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Conseil municipal de Brest : le conseil de la vérité

Le conseil municipal de Brest s’est réuni pour la dernière fois de la mandature 2014-2020 jeudi 6 février. Malgré que la majorité municipale n’a jamais été autant désunie qu’à la veille des élections municipales des 15 et 22 mars prochains, — plusieurs membres de la majorité municipale se présentent sur trois listes concurrentes à celle conduite par l’actuel maire sortant, François Cuillandre —, cela ne s’est pas trop sentie lors de ce conseil. C’est peut-être pour ménager les possibilités de fusion de listes entre les deux tours. 

En ouverture de séance, Yann Guével, 5ème adjoint au maire de Brest, a rappelé que « plus de 110 millions d’euros ont été investis durant la mandature pour le bien-vivre à Brest ». « Nous avons fait le choix de l’éducation avec pas moins de 50 millions d’€ / an dont 6 millions d’ € rien que pour l’éducation populaire », a ajouté le 5ème adjoint au maire et maire-adjoint du quartier de Saint-Pierre. 

Dans ses propos introductifs il en a profité pour tacler l’action de l’exécutif national : « Le président de la République mène une politique antisociale en faveur des plus riches et contre les plus pauvres, ainsi 15 % des ménages les plus modestes verront leur niveau de vie amputée ». « Les choix du Gouvernement impactent aussi les collectivités locales, par la suppression de la taxe d’habitation », a ajouté l’élu socialiste. Il a dénoncé aussi ceux qui « par opportunisme se sont ralliés au parti au pouvoir », sans nommer quiconque mais tout le monde aura compris qu’il s’agit de Pierre Karleskind et Marc Coatanéa.

Bernadette Malgorn, cheffe de file de la droite et du centre-droit à Brest, a quant à elle remercié au nom du groupe qu’elle préside depuis 2014, Rassemblement pour Brest (RPB), les « personnels des services municipaux, notamment ceux de la direction des finances et du service des assemblées ». 

Son groupe a « d’autant plus apprécié (cette aide, Ndlr) que la pratique de la démocratie locale allait à l’encontre de la bonne information de l’ensemble ». Elle a ainsi dénoncé « un système refermé sur lui-même », « une chape de plomb » sur la gestion des finances de la ville par la majorité et les satellites de l’exécutif local. 

Monsieur François Cuillandre lui rétorque « une chape de plomb était un instrument de torture au Moyen-Äge, je torture peut-être les Brestois, mais les mots ont un sens, Madame Malgorn, et vos propos sont caricaturaux et excessifs ». L’ancienne conseillère à la Cour des Comptes et tête de la liste « Brest, c’est vous ! » aux élections municipales explique qu’ «  (elle) n’a plus depuis quelques temps l’apanage de cette expression, “chape de plomb“ ».

Madame Malgorn a aussi rappelé que son groupe avait fait des propositions «  en décembre 2018, pour traiter concrètement de ces questions de déontologie, de transparence de la vie publique et de lutte contre la corruption que vous (le maire, Ndlr) a refusé ». « La mission de Monsieur Potier avait amorcé des réflexions intéressantes, mais elle s’est perdue dans les sables, tout comme l’inventaire du patrimoine que nous attendons depuis le début du mandat », remarque l’ancienne Préfète de Région. 

Elle reproche aussi à l’actuelle majorité de ne pas « respecter les formes » en n’ayant « pas invité pour l’hélice de la Jeanne d’Arc, un ancien pacha, membre de notre conseil » (Ndlr, Bruno Sifantus). « Nous n’avons pas la même conception de la démocratie, nous n’ambitionnons pas de faire de Brest une ville qui nous ressemble », a conclue l’élue du gaullisme social. 

