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L’élection présidentielle en filigrane du conseil municipal de Brest

Le conseil municipal de jeudi 2 mars est revenu en début de séance sur le projet de fermeture du foyer-logement pour personnes âgées de Saint-Marc, votée en conseil du CCAS (Centre Communal d’Action Sociale). Christine Margogne (Brest Alternative, groupe d’opposition) déplore que ce soit « par un courrier en date du 17 février dernier que les locataires aient été avertis de la fermeture du centre de résidences pour personnes âgées ». « C’est de la politique de vieillissement à moyen et à long terme à Brest dont il est question ? » s’émeut l’élue centriste. Elle avance des pistes pour pérenniser la structure pour seniors : « Un partenariat privé avec Brest Métropole Habitat (BMH) dont le bâtiment appartient pourrait voir le jour, tout comme une structure de jour ». « L’argent peut et doit être trouvée », implore l’élue d’opposition. 

Même son de cloche du côté de l’autre groupe d’opposition municipale et métropolitain, Rassemblement Pour Brest (RPB) par la voix de Mme Colette Le Guen-Boucher. Si cette dernière reconnaît que le foyer-logement est devenu obsolète de par la priorité donnée dorénavant au maintien à domicile, « (qui) est aussi un des facteurs essentiels dans l’espérance de vie et dans la qualité de vie », et l’EHPAD (qui est un lieu d’accueil de la dépendance), elle pose aussi la question de la légitimité d’une telle décision. « Sur quel registre devons-nous nous placer face à un tel sujet : La raison ou le coeur ? », s’interroge l’élue de droite. Selon Mme Le Guen-Boucher « le coeur nous impose aussi de nous pencher avant toute décision définitive sur le nécessaire maillon à imaginer entre le maintien à domicile et l’EHPAD, répondant à la réalité de la population des personnes âgées aujourd'hui et qui sera plus crainte à l’avenir ». 

Isabelle Montanari, adjointe au maire, en charge des questions sociales, répond que « des dispositifs ont été mis en place pour accompagner les personnes âgées vers des choix de vie ». L’élue socialiste rappelle que « sur les résidences de Poul-ar-Bachet et de Saint-Marc, un tiers des résidents ont besoin d’un soutien médicalisé », posant par là la question de la pertinence du maintien de ces structures. « Aujourd’hui on laisse le choix aux personnes des décisions qu’elles souhaitent prendre », stipule Mme Montanari. Celle-ci rappelle aussi que le bâtiment du foyer-logement date de 1979 et qu’il appartient à BMH, « il y aura donc un travail sur le devenir du bâtiment », assure l’élue. Elle avance aussi la somme de « 100 000 € que nous pouvons investir pour le bâtiment ». 

François Cuillandre intervient dans la mêlée : « Ce type de décisions on ne le prend pas par plaisir ». Le maire rappelle encore que « la décision a été votée à l’unanimité par le conseil du CCAS ». Il justifiée la décision aussi par le fait qu’ « il y a deux foyers logements sur le quartier de Saint-Marc ». Après avoir assuré que la ville investit pour les anciens, il conclut : « L’austérité, c’est pas forcément ici qu’elle a lieu », en réponse aux accusations dont la municipalité doit faire face de la part de la gauche radicale tout comme de la droite brestoise.

Que serait un conseil municipal sans les sempiternelles questions de sécurité soulevées par la droite brestoise, questions appartenant au régalien, donc à l’État, d’ordinaire. C’est Marc Berthelot qui interpelle la majorité municipale sur ce terrain miné. Après avoir rappelé le nombre de voitures incendiées en décembre dernier, « une trentaine, dont dix-huit pour la seule nuit de la Saint-Sylvestre… record absolu en Bretagne tout de même ! » il alerte sur la généralisation des actes délictueux et violents sur toute la ville. 

Il évoque « 12 véhicules (qui) ont de nouveau été la proie des flammes, dans le quartier de l’Europe en février ». « Des quartiers jusqu’à présent épargnés par ce type d’événements, comme le quartier de Kerbonne, ne le sont plus », déplore l’élu d’opposition. Ainsi, il rappelle une (trop) longue liste d’actes de violence commis dans le quartier de Lambézellec depuis début février. « À Lambézellec, dans la nuit du 5 au 6 février, rue du muguet, un véhicule a été incendié, quinze jours plus tard (le 21 février) toujours à Lambézellec deux voitures sont parties en flammes, … trois autres dans la nuit de vendredi 24 au samedi 25 février ». « Ainsi cinquante-deux voitures ont brûlé en six mois ! soit près de neuf par mois », déplore monsieur Berthelot. Il ajoute à cette longue litanie « l’incendie volontaire dans une cave d’un immeuble mercredi 1er mars au petit matin, encore à Lambézellec ». « Le tout en état d’urgence et vigie pirate renforcé », souligne le conseiller municipal. 

