Le conseil municipal de Brest du 22 octobre
a été l’occasion de débats âpres sur les questions qui sont débattues par les
conseillers municipaux depuis plusieurs mois, à savoir la sécurité, les grands
aménagements de la ville, les nouveaux rythmes scolaires, préfigurant la
campagne des municipales de mars prochain.
Réactions des élus aux problèmes
récents de sécurité
La sécurité, thème national
d’actualité mais aussi local avec les faits divers récents à Brest a été au
cœur des discussions des conseillers municipaux. En effet, plusieurs faits ont
défrayé la chronique récemment dans la ville comme le réseau de trafic de
drogues démantelé à Pontanézen et à Kérourien au début du mois, la guerre que
se livrent des jeunes des deux quartiers sensibles pour le contrôle du marché
de la drogue. Ou encore l’agression dont a été victime au mois de septembre un jeune du lycée professionnel
Lesven au cours d’une expédition punitive et un autre jeune du lycée Vauban à quelques
jours d’intervalle, ces deux lycées faisant parties de la cité scolaire de
Kérichen. Ce qui a poussé le nouveau proviseur du lycée classique de Kérichen,
Olivier Champeau, à lister tous les élèves provenant des deux quartiers
sensibles. Et qui a provoqué une polémique avec l’Union nationale des lycéens
du Finistère et le mouvement des Jeunes Socialistes et même Marc Coatanéa, un
conseiller municipal socialiste qui s’est dit indigné. Faits rappelés par
Laurent Prunier, de l’UDC. « Cette
polémique créée est insoutenable », déplore-t-il. « Donnons lui au moins le crédit d’avoir
voulu protéger ses élèves plutôt que l’inverse », plaide-t-il.
Bernadette Abiven, pour sa part,
recense un autre quartier qui pose des problèmes de délinquance outre
Kérourien, celui du Bergot. « Au
Bergot, des faits graves se passent avec des incendies de véhicules, des
agressions de commerçants et de gardiens d’immeubles avec même des menaces de
mort », rappelle Madame Abiven. Elle informe que « la Ville et BMH (Brest Métropole Habitat) se sont rendus propriétaires de certains
locaux du centre commercial ». « Certains seront démolis d’ici la fin du premier semestre 2014 »,
poursuit-elle.
À Kérourien où le centre social
est régulièrement dégradé et où les activités sont perturbées par une dizaine
de jeunes dont la moitié est constitué de majeurs, la mairie a décidé la
fermeture pure et simple de celui-ci pendant les congés scolaires, « ce qui n’est pas sans contraintes pour les
habitants », déplore Laurent Prunier. Mais sa « fermeture exceptionnelle a été voulue par
tous les acteurs du quartier pour mettre en place une nouvelle structure »,
concède Bernadette Abiven. M. Prunier regrette par ailleurs que « sa fermeture même partielle est déjà une
victoire de ceux qui créent des troubles à l’ordre public ». Et
celui-ci de pointer du doigt « la
montée de la violence dans la ville avec les braquages de bar-tabac, de
pizzérias engendrant un climat pesant et qui pourrait à terme provoquer des
dégâts lourds en termes sociaux et économiques ». « Kérourien, Kéredern, Pontanézen risquent-ils
d’en pâtir de ce climat ? » s’interroge l’élu de droite. A la
mi-novembre, une réunion entre les acteurs associatifs de Kérourien, les
habitants, la CAF
(Caisse d’Allocations Familiales) se tiendra pour tenter d’apporter des
solutions aux problèmes de délinquance qui gangrènent ce quartier HLM de Brest.
Yann Guével pour sa part annonce
qu’un administrateur référent Jeunesse a été recruté au centre social de
Kérourien et que les activités de celui-ci continuent dans un local partagé.
« Il y a un vrai problème dans ce
quartier, mais on pense pouvoir le régler ». Sophie Mével rappelle que
« les premières victimes de la
violence sont les habitants de ces quartiers sensibles eux-mêmes ». Elle
estime que les pouvoirs publics font preuve de « laxisme en matière de sécurité », facteur de « ghettoïsation de kérourien » pour
elle. Elle rappelle qu’elle-même et sa collègue, Brigitte Hû avaient été
témoins d’actes de délinquance lors de leur visite de ce quartier. « Il faut de la vidéosurveillance »,
préconise l’élue.
