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Un débat d’orientation budgétaire en conseil municipal à Brest

Le début d’année voit traditionnellement le conseil municipal s’emparer de la douloureuse question budgétaire avec le Débat d’Orientation Budgétaire (DOB). L’assemblée municipale qui s’est réunie jeudi 19 janvier n’a pas échappée à la règle. Avec d’intenses joutes verbales en prime.

Comme d’habitude C’est Bernadette Malgorn, alias “Bernie la matraque“, figure de proue de l’opposition municipale (Rassemblement Pour Brest, RPB) qui a ouvert les hostilités sur le ring du combat politique de la ville. Elle se félicite en préambule de son intervention de la « formidable mobilisation lors de la primaire de la droite et du centre avec la forte audience aux débats télévisés et la forte participation au vote avec 7 878 brestoises et brestois qui se sont déplacés sur 77 969 inscrits, soit plus de 10 % des inscrits ». 

Mme Malgorn se félicite aussi « de la prise de conscience » du maire « des menaces qui pèsent sur la situation financière de nos collectivités, de la ville et de notre métropole ». « Dans votre rapport, page 40, nous voyons, dans le scénario 1, la dette franchir le seuil d’alite en 2020. Nous discuterons, à l’occasion du rapport, les hypothèses sous-jacentes, qui sont peut-être encore optimistes », poursuit l’élue. « C’est sans doute cette situation qui vous a fait dire dans une interview que, “ si on ne fait rien en 2020 on est dans le mur “

Monsieur Cuillandre, réagit au quart de tour pour rappeler à l’ordre Mme Malgorn : « Là vous ne respectez pas les règles, vous ne respectez pas la police de l’assemblée municipale ». Mme Malgorn, visiblement très en colère, répond : « La police de la parole et la police de la pensée ça n’existe pas en République ». Puis elle ajoute : « Mon propos d’est pas sur le DOB ». Puis elle poursuit son exposé.

Mme Malgorn se réjouit aussi que le “catalogue de pistes d’évolution “ de recherche d’économies « est commun à la ville et à la métropole ». Mais elle déplore que l’équipe municipale ait fait « sans le moindre débat démocratique des coupes brutales, sur les ATSEM (les agents des écoles maternelles de la ville), sur les budgets des écoles et des associations d’éducation populaire ». 
Le maire l’interrompt encore : « Donc, vous commentez le rapport, vous prenez vraiment les gens pour des imbéciles ». Mme Malgorn réplique : « Le débat intérieur n’exclut pas de parler ». Reprenant son discours elle déclare qu’en opposition son groupe a « défendu notre projet municipal des priorités pour la petite enfance, l’éducation … et la sécurité ». « Vous n’avez pas été élu à la mairie en 2014 », lui rétorque narquois, M. Jean-Luc Polard, Adjoint au maire de Brest, en charge de la cohésion sociale et de la participation des habitants.

Puis la porte-parole du groupe RPB poursuit son réquisitoire contre l’équipe municipale et le maire en déduisant que les priorités de M. Cuillandre sont « contraints par des choix dont vous n’avez pas voulu mesurer les conséquences, malgré nos avertissements ». « Ne parlons pas des mouvements chez Kéolis, à la suite des modifications dans le régime indemnitaire lié à la mise en service du téléphérique ». Le maire l’interrompt à nouveau : « Vous savez que Kéolis, c’est la métropole et pas la ville, c’est ce qui s’appelle parler par prétérition » (c’est-à-dire affirmer une chose tout en feignant le contraire). 

Mme Malgorn reconnait bien volontiers que « Kéolis c’est une entreprise privée ». Elle accorde au maire que pour « le téléphérique et sa gestion, vous n’y êtes pour rien. Dont acte ». En revanche elle accuse bien volontiers dans l’autre sens que pour la mise en service chaotique de la médiathèque des Capucins « vous y êtes peut-être pour quelque chose ? » Comment voulez-vous faire fonctionner un immense espace de 4000 m2 supplémentaires avec le seul personnel des deux bibliothèques supprimées en centre-ville (la bibliothèque d’Etude qui était rue Traverse et la bibliothèque Neptune qui était dans la rue éponyme). 

Elle finit par conclure sa longue intervention par une injonction : « Le débat démocratique exige que vous affichiez la couleur ». 

La sécurité des écoles

Mme Christine Margogne (Brest Alternative, UDI) évoque en début de séance la mort tragique d’un petit garçon devant son école, l’école Paul-Éluard à Saint-Pierre le 16 décembre dernier : « Il y a un mois un enfant perdait la vie en traversant la rue devant son école. C’est dans un esprit constructif et non partisan que nous devons réfléchir à la question de la sécurité dans et aux abords des établissements scolaires ». 

Marc Sawicki riposte alors agressivement que « cette intervention (le) choque énormément car nous (l’équipe municipale, NDLR) avons décidé de maintenir un agent devant l’école de la rue Jean-Macé ». « Toujours nous réagissons à de tels drames, le n°1, c’est la sécurisation des enfants au sein des établissements et en dehors de ceux-ci. Aujourd’hui il y a une nette baisse de l’accidentologie », rappelle l’adjoint au maire. 

Mme Véronique Bourbigot (RPB, candidate aux législatives de juin 2017 pour Les Républicains dans la 2ème circonscription du Finistère) informe que le groupe RPB a reçu le Collectif nouvellement crée  à la suite du décès du jeune Lolèsio le 6 janvier dernier. « À l’issue de cette rencontre, et en accord avec lui (le Collectif, NDLR), nous vous avons adressé un courrier mesuré pour vous demander ce que nous ne cessons de faire depuis 2014, un audit complet des dispositifs de sécurisation des établissements scolaires brestois, publics et privés, de la maternelle au secondaire ». 