François Cuillandre s’est félicité que la majorité maintienne « une politique d’investissements qui reste à un niveau élevé en 2020 ». En effet, les dépenses d’investissement se montent à un total de 23 millions d’€ pour 2020. L’année dernière les investissements étaient de 19 millions d’€, soit une augmentation de 4 millions d’€. De même le premier édile de la ville jusqu’au mois de mars a vanté « des dépenses contenues ». Ces dépenses sont de l’ordre de 32 millions d’€ cette année contre 36,4 millions d’€ en 2014, en début de mandature. Il s’enorgueillit encore d’’ « une dette peu clivée avec une capacité de désendettement de moins de 3 ans ». En conclusion, il fanfaronne : « Nous remettrons fin mars les clés d’une ville bien gérée à une nouvelle équipe ». “Le baron rose local“ (Ndlr, François Cuillandre) défend également « un budget qui porte les valeurs de Gauche ». 

Bernadette Malgorn souhaitant répondre au maire sortant demande la parole, mais ce dernier la lui refuse au motif que Thierry Fayret, Premier adjoint aux finances de la ville va présenter le budget primitif de la ville pour 2020. L’ancienne haut fonctionnaire de l’État s’emporte alors et se demande s’« il faut un titre de séjour pour prendre la parole car on ne la donne pas à ceux qu’on suppose venus d’ailleurs » (Madame Malgorn est né à Nantes mais avec des origines ouessantines du côté paternel et morlaisiennes du côté maternel, elle a passé son enfance à Brest aussi, on ne peut donc pas lui reprocher d’être une parachutée en terre brestoise). 

Marc Coatanéa, conseiller municipal Brest Métropole En Marche, intervient pour vanter les « bons » résultats selon lui de la politique de l’exécutif national qui aurait des retombées positives sur l’économie brestoise. « En France, le taux de chômage est au plus bas depuis 10 ans », assure-t-il. Ce dernier affirme que « le taux de chômage à Brest n’est que de 7,3 % de la population active de Brest, soit un point au-desssous de la moyenne nationale ». « 470 familles ont retrouvé le chemin de l’emploi à Brest « , exulte-t-il. 

Mais il concède que « les statistiques démontrent que les Brestoises et les Brestois ne vont pas bien ». Il rappelle aussi que conformément aux promesses électorales du Président Emmanuel Macron en 2017 « la suppression de la taxe d’habitation a profité à de nombreuses familles à Brest, pour plus de 5 236 € au total ». Il qualifie la politique de l’exécutif de « vraie politique de gauche ». « Je ne comprends pas bien les lamentations de ceux qui critiquent le choix d’augmentation de la prime d’activité », lance-t-il à ses anciens camarades de la majorité municipale de gauche. 

Monsieur Coatanéa martèle que « le premier de nos devoirs est de créer les conditions d’une société plus juste , et de permettre une meilleure égalité entre les citoyens ». Enfin il conclut en reconnaissant que la majorité sortante « a fait un effort scolaire comme personne auparavant » et que « l’émancipation par l’école est la clé de la réussite ». 

A ces mots, Julie Le GoÏc-Auffret, seule élue du groupe « Partage et solidarité », et qui ne fera pas partie du conseil municipal et métropolitain dans la prochaine mandature, a vivement réagi : « Comment vous osez dire, Monsieur Coatanéa, que vous travaillez pour le pouvoir d’achat des Français ». « Je vous remercie d’avoir enrichi ma palette de vocabulaire », ironise-t-elle. « La palme revient à mon voisin de droite (Ndlr, Marc Coatanéa) », lance-t-elle encore. 


Le Budget primitif 2020 :

Les recettes de fonctionnement s’élèvent à 346 millions d’€. L’épargne nette est de 6,9 millions d’€. L’encours de la dette est de 2,3 années et atteint 6 millions d’€. Les.dotations augmentent de 6,2 % pour les associations conventionnées. Les écoles, les crèches et les associations bénéficient au total d’un crédit de 48,5 millions d’€. L’accueil des enfants dans les écoles a un budget de 6,4 millions d’€. 4,2 millions d’€ sont alloués aux équipements sportifs dont 1,6 million d’€ pour la seule rénovation du gymnase Foch. 800 000 € vont aux écoles maternelles privées en adéquation avec la Loi Blanquer de l’éducation pour tous. 