Face à cela, « la prévention seule, pour efficace qu’elle soit, a elle aussi ses limites, tout comme la répression », juge l’élu de droite. Il demande, au nom « du principe de subsidiarité, (qui) impose lorsqu’un service public indispensable ne se trouve plus assuré ou fait défaut, qu’elle qu’en soit la raison, à ceux qui sont en responsabilité la charge d’y remédier », de créer une police municipale de proximité, « qui viendra en appui et en appoint de la police nationale ». 

Mme Patricia Salaün-Kerhornou, adjointe au maire, chargée de la tranquillité urbaine et de la prévention des risques, ne l’entend pas de cette oreille. « La délinquance de proximité a baissé de 13 % en 2016 », selon elle. « Le taux d’élucidation a progressé de 22 % », assure-t-elle. Face à la demande de la droite d’une police municipale, elle préfère parler de prévention plutôt que de répression, elle affirme donc que « (leur) engagement repose sur une présence dans les quartiers ». 

Nous avons eu droit à une passe d’armes qui ne manquait pas de sel entre Julie Le Goïc, qui forme un groupe à elle toute seule, « Partage et solidarité », après avoir fait partie de l’équipe majoritaire de la municipalité jusqu’en 2015. « C’est un conseil spécial aujourd’hui, car Monsieur Pellicano est dans votre majorité après avoir été dans votre opposition de droite ». François Cuillandre lui répond : « Mais vous avez été sur la même liste que lui. J’ai même une photo où l’on vous voit tous les deux côtes-à-côtes avec un grand sourire ». Julie Le Goïc lui répond : « Mais c’était à l’époque où je croyais que vous étiez de gauche et que monsieur Pellicano avait changé alors que c’est l’inverse ».

Mme Malgorn, la responsable du groupe RPB revient sur les choix culturels opérés par la ville. « L’aménagement du Plateau des Capucins se résume à une juxtaposition de projets à financement public, et très largement par transfert d’activités culturelles qui animaient d’autres quartiers », dénonce l’élue. Elle déplore que « la fermeture des bibliothèques d’étude et Neptune prive du service de la lecture publique les habitants de centre-siam ». 

Ce à quoi lui rétorque Alain Masson, adjoint au maire de Brest, que « certains ont oublié un épisode, c’est que ces bibliothèques Neptune et Études devaient aller avenue Foch, or j’invite les gens à faire le trajet à pied entre le lieu où elles se situaient et l’avenue Foch. Alors qu’au plateau des Capucins, elles sont rapidement accessibles via le téléphérique en plus », ajoute monsieur Masson. 

Réza Salami, maire-adjoint de Brest centre précise que « les bibliothèques de centre-siam, inauguré en 1957, ne répondent plus aux normes d’aujourd’hui ». Non sans malice il invite Mme Malgorn « à se rendre par le téléphérique à la médiathèque des Capucins où elle s’apercevra de la richesse du patrimoine brestois ». Mme Gaëlle Abily, en charge de la culture au sein de la ville, renchérit : « La médiathèque des Capucins, c’est plus de mètres carrés de bibliothèques, plus d’offres ». L’élue communiste précise aussi qu’ « une médiathèque, ce n’est plus seulement du livre mais aussi de la parole ». « La médiathèque est reconnue par l’État et par le label numérique », plaide-t-elle.


Mme Malgorn pointe aussi du doigt la question du cinéma multiplex au Capucins; « qui pourrait porter un coup fatal au cinéma Art et Essai sur notre bassin de vie ». Là encore Monsieur Masson tente de la rassurer : « Sur les cinémas multiplexes, nous avons toujours développé l’idée que les équipements culturels doivent être dans les villes et non à la campagne avec des parkings à côté. Nous avons relancé une procédure avec moins de salles que prévu. Nous n’avons eu qu’une seule réponse ».

Bernadette Malgorn s’inquiète aussi du projet de Musée des phares et balises sur le port de Brest. C’est « de nature à cannibaliser le Musée des Phares du Créac’h sur l’île d’Ouessant », dénonce l’élue d’origine ouessantine. « Le conseil départemental envisagerait d’y consacrer une dizaine de millions », déplore l’élue. François Cuillandre lui répond : « Le sujet de Phares et Balises relève du Conseil départemental, je ne suis pas conseiller départemental et vous ne l’êtes pas non plus madame Malgorn, nous ne sommes pas porteurs du projet ».

Le conseil municipal votait aussi le budget primitif de la ville. Mme Abiven, chargée du budget, présente les grandes lignes du budget primitif.
 -145 millions d’€ sont consacrés aux politiques publiques du quotidien et de proximité ».
  • 22 millions d’€ pour l’investissement y compris pour l’annuité de la dette.
  • 14,6 millions d’€ pour la culture.
  • 10,4 millions d’€ pour le sport.
  • 6,2 millions d’€ pour la santé.