Elle approuve la rencontre entre le collectif et la famille et les parents d’élèves avec l’adjoint de quartier et le maire. Elle désapprouve en revanche la réponse du maire au courrier de RPB. « Vous venez de répondre par une missive toute en nuance et là où nous nous étions placés sur le terrain du principe de précaution, vous avez choisi l’outrance en parlant de “dégoût » et de perversité“ », déplore l’élue RPB. Elle réclame l’instauration d’une “commission de sécurité des écoles“.

François Cuillandre lui répond que « nous répondons toujours aux courriers ». Puis il déclare : « Moi je sais ce que c’est que de perdre un enfant ». Silence de plomb dans la salle du conseil municipal tout-d’un-coup.

Le Débat d’Orientation Budgétaire

Le Débat d’orientation budgétaire (DOB) a pu se tenir après cette âpre joute. Comme d’habitude, pour tout ce qui concerne les finances de la ville, c’est Bernadette Abiven, chargée des Finances à la ville, qui s’y colle. Elle présente la situation financière de la ville. Elle rappelle que « plus de 700 000 visiteurs se sont rendus aux fêtes maritimes de Brest 2016 », que « le foyer Kérlèvenez a ouvert », et que « les travaux de la médiathèque François Mitterrand des Capucins se sont achevés ». 

« La santé financière de la ville reste très solide mais la conjoncture socio-économique nous oblige à de la vigilance », résume-t-elle. Elle stipule que « depuis 2011 la ville s’est désendettée à hauteur de 32 millions d’€ ». Elle cite au passage François Cuillandre lors de ses voeux au personnel de la ville : « Il nous faut agir pour maintenir la qualité du service public, patrimoine de ceux qui n’en ont pas ». 

Mme Abiven informe encore que leur objectif pour cette année c’est d’ « atteindre 25 % de capacités d’auto-financement ». Les dotations de solidité urbaine ont augmenté de 700 000 €. Elle annonce enfin que « pour la 8ème année consécutive les impôts des ménages n’augmentent pas ». « C’était notre engagement », ajoute-t-elle. 

Quelques chiffres :

L’investissement de la ville se monte à 17 millions d’euros en 2017 et sera du même montant chaque année jusqu’en 2020.

Pour les écoles, la municipalité met 4,3 millions d’€ sur la table dont près de 1,8 millions pour la maintenance des écoles et rien que 1,5 million d’€ pour le groupe scolaire Kérisbian.

La mairie dépense aussi 3 millions d’€ pour les équipements sportifs, dont 1,3 million d’€ pour le complexe sportif du Petit Kerzu.

La petite enfance n’est pas oubliée non plus avec pas moins d’1 million d’€ accordés aux établissements d’accueil. 

Mme Abiven reconnaît que l’emprunt nécessaire au budget de la ville est de 10 millions d’€. Ce qui lui fait annoncer que l’endettement prévisionnel prévu est à hauteur de 4,5 million d’€. 
Pour répondre à la droite brestoise, elle conclut : « Nous ne cédons pas au pessimisme ambiant, mais il nous faut penser au service public de demain ».

M. Bruno Sifantus (RPB) à la suite de sa chef de groupe, l’autre Bernadette, Bernadette Malgorn, se félicite à son tour que « votre analyse (celle de François Cuillandre, NDLR) rallie petit à petit le constat que nous posons depuis déjà quatre ans et qui vous fait craindre maintenant “ d’aller dans le mur “ ». Il souligne dans le rapport du DOB « une certaine tendance à mettre en avant les éléments les moins inquiétants, par exemple, les objectifs de croissance de + 1,5 % dans le texte mais corrigés à + 1,2 % dans un alinéa de bas de page, ou des paramètres “conjoncturels“ déjà contredits, comme l’évolution des taux d’intérêts, ou le prix du pétrole, qui sont bien repartis à la hausse comme chacun peut le constater ». Il corrige encore des chiffres du rapport : « La prévision d’une inflation de + 0,4 % en 2017 semble raisonnable mais la courbe que vous présentez est elle-même à un niveau plus proche de + 0,8 % au moment où l’union européenne affiche elle une inflation supérieure à 1 % … » 

M. Sifantus dénonce encore l’augmentions « en douce de + 3;5 % de la fiscalité locale des ménages alors que vous affichiez une stabilité rassurante des taux ». 

À l’optimisme affiché de Mme Abiven, Bruno Sifantus oppose un constat lucide que si « l’emploi semble se redresser un peu, c’est d’abord dans le secteur public », secteur qui est d’abord financé par l’argent public. « S’il y a une timide croissance de l’emploi marchand, elle touche peu la ville dont le commerce montre toujours un triste visage, comme le soulignait le président des “vitrines de Brest“ pendant les fêtes ». M. Sifantus dénonce encore une «  dégradation de vos capacités d’épargne de plus de 5 millions d’€ depuis 2012, ce qui ne laisse que moins de 9 millions d’€ en capacité d’autofinancement, moins de la moitié de ce qu’elle était alors …». Il s’interroge aussi : « La diminution des recettes de fonctionnement du “scénario central“ est-elle par exemple compatible de la vision expansionniste de votre politique d’habitat alors que la population reste difficilement stable ? On peut en douter ». 


Pour un « petit » conseil municipal de début d’années il ne manquait pas de sel pour autant et il n’a pas été placide pour autant. Le Débat d’Orientation Budgétaire (DOB) qui figure au programme de chaque conseil municipal en début d’année a été l’occasion d’âpres débats. 


Marc Gidrol

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