Mais la vidéosurveillance, outil
souvent préconisé par la droite et utilisé dans certaines grandes villes gérées
par des maires UMP (Union pour un Mouvement Populaire) ne convainc pas tous les
conseillers municipaux. Anne-Marie Cibaud, conseillère de la majorité
socialiste, si elle reconnaît son utilité « parfois nécessaire comme dans les transports en commun brestois »
remet en cause son bien-fondé en général. « Brest ce n’est pas Paris, Marseille ou Nice, mais notre ville a ses
problèmes en la matière », admet l’élue. Et de poursuivre :
« Les villes qui ont adopté le tout
sécuritaire en sont pour leurs frais ». Elle parle d’une ville en
particulier sans la nommer mais tout le monde aura reconnu qu’il s’agit de
Nice, administrée par son charismatique premier magistrat, Christian Estrosi,
et où plus de 23 millions d’euros de frais ont été engagés à cet effet pour « un résultat qui laisse pantois ou
révolté mais pas indifférent » reproche-t-elle, « avec la note de 1,4/20 dans un classement
national ». Elle préfère elle mettre en avant « les cercles de citoyenneté » qui
donnent des résultats. « Le nombre
de vols en ville, les agressions à la personne et les agressions sexuelles sont
en baisse ». Elle reconnaît toutefois que Sophie Mével a raison par
rapport au sentiment d’insécurité que celle-ci évoquait. Laurent Prunier lui
répond : « Au lieu de
critiquer ce qui se fait ailleurs et qui n’est même pas envisagé ici, il
faudrait plutôt voir ce qui marche bien ailleurs ».
S’adressant au maire, il
désapprouve sa politique en matière sécuritaire : « Nous sommes en désaccords sur les moyens ».
« Vous avez clairement marqué votre préférence, les moyens de l’État,
c’est-à-dire la Police
nationale », désavoue le jeune élu franc-tireur de la droite
brestoise. Il demande aussi la suite du courrier adressé par M. Cuillandre à
Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, dans lequel M. Cuillandre demande à ce
dernier d’augmenter les effectifs de police à Brest. Alors « que dans la réalité les effectifs de police
ont baissé à Brest », conteste M. Prunier. François Cuillandre prend alors la parole pour répondre aux élus de droite : « La campagne est déjà bien lancée par
certains sur des thèmes qui sont récurrents maintenant depuis une dizaine
d’années, mais il faut rappeler la vérité, entre 2002 et 2012, le commissariat
de police de Brest a perdu un quart de ses effectifs », voulant
envoyer ainsi les élus UDC dans les cordes, la droite ayant été au pouvoir
durant ces années.
Commerce et tourisme à Brest
En matière économique, plusieurs
décisions importantes ont été prises.
Cette année, le maire accorde
l’autorisation pour les commerces du centre-ville d’ouvrir dimanche 22
décembre, mesure qui était demandée par les élus UDC. « Je vous félicite pour cet accès de bon
sens », remercie M. Prunier, non sans ironie. On se souvient que
l’année dernière, M. le Maire avait refusé de laisser les commerces ouvrir le
dernier dimanche avant Noël, exceptés ceux tenus par leurs dirigeants seuls ce
jour là mais sans leurs salariés, au nom du sacro-saint repos dominical. Les
tensions avaient été vives alors entre l’association des « commerçants du centre-ville, cœur de ville »
et la mairie, d’autant plus que ceux-ci avaient pâti des travaux du tram,
durant lesquels leurs chiffres d’affaires avaient drastiquement diminués.
Le conseil municipal a décidé de
transmettre au Préfet une candidature au classement de Brest en tant que
« station classée de tourisme »,
au nom de la qualité environnementale, de son pôle d’excellence scientifique en
lien avec la mer et de sa richesse culturelle. Anne-Marie Kervern de l’UDB
(Union Démocratique Bretonne) salue cette initiative qui « viendra conforter la ville et ses
partenaires publics et privés et qui est un gage de fierté pour les
Brestois ». « Le tourisme
urbain est en plein essor », affirme-t-elle. « Ce label viendra aussi confirmer
l’excellence en matière de sciences de la mer et les trois axes sur lesquels se
positionne notre ville : la culture bretonne, la recherche scientifique
maritime et une forte ouverture à l’international ». Sans surprises,
cette délibération a été votée à l’unanimité.
M. Polard, a aussi abordé la décision
modificative n°2 au budget primitif de 2013, déjà évoquée aussi lors du conseil
communautaire de vendredi 18 octobre (voir mon dernier post sur ce blog). Il
rappelle que plus de 200 000 € de frais ont été investis pour la
restauration scolaire, 72 000 € pour les EPIC (Établissement public à
caractère industriel et commercial).
Le Stade Brestois 29 enregistre
une perte de 200 000 € due à sa relégation en Ligue 2.
La ville dépense par ailleurs
72 000 € pour le chauffage de ses bâtiments, 117 000 € en subventions
aux associations dans le cadre du nouveau rythme scolaire. Les associations
étant sollicitées à proposer des activités extra-scolaires aux enfants et à
envoyer leurs animateurs dans les écoles. La ville met la main à la poche pour
l’aménagement de la future crèche de Pen-ar-Créach à hauteur de 200 000
euros. En tout le solde déficitaire de la ville se monte à 589 000 €.
