Il
manquait du monde au conseil de la métropole brestoise du vendredi
27 mars, sans doute en rapport avec le 2ème tour des élections
départementales dimanche 29 mars ! Le président de la
métropole et maire de Brest, M. François Cuillandre, a d'ailleurs
tenu dès l'ouverture du conseil de métropole à remercier ceux qui
sont candidats aux élections départementales d'être présent à ce
conseil. Car visiblement, les rangs étaient clairsemés, à droite
comme à gauche, certains ayant visiblement préféré privilégier
leur campagne en ce dernier jour autorisé pour diffuser sa
propagande.
En
début de séance, M. Rémi Hervé (RPB), a tenu à intervenir au
sujet du projet de la construction d'un complexe immobilier en lieu
et place du restaurant de spécialités américaines, le Tex Mex
Fender Pizza au quai Malbert au port de commerce. Ce complexe
comporterait un hôtel cinq étoiles, dont la ville manque
cruellement, mais aussi des bureaux, des logements et un restaurant
panoramique au dernier étage avec vue imprenable sur la rade,
avec 100 chambres dont certaines avec suite, piscine, spa, salle de
fitness, etc. En tout, une centaine d'emplois seraient ainsi générés
par ce projet. Ce projet d'hôtel cinq étoiles émane d'un promoteur
de la région brestoise. Le démarrage des travaux est prévu pour
début 2016 pour une mise en exploitation en 20171.
Selon
M. Hervé, ce projet est une « aberration », car
la zone sélectionnée est inondable. Il utilise la célèbre formule
au début de chaque album des bandes dessinées d'Astérix et Obélix
: « Toute la Gaule est envahie par les Romains, toute …
sauf un village gaulois qui résiste encore et toujours à
l'envahisseur ». « Tout le port est frappé de
risque d'inondation sauf un îlot : cet îlot ».
« Ce projet sera difficilement réalisable en rapport avec
le Plan Local d'Urbanisme, le PLU facteur 4, sans compter les
problèmes de stationnement au port de commerce que cela va
engendrer ». Thierry Fayret, vice-président de Brest
métropole, chargé de l'urbanisme, de l'habitat et du plan
climat a tenu à rassurer le jeune élu de la droite brestoise :
« La zone en question, ce n'est pas un village gaulois, mais
une zone délimitée par le Préfet lui-même. Il s'agit d'un projet
privé qui a de l’intérêt sur Brest avec un hôtel
cinq étoiles plus des activités économiques
et des habitations, mais les questions ne sont pas encore
tranchées », explique M. Fayret.
La
première délibération a été présentée par le Président de la
Métropole et maire de Brest en personne, M. François Cuillandre :
l'approbation par le conseil métropolitain du programme de travail
et de la participation financière de la ville au pôle métropolitain
Loire-Bretagne, au titre de l'année 2015 et pour un montant total de
9 846,28 €. Il s'agit d'un syndicat mixte comportant trois
métropoles ((Brest, Nantes et Rennes) et deux communautés de
communes (Angers et Saint-Nazaire), crée en 2005 et voté par le
Parlement l'an dernier.
M.
Cuillandre détaille les points clés de ce pôle :
l'Enseignement supérieur et la Recherche, l'accessibilité
géographique, le développement économique. En 2014, le pôle
métropolitain Loire-Bretagne a agit sur la LNOBPL, la ligne à
grande vitesse entre Brest et Paris. Mais on attend toujours la ligne
reliant Paris à Brest en moins de 3 heures. Sur l'enseignement
supérieur et la Recherche, M. Cuillandre cite le projet COMUE,
association entre les universités de l'Ouest, pour lequel « le
pôle a joué un rôle de médiation ». « C'est
une structure souple avec un seul agent mais qui fait coopérer les
élus », se
félicite le premier édile de la métropole. « Ce n'est pas
de l'argent gaspillé », plaide encore celui-ci.
Roselyne
Filipe émet des craintes quant au risque d'isolement de l'ouest
breton. « Nous souhaitons insister sur les risques
qu'impliquerait la construction de l’aéroport de
Notre-Dame-des-Landes, avec un axe Rennes-Nantes qui serait favorisé
au détriment de l'Ouest de la région », s’inquiète
l'élue. « Nous militons plutôt pour une amélioration de
la qualité de la ligne ferroviaire et du service entre Brest et
Quimper ».
Marc
Berthelot, élu RPB et avocat de profession tient à préciser que si
son groupe « est favorable à la coopération entre la
Bretagne et les Pays de la Loire, cela ne doit pas se faire au
détriment de la pointe bretonne ». « Nombre
d'étudiants, de chercheurs et de créateurs d'entreprises
développent leur activité à l'Ouest, il ne faut pas que nous
devenions de simples succursales de Nantes ou de Rennes, donc nous
voterons contre cette délibération », a prévenu
l'élu de la droite brestoise.
