 2008 ». D’après les derniers chiffres de l’INSEE , entre 2008 et 2013, 2 711 Brestois auraient quitté la ville. Brest compte désormais 139 396 habitants.

M. Sifantus évoque l’emploi industriel « particulièrement touché ». « Aux restructurations qui ont touché Sobrena, Thales ou Jabil, il faudra probablement aussi ajouter la réduction prévisible d’effectif chez d’autres grands groupes industriels », prévoit-il. Même la réparation navale qui avait connu une crise de septembre 2011 à mars 2012 et qui avait même failli disparaître du paysage brestois lorsqu’elle était sous le pavillon de la Sobrena mais qui sauvée par le groupe hollandais Damen  avait connu un sursaut, n’est pas épargnée non plus par cette sinistrose selon M. Sifantus. « Les perspectives dans la réparation navale militaire ne se retourneront pas et, malgré un frémissement en 2015, les objectifs stratégiques de Damen sont encore loin d’être acquis ». Quant aux créations d’emplois dans les secteurs de l’action sociale, de l’enseignement et de la santé, « ce sont des secteurs qui sont d’abord financés par l’argent public, et qui sont pour longtemps sous forte contrainte budgétaire en raison du plan d’économies de l’État, ce qui grève leur avenir dans la situation de crise bien installée à Brest », rappelle l’élu RPB.

Il prédit aussi une baisse des nouvelles dotations de l’État après 2017, compte tenu du fait que la population ne cesse de baisser. « La population diminue, vieillit, et la ville s’appauvrit… », résume dans une formule implacable M. Sifantus.

Le maire pour sa part explique ce choix de débattre du DOB à cette date parce que « la loi rectificative fixe au 15 avril le DOB, mais des éléments de la fiscalité locale nous sont donnés de plus en plus tard par l’État » « Les progrès de la Direction générale des Finances (DGF) nous permettent d’avoir de plus en plus tôt les finances de l’année précédente » ajoute le baron rose de la ville. Puis il interpelle directement la chef de file du principal groupe d’opposition municipale : « Si vous étiez à ma place, Mme Malgorn, qu’est-ce que vous feriez ? »

Cette dernière lui rétorque : « Le bonheur d’être en démocratie, c’est de sortir de la pensée unique. Nous n’aurions pas fait la médiathèque des Capucins. Nous voulions un moratoire sur cet exemple. Les problèmes de personnels subsistent à cette décision sinon cela n’aurait pas pesé sur le budget. Nous n’aurions pas augmenté les taux de fiscalité mais nous aurions augmenté l’assiette pour compenser ». Alain Masson jure : « On verra ça dans 6 ans ». « 4 ans » rectifie Mme Malgorn, puisque les prochaines élections municipales auront lieu en 2020. Jacqueline Héré, du groupe des élus communistes reprend le discours national de son parti : « L’austérité budgétaire n’est pas le remède à la crise financière ».

Le premier conseil municipal de l’année portant sur des questions de finance avec le DOB était animé. Les économies drastiques faites par la ville sur le personnel, les associations d’éducation populaire, la politique sociale et familiale, montrent bien que Brest n’échappe pas au marasme économique national et international.


Marc Gidrol

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