Pierre Toullec, le président du
Comité français de soutien à Mitt Romney, à Brest le 6 octobre. (Photo : Marc Gidrol)
|
Le candidat républicain aux
élections américaines a un fan-club en France, le très officiel Comité français
de soutien à Mitt Romney. Je suis allé à la rencontre de son président, un
étudiant de l’Ecole Supérieure de Commerce (ESC) de Brest, Pierre Toullec, âgé
de 26 ans. Vêtu impeccablement et l’air d’un jeune premier avec ses joues bien
charnues, il a répondu à toutes mes questions sans détours. Son comité compte
pour l’instant 25 membres dont beaucoup sont encartés à l’UMP ou au MPF. Rencontre :
1° Question) Pourquoi cet engagement auprès du candidat Mitt
Romney ?
P. Toullec : « Mitt Romney est un personnage que j’admire beaucoup.
Je l’ai repéré dès 2007 lors des primaires républicaines pour l’élection
présidentielle de 2008. J’aurai aimé qu’il soit candidat à ce moment là déjà.
Lors des dernières primaires, j’étais impatient de sa victoire. Les Etats-Unis
d’Amérique représentent à eux tout seul 20 % de l’économie mondiale. Quand
l’économie américaine est en stagnation, c’est le reste du monde qui l’est
aussi, voire pire en récession. Nous avons besoin d’une victoire de Mitt Romney
pour l’économie française et bretonne parce que toutes les entreprises européennes
réagissent par rapport aux USA, première puissance économique mondiale. Les
entreprises françaises sont dépendantes de l’économie américaine. Ne laissons
pas la Chine
jouer le rôle de leadership en
matière économique. En 2012, son taux de croissance n’est que de 4 %, ce qui
n’est plus un taux de croissance suffisant pour un pays en développement. La Chine n’a plus autant besoin
de vendre aux Américains car ceux-ci n’achètent plus autant à la Chine. Nos entreprises
sont complètement dépendantes de ces deux pays parce que nous faisons du
commerce avec eux. Au vu de ces résultats Barack Obama n’est pas du tout en
mesure de redresser l’économie américaine. Il a pris des mauvaises décisions,
par exemple par la relance économique extrêmement forte, ce qui a eu comme
effet d’augmenter encore la dette colossale Outre-Atlantique (6 000
milliards de dollars de dette en 3 ans ½ de mandat), qui était déjà trop élevée
sous Georges W. Bush (4 000 milliards de $ de dette en 8 ans). Les
entreprises là-bas fonctionnent dorénavant comme si aucunes nouvelles
possibilités de développement dans le monde n’étaient possibles. Elles restent
en situation d’attente, parce que c’est trop risqué selon elles. Même avec la
crise, n’importe quelle institution, n’importe quel État, ou même n’importe
quel ménage doit être en mesure de gérer sainement son budget. Barack Obama
croit qu’en dépensant, l’État peut redonner confiance aux gens. Or, c’est faux.
De plus, il y avait déjà une crise de confiance vis-à-vis de Washington avant
2008, car les Américains ne veulent pas du centralisme étatique. Si l’État
fédéral est trop fort et lève trop d’impôts, les gens ne pourront plus les
payer ».
2° Question) Qu’est-ce qui vous a
poussé à créer ce comité de soutien à Mitt Romney en France ?
P. Toullec : « Le Comité est né en août dernier dans la
lignée de mon blog, que j’ai crée en 2006. Au départ nous étions deux
personnes. Puis lors de l’élection de Barack Obama le 4 novembre 2008, nous étions
21 personnes. À l’époque, nous avions peu d’impacts en France. J’ai beaucoup
appris des réseaux sociaux comme Facebook
ou Twitter qui avant 2008 n’existaient
pas dans notre pays. Pour cette nouvelle élection, nous avons ressenti la
nécessité d’informer les Français et les Bretons du programme de Mitt Romney,
de sa philosophie. Une élection de Mitt Romney aurait plusieurs incidences sur
l’Europe, la France
et la Bretagne. Tout
d’abord économiques, comme je l’ai précisé dans ma réponse à la première
question. Ensuite énergétiques, car Mitt Romney s’est engagé à promouvoir
toutes les énergies. L’objectif final étant notamment que l’Amérique du Nord
soit auto-suffisante en pétrole. Si ses apports sont excédentaires,
mécaniquement les prix à la pompe baisseront et les autres pays producteurs ainsi
que les compagnies pétrolières seront obligés de revoir à la baisse leurs
tarifs, car la concurrence sera plus rude. Autre conséquence qu’aurait
l’élection du candidat républicain, la crédibilité de l’Amérique sur le plan international.
