Le premier conseil communautaire
de rentrée s’est réuni vendredi 18 octobre. Au sommaire : la délégation de
service public de stationnement payant à la société Socap pour les parkings
Jaurès-Bellevue-Capucins, le téléphérique urbain, mais aussi compte tenu de
l’actualité en Bretagne, la crise de l’agro-alimentaire. L’intrusion d’une
délégation de 10 agents de la collectivité en grève a changé aussi l’atmosphère
de ce conseil.
Le début de la séance a été
longuement perturbé durant la première heure par une une délégation FO d’agents
de la collectivité. Une partie des agents de la collecte des ordures ménagères
sont en grève depuis le 23 juillet. Ne s’estimant pas entendus sur leurs
revendications, ils étaient là pour demander un rendez-vous avec le maire et Président
de Brest Métropole Océane, M. Cuillandre, car ils demandent en vain depuis le
11 août à être reçus par celui-ci. « Nous
serions heureux que M. Cuillandre puisse nous dire qu’il pourra recevoir en
personne une petite délégation » sollicite M. Choisne, secrétaire FO
des agents territoriaux de BMO. « Vous
exercez une pression incessante sur les grévistes, votre attitude génère des
risques sanitaires et des coûts exorbitants pour la collectivité avec les coûts
en huissiers de justice, en avocats et l’embauche de travailleurs intérimaires »,
poursuit incontrôlable le délégué de FO. « Pourtant ces coûts auraient suffi amplement à nous satisfaire »,
déplore-t-il.
Le Président de BMO, visiblement
agacé par cette intrusion s’emporte : « C’est inimaginable ce que vous faites là, d’entrer dans une assemblée
élue démocratiquement, vous savez bien que ce n’est pas comme cela que les
décisions se prennent, sous la pression », se défend le Président de
BMO. Imperturbable mais quelque peu méprisant envers les agents
grévistes : « A ce que je
sache, vous n’êtes pas encore en grève là, puisque vous avez déposé un préavis
de grève pour lundi 21 octobre ». M. Choisne répond : « Non, nous ne sommes pas encore en grève
aujourd’hui ». M. Cuillandre : « Bon, alors je vous recevrai à partir de lundi car je ne reçois que les
agents qui sont en grève officiellement ». Et M. Cuillandre au passage
de prendre à parti le groupe de l’Union de la Droite et du Centre (UDC) : « Je ne sais pas qui sera élu à la mairie en
mars prochain mais si c’est la droite, votre service sera externalisé »
alerte ce dernier.
Immédiatement Laurent Prunier,
chef de file du groupe UDC et candidat déclaré pour les prochaines municipales
en attente de l’investiture de son parti, l’UMP (Union pour un Mouvement
Populaire), piqué au vif réagit au quart de tour : « Je vous réponds que non ». Et
celui-ci tacle sur « les élus du
Parti de Gauche qui ne défendent pas beaucoup les salariés ». Salve
d’applaudissements sur les rangs UDC et même dans la partie publique de la
salle. « Dans ce dossier vous
maniez la carotte et le bâton, mais certaines de leurs revendications (les
agents grévistes de BMO, ndlr) sont
faciles à satisfaire et surtout sont peu coûteuses », poursuit l’élu.
Il pointe aussi du doigt « le
recours au travail précaire pour remplacer les agents grévistes, ce qui est
discutable dans une collectivité où d’habitude ses dirigeants n’ont de cesse de
critiquer ces formes de travail ». Bernadette Abiven, en charge du
personnel de BMO, rétorque : « Ce
qui est fait par le service collecte des ordures ménagères de BMO a toujours
été fait dans le souci que la grève impacte le moins possible les
habitants ». « J’ajoute
que les agents grévistes ne sont pas majoritaires, sur 130 agents en tout,
seuls 7 d’entre eux font le blocage d’une assemblée démocratique ».
« Moi, je parle avec l’ensemble des
élus et des agents, ceux-ci qu’ils soient grévistes ou non grévistes doivent
pouvoir participer aux échanges actuellement », poursuit l’élue. M.
Choisne, bouillonnant de colère éructe : « Quand nous écoutons l’analyse de Mme Abiven, il est clair qu’elle n’a
pas compris nos revendications, les agents de la collectivité ne sont pas en
grève pour s’amuser ».
Mme Abiven avance l’idée d’une
réunion « pour dire que les
revendications ont été en parties satisfaites ». La demande de
vêtements de pluie pour les agents de la collecte des déchets ménagers qui
était une de leurs revendications a été satisfaite par la direction de BMO.
François Cuillandre pour clore ce chapitre non prévu au programme de ce
conseil de BMO finit par lâcher : « Je
suis d’accord de participer à une telle réunion mais avec l’ensemble des
agents ». Avant de repartir M. Choisne prévient M. Cuillandre que
« si vous ne venez pas à notre
rencontre ou si vous ne nous donnez pas satisfaction, nous irons vous chercher
directement dans votre bureau à la mairie et là vous ne pourrez plus vous
abriter derrière une assemblée démocratique ».
En préambule de ce conseil
communautaire, M. le Président de la collectivité, François Cuillandre,
rappelle aussi le contexte socio-économique du département en lien avec la
crise « dramatique » des
abattoirs Gad et plus généralement de celle de l’agro-alimentaire en Bretagne.