L’UDC a voté contre l’ajustement de ce budget, les deux élues Divers Droite
(Brigitte Hû et Sophie Mével) se sont abstenues, la décision a été votée à la
majorité.
Le conseil municipal a décidé
aussi d’acheter à Brest Métropole Aménagement (BMA) le foncier de la future
médiathèque des Capucins pour un prix de
2 000 000 € hors taxes. Laurent Prunier demande où « on en est pour ce qui est des équipements ? »
Alain Masson répond : « C’est
toujours en discussion au niveau juridique ».
« Le dossier anormalement long » du futur centre commercial
Saint-Louis
Le futur centre commercial
Saint-Louis qui doit se construire à l’emplacement des halles Saint- Louis qui
viennent d’être fermées dimanche 20 octobre pour être déclassées, est l’autre
projet phare de la Ville
avec le plateau des Capucins. C’est la Compagnie de Phalsbourg, promoteur, gestionnaire
et investisseur dans l’immobilier commercial, qui a la charge de transformer
ces halles en un centre commercial ultra moderne qui ouvrira en 2016. Ce centre
abritera 8 000 m²
de surfaces commerciales sur deux niveaux, 90 places de stationnement et 12
logements en superstructures. La ville qui avait la propriété des halles
Saint-Louis vend celles-ci au prix de 723 000 euros avec comme condition à
la vente à la Compagnie
de Phalsbourg de reconstruire sur les anciennes halles d’ici le 30 juin 2014. Le
tarif de base est de 100 € au m² sans les droits d’entrée. Pour Laurent Prunier
« c’est la suite normale d’un
dossier anormalement long ». Il s’interroge : « En cas de non respect du délai d’abrogation ? ».
Madame Bonnard Le Floc’h lui répond que « le permis de construire est toujours en discussion » et qu’ « il peut y avoir une différence entre l’estimation
et son prix ». « Cette
affaire est bien engagée », conclut l’élue socialiste.
Le nouveau temps scolaire divise
toujours autant
Sur la question du nouveau rythme
scolaire, les élus se sont une nouvelle fois étrillés, cette réforme étant loin
de faire l’unanimité localement comme nationalement. Catherine Huguen (UDC)
trouve que Marc Sawicki, élu municipal en charge de la politique éducative
locale, s’est converti à la méthode Coué, car « sont mis de côté les 3 750 élèves des établissements privés, les
responsables de centres sociaux s’inquiétent des projets ». « À Quimper, ville gérée par votre collègue
Bernard Poignant (PS), la mise en
place des 4 jours et demi est un chemin de croix ». « On attend d’être bordées avant de
communiquer », lance sibyllement l’élue. Elle déplore le manque d’adultes
mis à disposition des enfants : « un animateur pour 18 enfants en primaire et un sur 14 en maternelle »,
« c’est pas satisfaisant ».
« Vous reconnaissez que cette
réforme a un coût élevé, quel en sera alors le montant ? »
demande-t-elle alors. « Merci pour
Madame Huguen d’être garante de la réforme », lance Yann Guével (PS). Il
justifie que la réforme « se passe
comme prévu, on trouve des interrogations nouvelles et on les traite au fur et
à mesure, je ne renie rien de ce que j’ai pu dire dans la presse ». Celui-ci
confirme que « le fonds d’amorçage
mis en place par le gouvernement pour aider les communes adoptant la réforme
est maintenu sur la deuxième année pour aider les nouvelles villes qui l’adoptent
la deuxième année ».
M. Sawicki déplore que sur ce
sujet, « il y a récupération politique,
parce qu’on approche des élections municipales ». Quant à la demande d’une
évaluation demandée par Mme Huguen, il répond qu’il est trop tôt, « une évaluation complète demandera au moins
une année complète ». En arbitre, l’édile François Cuillandre
reprenant des propos tenus par des ténors de l’UMP, Luc Châtel en 2010, alors
ministre de l’Education nationale, Michèle Tabarot, proche de Jean-François
Copé et de Nicolas Sarkozy lui-même, entre 2010 et 2012, dans lesquels ceux-ci
se disaient favorables à la semaine de 4 jours et demi à l’école, lâche : « Il y a ceux qui causent et ceux qui font »
(sous entendus, nous nous l’avons fait cette réforme). Laurent Prunier
relativise les propos optimistes des élus de gauche en rappelant qu’ « il n’y a que 20 % des villes qui ont suivi
cette réforme or il y a environ 50 % de villes gérées par la gauche en France ».
Si les prochains conseils
municipaux sont l’objet d’autant de débats passionnés comme celui du 22
octobre, la campagne des municipales promet d’être riche en bagarre politique.
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