Le
conseil de la métropole brestoise a aussi entériné la
participation de l'agglomération au contrat de partenariat Région –
Pays de Brest pour la période 2014-2016, dans le cadre de la
politique de contractualisation entre la Région et les 21 pays
bretons. À ce titre, une enveloppe de 12 844,86 € est prévu pour
produire des résultats en matière de développement économique, de
renouvellement et de renforcement de l'attractivité du pays
brestois, d’aménagement durable.
Le
jeune élu de la droite brestoise, M. Rémi Hervé, prend encore la
parole pour annoncer que son groupe (RPB) s'abstient sur cette
délibération, car « nous ne sommes pas d'accords avec
l'ordre des priorités donné dans ce plan, pour nous, le
développement des filières d'avenir et entrepreneuriales
aurait dû être la première priorité ». « La
seule chose qui doit être retenue c'est le nombre d'emplois crées »,
stipule le benjamin du groupe RPB. Michel Gourtay, du groupe de la
majorité socialiste, 4ème vice-président de la métropole en
charge de l'économie et dans une vie précédente président de la
Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) de Brest mais visiblement
davantage connu des Brestois dans sa nouvelle fonction que dans
l'ancienne, rassure M. Hervé : « L'emploi, c'est une
priorité pour tous ».
Les
élus du groupe « Pays de Brest solidaires » s'inquiètent
de « l'autonomie fiscale (qui)
est tombée à moins de 10 % », ainsi
que de « la cohésion sociale qui en découle et qui
est mise à mal par un capitalisme financier ». « Pour
nous, l'Économie sociale et solidaire (ESS) est à privilégier et
est une source de développement économique », conclut
l'élu du groupe « Pays de Brest solidaires ».
La
construction et la mise en fonctionnement du futur téléphérique,
qui rappelons-le, doit être opérationnel d'ici le premier semestre
2016 et qui reliera le bas de la rue de Siam à la future médiathèque
au plateau des Capucins, pose d'emblée un certain nombre et un
nombre certain de problèmes, compte tenu qu'il survolera un site
sensible, la base navale, appartenant au ministère de la Défense.
Les cas récents de survol de tels sites par des drones comme la base
sous-marine militaire de l'Île Longue en janvier dernier, démontrent
bien la nécessité absolue de protéger ces sites contre les risques
d'espionnage ou pire, d'attentats.
C'est
pourquoi, la métropole a approuvé lors de ce conseil de métropole
un projet de convention avec l'État, visant à définir les
modalités d'études, de travaux, d'entretien et d'exploitation du
futur téléphérique dans l'enceinte de la base navale de Brest.
Ceci bien sûr pour le respect des questions de sûreté et de la
Défense. Mme Collovati, une des élus du groupe sécessionniste de
la droite brestoise, Brest Alternative (BA), avec M. Pascal
Kerbérénes et Mme
Christine Margogne, intervient : « Le groupe Brest
Alternative votera contre cette délibération ».
La
noble assemblée métropolitaine a aussi approuvé l'augmentation des
tarifs de stationnement, qui doit prendre effet à partir du 1er
mai prochain. Le ticket de stationnement valable une journée passera
ainsi de 65,20 € à 66 €. Là aussi, les élus RPB fustigent une
augmentation qui est largement supérieure à l'inflation. Sans
surprises, RPB a donc voté contre cette augmentation.
Les
conseillers communautaires ont approuvé le projet de contrat de
ville de Brest métropole, déjà validé dans le cadre du groupe de
pilotage institutionnel chargé de son élaboration lors de sa séance
du 11 février dernier. Ce contrat de ville, est un nouvel outil
(même si le nom rappelle un dispositif de la politique de la ville
dans les années 1990) encore élaboré pour remédier aux maux
urbains connus depuis 40 ans : ségrégation sociale, économique
et géographique dans les zones d'habitat populaires et dits
« sensibles », problèmes de délinquances et
d'insécurité qui en découlent, etc. Je n'emploierais pas le terme
d' « apartheid » employé par notre Premier
ministre, M. Manuel Valls, car celui-ci est trop connoté
historiquement et géographiquement, en l’espèce, en Afrique du
Sud entre 1948 et 1990, année de la libération de Nelson Mandela.
Le
nouveau contrat de ville pour Brest métropole insiste sur les enjeux
actuels pour les populations défavorisées : le numérique pour
tous, notamment. L'avocat et élu RPB, M. Marc Berthelot, s'exprimant
au nom de son groupe insiste sur les thèmes chers à la droite :
« Nous déplorons de ne rien trouver sur la sécurité, sur
le développement économique et le radicalisme dans ce contrat ».