Christine Margogne (Brest Nouvelle Alternative, et membre de la liste « En Marche Brest » de Marc Coatanéa) souligne dans ce budget primitif « des promesses électorales budgétisées comme la rénovation des EHPAD ». 

La candidate de la droite et du centre brestois, Bernadette Malgorn, y voit dans ce budget « une vitrine que l’on montre et qui permet de sortir de la dette ». Celle-ci alerte sur le niveau d’endettement de la métropole plus préoccupant selon elle que pour la ville mais les deux entités sont étroitement imbriquées. « À la métropole, on frôle les 8 années d’endettement, donc proche de l’alerte », s’inquiète l’ancienne haute servante de l’État. « Les politiques ne sont pas bien débattues là où elles le sont », ajoute la diplômée de Sciences Po Paris et de l’ENA dans son réquisitoire sur la gestion des finances locales par la majorité de gauche. 

Bruno Sifantus, ancien Amiral et membre du groupe RPB, soulève à son tour la question de l’avenir du dernier budget de la mandature. « Le projet qui nous est soumis n’est de fait qu’une hypothèse parmi d’autres, nombreuses dans cette période, mais dont le destin reste très dépendant des prochaines élections », remarque l’élu de la droite brestoise. 

Bruno Sifantus comme sa responsable de groupe avant lui, Bernadette Malgorn, insiste sur la métropole. « Chaque contribuable de Brest est également contribuable de Brest Métropole. A ce double titre, ce contribuable se trouve responsable des engagements et donc des risques encourus par ces deux collectivités », avertit « le Père la Rigueur » de la droite brestoise. 

L’ancien Pacha se préoccupe aussi du logement social à Brest dont BMH est le principal gestionnaire. « D’autant plus que ces organismes étant faiblement capitalisés, ce sont nos collectivités qui en garantissent de fait les engagements, comme actionnaires, comme cautions ou comme … », alarme l’élu de RPB, n’osant nommer la fonction que pourrait avoir la collectivité brestoise en cas de défaillance de BMH et de la SEMPI. 

Monsieur Sifantus s’interroge aussi sur la santé financière de BMH et de SEMPI (le gestionnaire des EHPAD et logements étudiants) car le directeur de BMH a annoncé récemment « que la situation financière de son organisme était effectivement délicate, l’obligeant à augmenter loyers et charges de ses locataires pour compenser la baisse des APL, mais aussi que « BMH allait accueillir la SEMPI ». 

Monsieur Sifantus en « bon Père la Rigueur » demande : « Que signifie une telle annonce à la veille même des élections municipales ? Faut-il en déduire que la situation de la SEMPI est encore plus grave que ce nous pension nous mêmes ? Bien que sibylline, cette annonce laisse présager de fait un changement de statut de la société, et une mise à l’abri dans BMH, risquant ainsi de fragiliser encore plus ce “ colosse aux pieds d’argile “ qu’est BMH », se désole monsieur Sifantus. « Là encore, on peut regretter le manque de transparence de votre politique sur des sujets pourtant essentiels pour la ville de Brest et la qualité de vie de ses habitants, surtout quand on connaît le poids de BMH dans les quartiers sensibles », se lamente encore l'ancien Pacha. 

Michel Gourtay, adjoint à la vie économique, et ancien président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Brest, de son état, lui répond : « Monsieur Sifantus n’a pas complètement l’information ». « Nous privilégions une formule locale à une fusion », tente encore de le rassurer Monsieur Gourtay, très bon connaisseur de la situation économique du pays de Brest.  

Au total, ce conseil aura surtout été un conseil de vérité, dans le sens où les masques tombent et les ambitions et les stratégies des uns et des autres se révèlent. La politique est souvent un jeu de dupes, peut-être que ce conseil municipal se réfère à cette qualification, mais au moins les masques sont tombés.


Marc GIDROL

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