Actuellement les USA sont la risée du monde par rapport à la guerre civile en
Syrie et les tensions entre cette dernière et la Turquie. Si ce ne sont
pas les États-Unis d’Amérique qui régulent le monde qui le fera alors? Je
préfère une démocratie leader plutôt
qu’un État qui ne respecte pas les principes de la démocratie (ndlr, la Chine ) ».
Vous seriez pour une intervention
militaire des Etats-Unis en Syrie ?
P. Toullec : « Je n’ai pas les rapports sur la Syrie , le Président des USA
et Mitt Romney en savent sûrement davantage que moi sur ce dossier. Ce que je
sais par contre c’est que le Président Obama n’a pas réagi par rapport à cela.
Le fait qu’il ne se passe rien, c’est le danger. Cela ne veut pas dire qu’il
faut que les États-Unis d’Amérique interviennent militairement et réagissent
tout seul mais le Président Obama n’a même pas rencontré ses homologues pour
discuter de ce qu’il fallait faire. Le nombre de morts en Syrie s’élève quand
même à 35 000. Enfin, une victoire républicaine aurait une conséquence
politique en France, par rapport à la marée d’Obamania : l’obligation pour
les médias et les politiques français de comprendre ce qui se passe aux USA, de
se remettre en question, parce que leur héros (ndlr, Barack Obama) aurait perdu. Les Français verraient les
erreurs d’Obama ».
3° Question) Où situeriez vous
Mitt Romney sur l’échiquier politique français ?
P. Toullec : « C’est extrêmement difficile de répondre. Au
point de vue économique, il est plutôt proche du centre droit français, en un
mot des Libéraux. Sur le plan des valeurs morales, il serait à ranger du côté
du MPF (Mouvement Pour la
France , mouvement politique de Philippe de Villiers) et sur le plan international, il s’apparenterait
à un personnage comme Bernard Kouchner ».
4° Question) Vous concédez avoir
voté Sarkozy « à regret » sur votre blog, pourtant vous vous situez à
droite politiquement, comment expliquez vous cela ?
P. Toullec : « Pour moi, la droite française est
idéologiquement de gauche. C’est la seule droite au monde à être
philosophiquement de gauche, si on la compare aux droites des autres pays. Par
exemple, par rapport à la droite ghanéenne, le New Patriotic Party, celui-ci
est plus proche de la droite américaine. Pour preuve, son emblème, l’éléphant,
tout comme le parti républicain. Le candidat du NPP aux dernières
présidentielles dans ce pays s’est d’ailleurs affiché aux côtés de Mitt Romney
sur ses affiches. La droite française est la seule au monde à prôner plus
d’État. Sarkozy a crée énormément d’impôts, plus que sous la présidence de
Jacques Chirac même. En tout une douzaine d’impôts nouveaux. Sarkozy n’est pas
de droite pour moi. Il est philosophiquement de gauche mais il est classé à
droite par la gauche française. La seule différence entre François Hollande et
Nicolas Sarkozy était l’expérience ».
5° Question) Quelles sont les
modalités d’action de votre comité de soutien ?
P. Toullec : « Surtout une action de marketing la plus
large possible sur internet, pour informer les gens. Ainsi qu’une action de
prospection auprès des médias afin qu’ils sachent que nous existons. Nous
sommes ceux qui proposent l’analyse la plus précise de ce que Mitt Romney veut
appliquer au pouvoir.
6° Question) Avez-vous eu des
contacts personnellement avec Mitt Romney, son colistier Paul Ryan ou avec son
équipe de campagne ?
P. Toullec : « L’équipe de campagne de Mitt Romney est au
courant de notre existence en France mais nous restons entièrement autonomes
par rapport à la campagne républicaine aux États-Unis. D’une part parce que les
publics sont différents, d’autre part parce que les objectifs le sont
également. Nous n’avons pas besoin d’être coordonnés ».
