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Conseil de BMO du 18 octobre perturbé par des agents grévistes


Bruno Choisne, le secrétaire FO de BMO qui a fait irruption avec 9 autres agents grévistes lors du conseil communautaire du 18 octobre, à droite, et un adhérent de FO, Marcel Boleat à gauche, au local FO de BMO en 2012.
Le premier conseil communautaire de rentrée s’est réuni vendredi 18 octobre. Au sommaire : la délégation de service public de stationnement payant à la société Socap pour les parkings Jaurès-Bellevue-Capucins, le téléphérique urbain, mais aussi compte tenu de l’actualité en Bretagne, la crise de l’agro-alimentaire. L’intrusion d’une délégation de 10 agents de la collectivité en grève a changé aussi l’atmosphère de ce conseil.

Le début de la séance a été longuement perturbé durant la première heure par une une délégation FO d’agents de la collectivité. Une partie des agents de la collecte des ordures ménagères sont en grève depuis le 23 juillet. Ne s’estimant pas entendus sur leurs revendications, ils étaient là pour demander un rendez-vous avec le maire et Président de Brest Métropole Océane, M. Cuillandre, car ils demandent en vain depuis le 11 août à être reçus par celui-ci. « Nous serions heureux que M. Cuillandre puisse nous dire qu’il pourra recevoir en personne une petite délégation » sollicite M. Choisne, secrétaire FO des agents territoriaux de BMO. « Vous exercez une pression incessante sur les grévistes, votre attitude génère des risques sanitaires et des coûts exorbitants pour la collectivité avec les coûts en huissiers de justice, en avocats et l’embauche de travailleurs intérimaires », poursuit incontrôlable le délégué de FO. « Pourtant ces coûts auraient suffi amplement à nous satisfaire », déplore-t-il.

Le Président de BMO, visiblement agacé par cette intrusion s’emporte : « C’est inimaginable ce que vous faites là, d’entrer dans une assemblée élue démocratiquement, vous savez bien que ce n’est pas comme cela que les décisions se prennent, sous la pression », se défend le Président de BMO. Imperturbable mais quelque peu méprisant envers les agents grévistes : « A ce que je sache, vous n’êtes pas encore en grève là, puisque vous avez déposé un préavis de grève pour lundi 21 octobre ». M. Choisne répond : « Non, nous ne sommes pas encore en grève aujourd’hui ». M. Cuillandre : « Bon, alors je vous recevrai à partir de lundi car je ne reçois que les agents qui sont en grève officiellement ». Et M. Cuillandre au passage de prendre à parti le groupe de l’Union de la Droite et du Centre (UDC) : « Je ne sais pas qui sera élu à la mairie en mars prochain mais si c’est la droite, votre service sera externalisé » alerte ce dernier.

Immédiatement Laurent Prunier, chef de file du groupe UDC et candidat déclaré pour les prochaines municipales en attente de l’investiture de son parti, l’UMP (Union pour un Mouvement Populaire), piqué au vif réagit au quart de tour : « Je vous réponds que non ». Et celui-ci tacle sur « les élus du Parti de Gauche qui ne défendent pas beaucoup les salariés ». Salve d’applaudissements sur les rangs UDC et même dans la partie publique de la salle. « Dans ce dossier vous maniez la carotte et le bâton, mais certaines de leurs revendications (les agents grévistes de BMO, ndlr) sont faciles à satisfaire et surtout sont peu coûteuses », poursuit l’élu. Il pointe aussi du doigt « le recours au travail précaire pour remplacer les agents grévistes, ce qui est discutable dans une collectivité où d’habitude ses dirigeants n’ont de cesse de critiquer ces formes de travail ». Bernadette Abiven, en charge du personnel de BMO, rétorque : « Ce qui est fait par le service collecte des ordures ménagères de BMO a toujours été fait dans le souci que la grève impacte le moins possible les habitants ». « J’ajoute que les agents grévistes ne sont pas majoritaires, sur 130 agents en tout, seuls 7 d’entre eux font le blocage d’une assemblée démocratique ». « Moi, je parle avec l’ensemble des élus et des agents, ceux-ci qu’ils soient grévistes ou non grévistes doivent pouvoir participer aux échanges actuellement », poursuit l’élue. M. Choisne, bouillonnant de colère éructe : « Quand nous écoutons l’analyse de Mme Abiven, il est clair qu’elle n’a pas compris nos revendications, les agents de la collectivité ne sont pas en grève pour s’amuser ».

Mme Abiven avance l’idée d’une réunion « pour dire que les revendications ont été en parties satisfaites ». La demande de vêtements de pluie pour les agents de la collecte des déchets ménagers qui était une de leurs revendications a été satisfaite par la direction de BMO. François Cuillandre pour clore ce chapitre non prévu au programme de ce conseil de BMO finit par lâcher : « Je suis d’accord de participer à une telle réunion mais avec l’ensemble des agents ». Avant de repartir M. Choisne prévient M. Cuillandre que « si vous ne venez pas à notre rencontre ou si vous ne nous donnez pas satisfaction, nous irons vous chercher directement dans votre bureau à la mairie et là vous ne pourrez plus vous abriter derrière une assemblée démocratique ».