« Nous faisons l’inverse de ceux qui prêchent l’exclusion et le repli sur soi », déclare-t-elle.
La dotation forfaitaire de l’État a diminué de 1,7 millions d’€. Dans ce contexte, Mme Abiven salue que « nous n’avons pas augmenté les taux d’imposition ». La première adjointe au maire rappelle que « depuis 2014 nous avons perdu 18 millions d’€ au titre du redressement de nos finances publiques ». « Hors frais financiers nos finances s’échelonnent à 131 millions d’€ », présente l’élue socialiste. « 50 % de nos dépenses sont de la masse salariale », stipule l’élue.
L’annuité de la dette atteint 11,3 %.
16,9 millions d’€ sont consacrés aux investissements en 2016. Parmi lesquels :
  • 6,2 millions d’€ vont à l’enfance, à l’éducation et à la jeunesse.
  • 950 000 € pour les locaux associatifs.
  • 711 000 € sont alloués à la culture.

« Nous finançons 50 % de nos investissements », s’enorgueillit Bernadette Abiven.
Jacqueline Héré, du groupe des élus communistes, pour sa part regrette que « dès 2013 le gouvernement a décidé d’économiser sur les politiques de proximités. Ainsi la ville de Brest a eu plus de 15 millions d’€ de pertes depuis 4 ans ». « Cette saignée budgétaire est insoutenable », juge l’élue de la gauche radicale. 

Évoquant l’élection présidentielle, l’élue de la France insoumise de Mélenchon attaque « Emmanuel Macron (qui) a démenti la semaine dernière qu’il était un progressiste mais plutôt un démagogue ». Elle informe que la ville de Brest va toucher 37 millions d’€ au titre de la politique publique et de proximité. Elle fait l’apologie de la taxe d’habitation, « certes qui n’est pas équitable, mais il faut le moduler selon les capacités des familles ». Elle finit par avouer que « le groupe des élus communistes et de progrès votera le budget primitif de la ville ». Pour Anne-Marie Kervern (UDB), aussi favorable à ce budget primitif, « il nous faut un budget de résistance pour un projet de résistance ». 

Indignation du côté de Julie Le Goïc, pour qui « c’est bien un budget qui devrait poser problème aux gens de gauche ». L’élue altermondialiste et elle aussi soutien de la France insoumise pointe du doigt « une diminution de 300 000 € de subvention au CCAS dans ce BP ». Elle souligne aussi qu’ « il manque 63 000 € au budget du CCAS entre 2014 et 2016 ». « Alors que dans le même temps, compare madame Le Goïc, la subvention au stade brestois (SB) a augmenté de 28 % ». 

Ce à quoi s’emporte Patrick Appéré, de Brest Nouvelle Citoyenneté, autre groupe de la gauche radicale au sein de la majorité municipale et adjoint aux sports : « C’est trop facile de faire ce que tu fais. C’est inadmissible. Quand le Stade Brestois était en Ligue 2 ils avaient même plus de subventions. Par rapport aux autres villes nous sommes dans le bas du tableau pour les subventions aux clubs professionnels sportifs. Les subventions au Stade Brestois sont passées de 495 000 € à 436 000 € en deux ans ».

Mme Christine Margogne s’offusque que « l’on parle de politique nationale et des candidates à l’élection présidentielle dans cette enceinte ».

Comme à l’accoutumée monsieur Bruno Sifantus (RPB) tirer la sonnette d’alarme sur les finances de la ville et de la métropole. « Il ne faut pas oublier que l’essentiel se passe désormais au niveau de la métropole » rappelle l’élu moralisateur. Il s’inquiète des « signaux négatifs (qui) se confirment, avec devant nous des énergies dont le prix repart à la hausse, et une inversion de la courbe des taux d’intérêts qui nous emmène vers une remontée de ces taux qui sera aussi durable que l’a été la baisse, dont au passage, personne n’a su tirer le meilleur parti pour assainir les finances à tous les niveaux ». 

Pour lui, « il apparaît clairement en effet que Brest est bien une ville pauvre quand on regarde les statistiques fiscales et financières et qu’on les compare aux moyennes nationales des collectivités de la même strate ». Il constate aussi que « sa population (de la ville, NDLR) peine à se stabiliser ». « Ce sont de l’ordre de 3 000 nouveaux habitants par an qu’il faut attirer pour contrebalancer les effets négatifs de la démographie locale et en particulier compenser la fuite des jeunes qui achèvent leur parcours de qualification », ajoute l’élu d’opposition de droite. 

Il en est convaincue, « c’est par la maîtrise des dépenses que passe le redressement ». Sur la dette, il avance que « la part locale des engagements du contribuable brestois est beaucoup plus forte que l’encours de 42 millions d’euros que vous montrez ici et donc plus important que le poids de 289 € par habitant mis en avant ». Il annonce que dans ces conditions, « RPB votera contre ce budget 2017 ».

En bref, le conseil municipal, s’est fait l’écho des élections présidentielles, sur fond de questions sécuritaires, de solidarité et économiques.

Marc Gidrol

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