7° Question) Diriez-vous que la
moitié des Américains est assisté comme l’a déclaré votre challenger ?
P. Toullec : « Ce n’est pas ce que Mitt Romney a affirmé.
Cette phrase est à replacer dans son contexte. Il l’a prononcé en réponse à une
question de donateurs qui souhaitaient
connaître sa stratégie en matière d’impôts. Il a reconnu lui-même qu’il
s’était mal exprimé. Il faut savoir que 47 % des Américains ne payent pas
d’impôts et reçoivent des aides de l’État, donc ils ne sont pas concernés par
cette question. Au final, la progression d’une société doit se mesurer au
nombre de gens qui n’ont plus besoin d’une allocation parce qu’ils ont un
travail et non au nombre de ceux qui ont une allocation.
8° question) Mitt Romney se
demande pourquoi les hublots des avions ne s’ouvrent pas, que cela vous
inspire-t-il ?
P. Toullec : « C’était une blague en fait. Les médias européens
l’ont reprise en la sortant de son contexte, là encore. Les médias américains
n’en ont pas parlé. Quand on écoute le passage en anglais, c’est évident que
c’est une blague ».
9° Question) Qu’avez-vous pensé
du premier débat télévisé du 3 octobre à Denver (Colorado) ?
P. Toullec : « La prestation de Barack Obama à ce débat
est incroyable. Je ne comprends pas comment un Président en fonction depuis 4
ans puisse méconnaître à ce point ses dossiers. Il ne connaissait même pas le
programme de son adversaire ».
10° Question) Que pensez-vous de
la baisse du chômage aux USA ?
P. Toullec : « C’est en fait un jeu de statistiques, parce
qu’en moyenne la population active américaine augmente entre 130 000 et
180 000 personnes par mois et il y a eu au mois de septembre 114 000
créations d’emplois. C’est donc mathématiquement impossible. La raison de cette
diminution du taux de chômage, c’est que tous les mois davantage de gens abandonnent
leur recherche d’emplois ou renoncent à en chercher que de personnes en
recherche de travail officiellement, donc à partir de ce moment là ils sont
considérés comme non actifs. C’est la même chose qui se passe en France ».
11°) Barack Obama ne trouve-t-il
donc aucune grâce à vos yeux ?
P. Toullec : « Si. Je ne suis pas dans l’optique de
détruire cette personne. C’est une personne qui s’occupe bien de sa famille et
qui a foncièrement un bon fond. Il a voulu sincèrement aider les Etats-Unis et
ses habitants. Le problème, c’est qu’il n’a jamais travaillé en entreprise. À
partir de là, il a pris de mauvaises décisions depuis le début de son mandat,
par méconnaissance de l’économie ».
12°) Quels sont les liens entre
votre appartenance au Parti breton et le Parti républicain américain ?
P. Toullec : « Ces deux mouvements n’ont aucun lien, même
pas de lien direct. Je suis un simple adhérent du Parti breton et cela ne l’implique
en rien dans la politique américaine. En revanche, sur les idées d’autonomie,
M. Romney souhaite arrêter la politique dite jacobine en France et revenir à la
philosophie de Jefferson (ndrl, le philosophe et le troisième Président des
USA de 1801 à 1809, Thomas Jefferson, qui prônait un transfert des pouvoirs
vers les États fédérés). M. Romney
souhaite ainsi rendre le pouvoir aux États dans tous les domaines. Ainsi, son
programme économique et politique pourrait devenir un modèle à suivre dans le
monde. Par exemple, en Bretagne on pourrait débattre et décider de la création
d’un parlement régional. Idem dans
les autres régions françaises qui seraient autonomes, sur le modèle américain
de Mitt Romney ».
Pour plus d’informations ou pour
contacter Pierre Toullec ou les membres de son comité :
Le site internet du Comité
français de soutien à Mitt Romney : www.mittromneyfrance.fr.
Le blog de Pierre Toullec : www.blogpierretoullec.com.
À noter que chaque lundi un
conseil de ce comité a lieu par visioconférence.
Marc Gidrol
Commentaires
Enregistrer un commentaire