« Cette crise nous impacte ici à
Brest aussi, sur les activités portuaires ». « Dans ce contexte, l’écotaxe est un coup de
massue pour l’économie dans notre département » assène-t-il. Le maire
de Plougastel, Dominique Cap lit un communiqué de « Produit en Bretagne » demandant le retrait pur et simple de
cette taxe. « L’agro-alimentaire,
c’est notre clé de voûte, sa crise entraîne la disparition de milliers
d’emplois », renchérit M. Prunier. Il rappelle que si « l’écotaxe était inscrit dès 2009 dans le
Grenelle de l’environnement » sous le quinquennat Sarkozy, « la crise ne frappait pas autant que
maintenant et nous nous sentons toujours solidaires des actions en faveur de
l’économie bretonne ». « Le
pacte d’avenir fait pschitt ! » poursuit l’élu UDC. Reprenant les
propos de Christian Troadec, maire de Carhaix : « A-t-on déjà vu une poule morte pondre des
œufs ? » et ceux de Pierre Maille, Président du Conseil général
du Finistère : « Sur une
question de cette importance, c’est l’unanimité ou rien ».
François Cuillandre rebondit sur
ces belles paroles : « Ce
n’est pas le gouvernement qui a décidé la fermeture des usines Gad, c’est le
conseil d’administration de l’entreprise ». Anne-Marie Kervern déplore
« une écologie punitive »
et « la crise d’un modèle fondée
sur la course aux volumes de production ». « Nous demandons un changement de stratégie avec un revenu décent pour
les travailleurs et les producteurs prenant en compte le respect de
l’environnement ainsi qu’une vrai décentralisation », poursuit l’élue
bretonnante. Sophie Mével, — divers droite prête à se rapprocher du Front
National pour les prochaines municipales — espère une résolution commune sur l’écotaxe
comme au Conseil général. Mais sur la crise de l’agro-alimentaire, elle renvoie
dos à dos UMP et PS qui « ont voté
tous les traités européens qui ont favorisé le dumping social ».
« Quand on voit des poulets du Brésil qui sont vendus chez nous sept
fois moins cher que ceux d’ici, on marche sur la tête », dénonce
celle-ci.
Alain Masson préconise de « se rallier au vœu du Conseil général,
car « trop de vœux nuisent au bon
entendement » selon ce dernier. Laurent Prunier, une fois n’est pas
coutume, remercie Pierre Maille : « Il faut rendre à César ce qui appartient à César ».
Après ces remarques préliminaires
les questions à l’ordre du jour du conseil communautaire ont pu être abordées
avec une bonne heure de retard.
La première concernait la
décision modificative n°2 du budget primitif de 2013. La fiscalité s’élève à
1 100 000 €. Les recettes de BMO représentent 139 000 euros
reversés sous forme de subventions pour l’habitat social. Le solde excédentaire
de BMO se monte à 169 000 €. Décision votée à la majorité, l’UDC et les
deux élues Divers Droite ainsi que Geneviève Henry ayant voté contre.
La deuxième délibération portait
sur la procédure d’enquête publique en vue de la mise en compatibilité du Plan
d’Occupation des Sols (POS) pour le futur téléphérique urbain qui reliera le
bas de Siam au plateau des Capucins.
Il a aussi été admis au cours de
ce conseil l’approbation du contrat liant BMO avec la Socap , société délégataire
de service public dans le cadre de la délégation de service public des parcs de
stationnement Jaurès-Bellevue-Capucins. BMO versera une subvention à ce prestataire
tous les ans, qui augmentera de 400 % en 2016 pour atteindre la somme d’1
million d’€. Catherine Huguen du groupe UDC demande alors des précisions sur
cette augmentation de subvention. Michel Johanny, en charge des transports et
de la voirie lui répond évasivement : « les subventions pourraient nous faire économiser beaucoup d’argent sur
le parc des Capucins, ça permet d’économiser des flux financiers sur la durée
du contrat ».
Cette disposition a été votée à
l’unanimité.
Un colloque national sur le logement :
« Pour un renouveau du parc
immobilier des années 50-70 : de la prise de conscience à la stratégie »,
aura lieu à Brest les 28 et 29 novembre prochains. Dans ce cadre les élus de
BMO demandent des subventions auprès des partenaires de cet événement.
Une nouvelle convention
pluri-annuelle 2013-2015 entre BMO, les communes de l’agglomération et le
département du Finistère pour le Fonds de solidarité pour le logement a été
décidée.
Par ailleurs, BMH (Brest
Métropole Habitat) acquiert les locaux de l’ancienne antenne de l’Office du
Tourisme de BMO à Plougastel-Daoulas.
Il a été question aussi de la
société Eau du Ponant qui gère l’assainissement de l’eau de l’agglomération.
François Cuillandre en profite pour faire sa publicité, « l’eau du Ponant
est excellente », tout en buvant un verre rempli de cette eau. La société Eau du
Ponant se voit dorènavant déléguée par BMO du Service public d’assainissement
non collectif (SPANC). De nouvelles communes limitrophes de BMO deviennent
membres actionnaires d’Eau du Ponant (Lampaul-Plouarzel, Milizac, Plouarzel,
Locmaria-Plouzané). BMO cèdera 2 actions au tarif de 12,66 € l’unité à la
commune de Milizac et une action aux autres collectivités.
Le Conservatoire botanique
national de Brest verra s’attribuer une subvention exceptionnelle de 179 000
€ pour accompagner le projet de restructuration des activités du conservatoire.
Bref, pour un conseil de rentrée,
il fut agité par les soubresauts économiques de la région et de l’agglomération.
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