En préambule de ce conseil communautaire, M. le Président de la collectivité, François Cuillandre, rappelle aussi le contexte socio-économique du département en lien avec la crise « dramatique » des abattoirs Gad et plus généralement de celle de l’agro-alimentaire en Bretagne. « Cette crise nous impacte ici à Brest aussi, sur les activités portuaires ». « Dans ce contexte, l’écotaxe est un coup de massue pour l’économie dans notre département » assène-t-il. Le maire de Plougastel, Dominique Cap lit un communiqué de « Produit en Bretagne » demandant le retrait pur et simple de cette taxe. « L’agro-alimentaire, c’est notre clé de voûte, sa crise entraîne la disparition de milliers d’emplois », renchérit M. Prunier. Il rappelle que si « l’écotaxe était inscrit dès 2009 dans le Grenelle de l’environnement » sous le quinquennat Sarkozy, « la crise ne frappait pas autant que maintenant et nous nous sentons toujours solidaires des actions en faveur de l’économie bretonne ». « Le pacte d’avenir fait pschitt ! » poursuit l’élu UDC. Reprenant les propos de Christian Troadec, maire de Carhaix : « A-t-on déjà vu une poule morte pondre des œufs ? » et ceux de Pierre Maille, Président du Conseil général du Finistère : « Sur une question de cette importance, c’est l’unanimité ou rien ».

François Cuillandre rebondit sur ces belles paroles : « Ce n’est pas le gouvernement qui a décidé la fermeture des usines Gad, c’est le conseil d’administration de l’entreprise ». Anne-Marie Kervern déplore « une écologie punitive » et « la crise d’un modèle fondée sur la course aux volumes de production ». « Nous demandons un changement de stratégie avec un revenu décent pour les travailleurs et les producteurs prenant en compte le respect de l’environnement ainsi qu’une vrai décentralisation », poursuit l’élue bretonnante. Sophie Mével, — divers droite prête à se rapprocher du Front National pour les prochaines municipales — espère une résolution commune sur l’écotaxe comme au Conseil général. Mais sur la crise de l’agro-alimentaire, elle renvoie dos à dos UMP et PS qui « ont voté tous les traités européens qui ont favorisé le dumping social ». « Quand on voit des poulets du Brésil qui sont vendus chez nous sept fois moins cher que ceux d’ici, on marche sur la tête », dénonce celle-ci.

Alain Masson préconise de « se rallier au vœu du Conseil général, car « trop de vœux nuisent au bon entendement » selon ce dernier. Laurent Prunier, une fois n’est pas coutume, remercie Pierre Maille : « Il faut rendre à César ce qui appartient à César ».
Après ces remarques préliminaires les questions à l’ordre du jour du conseil communautaire ont pu être abordées avec une bonne heure de retard.
La première concernait la décision modificative n°2 du budget primitif de 2013. La fiscalité s’élève à 1 100 000 €. Les recettes de BMO représentent 139 000 euros reversés sous forme de subventions pour l’habitat social. Le solde excédentaire de BMO se monte à 169 000 €. Décision votée à la majorité, l’UDC et les deux élues Divers Droite ainsi que Geneviève Henry ayant voté contre.
La deuxième délibération portait sur la procédure d’enquête publique en vue de la mise en compatibilité du Plan d’Occupation des Sols (POS) pour le futur téléphérique urbain qui reliera le bas de Siam au plateau des Capucins.

Il a aussi été admis au cours de ce conseil l’approbation du contrat liant BMO avec la Socap, société délégataire de service public dans le cadre de la délégation de service public des parcs de stationnement Jaurès-Bellevue-Capucins. BMO versera une subvention à ce prestataire tous les ans, qui augmentera de 400 % en 2016 pour atteindre la somme d’1 million d’€. Catherine Huguen du groupe UDC demande alors des précisions sur cette augmentation de subvention. Michel Johanny, en charge des transports et de la voirie lui répond évasivement : « les subventions pourraient nous faire économiser beaucoup d’argent sur le parc des Capucins, ça permet d’économiser des flux financiers sur la durée du contrat ».
Cette disposition a été votée à l’unanimité.

Un colloque national sur le logement : « Pour un renouveau du parc immobilier des années 50-70 : de la prise de conscience à la stratégie », aura lieu à Brest les 28 et 29 novembre prochains. Dans ce cadre les élus de BMO demandent des subventions auprès des partenaires de cet événement.
Une nouvelle convention pluri-annuelle 2013-2015 entre BMO, les communes de l’agglomération et le département du Finistère pour le Fonds de solidarité pour le logement a été décidée.

Par ailleurs, BMH (Brest Métropole Habitat) acquiert les locaux de l’ancienne antenne de l’Office du Tourisme de BMO à Plougastel-Daoulas.

Il a été question aussi de la société Eau du Ponant qui gère l’assainissement de l’eau de l’agglomération. François Cuillandre en profite pour faire sa publicité, « l’eau du Ponant est excellente », tout en buvant un verre rempli de cette eau. La société Eau du Ponant se voit dorènavant déléguée par BMO du Service public d’assainissement non collectif (SPANC). De nouvelles communes limitrophes de BMO deviennent membres actionnaires d’Eau du Ponant (Lampaul-Plouarzel, Milizac, Plouarzel, Locmaria-Plouzané). BMO cèdera 2 actions au tarif de 12,66 € l’unité à la commune de Milizac et une action aux autres collectivités.

Le Conservatoire botanique national de Brest verra s’attribuer une subvention exceptionnelle de 179 000 € pour accompagner le projet de restructuration des activités du conservatoire.

Bref, pour un conseil de rentrée, il fut agité par les soubresauts économiques de la région et de l’agglomération.


Marc Gidrol

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