« Nous voterons contre cette délibération »,
prévient encore ce dernier. Isabelle Melscoet, chargée de l'emploi,
de l'insertion et de la politique de la ville au sein de la métropole
et qui présentait cette délibération lui répond : « Si
l'aspect sécuritaire vous préoccupe, des outils sur cette question
sont présents dans ce contrat de ville, notamment à travers le
CLSPD (Conseil local de sécurité et de prévention
de la délinquance), qui a un caractère intercommunal. « Le
droit à la tranquillité urbaine et au bien-être, ce sont des
notions fortement présentes dans ce contrat de ville »,
renchérit l'élue.
M.
Yves Du Buit informe qu'il s'agit d' « un
contrat-cadre, qui était tenu de respecter un certain calendrier
avant le mois de mars ». « Ce contrat de ville
comporte des engagements communs à d'autres villes et d'autres qui
sont spécifiques aux problèmes locaux ». L'élu
communautaire y voit « une carte de la géographie sociale
sur le territoire métropolitain ». Cette carte répond à
la question « comment on a intégré sur une carte ce que
l'État a donné comme critères et ce que les maires ont donné
comme repères ? », explique encore M.
Du Buit. Mme Margogne (BA) regrette pour sa part que « le
quartier de Kérinou ne soit pas inclus dans ce contrat, car il
rencontre des difficultés par rapport à la question de l'habitat ».
Isabelle Melscoet botte en touche : « Pour la première
fois, la carte de la politique de la ville ne s'appuie plus seulement
sur les quartier prioritaires. Par exemple sur le haut-Jaurès, qui
connaît aussi des problèmes, un projet de cohésion et de
développement urbain est mis sur la table ».
Les
conseillers de Brest métropole ont approuvé le tarif de
participation à la rencontre annuelle, « Questions
d'habitat » organisé tout les ans depuis 2009 par
l'agglomération, qui aura lieu le 10 avril prochain et qui est fixé
à 25 € par participant. Ce salon réunit chaque année entre 250
et 300 professionnels de l'habitat.
Une filière dédiée aux copropriétés au sein de la plateforme
locale de rénovation énergétique Tinergie va être créée. Il
s'agit de 600 projets de rénovation de maisons particulières sur 3
ans et de 500 logements / an qui seront rénovés. La priorité
portera notamment sur le bâti le plus ancien, celui construit entre
1945 et 1975. Le projet porte notamment sur la remise aux normes
techniques des logements et contre la précarité énergétique. Si
on parle de gros sous, ce projet coûte quant même la bagatelle de
200 000 €. L'Ademe (l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise
de l'Énergie) est de la partie.
Conformément
à la loi du 12 juillet 2010 issue du Grenelle de l'Environnement,
portant aussi sur la réduction de la pollution visuelle par les
panneaux publicitaires dans les rues, il a été décidé lors de ce
conseil de métropole, sans vraiment de consistance !, de
réviser les deux anciens règlements de publicité sur
l'agglomération : l'un qui était communal et plus spécifique
à la commune de Plougastel-Daoulas et l'autre qui prévalait dans
les sept autres communes. Dorénavant, ils seront remplacés par un
seul et même règlement local de publicité intercommunal, en
adéquation avec les enjeux de développement durable fixés par la
loi et avec ceux du projet d'aménagement et de développement
durable du PLU facteur 4.
Christian
Guyonvarc'h, qui présentait cette délibération souligne
« l'opportunité à réduire les nuisances lumineuses pour
améliorer l'attractivité du territoire pour la qualité visuelle
des paysages ». « Ces paysages ont des atouts
exceptionnels, cite l'élu régionaliste, la rade, les rives
de la Penfeld, de l'Élorn, etc. ». « D'autant que
la géolocalisation par les moyens numériques se développe et
change la donne en matière publicitaire », précise
encore celui-ci. Rappelons que l'e-commerce pèse déjà pour près
de 7 % du chiffre d'affaires en France et selon les spécialistes
cette part serait appelée à doubler d'ici 10 ans.
Bref,
c'était un conseil métropolitain ennuyeux de période électorale,
même si les élections concernent les départements et non les
Métropoles et même si les questions débattues lors de ce conseil
n'en étaient pas moins cruciales pour l'avenir de l'agglomération !
Marc
Gidrol
1
Le Télégramme -
http://www.letelegramme.fr/economie/brest-un-projet-d-hotel-cinq-etoiles-sur-le-port-26-03-2015-10571494.php#
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