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La cité antique de Pompéi va-t-elle retrouver tout son faste ?

La cité antique de Pompéi avec le Vésuve en arrière plan. Photo que j'ai prise lors d'un voyage.

La cité antique romaine de Pompéi en Campanie, ensevelie sous les cendres et les lapilli du Vésuve, le volcan à proximité, le 24 août 79 de notre ère, va faire de nouveau le bonheur des touristes et des amoureux de la Rome antique. En effet, six domus, c'est-à-dire maisons en latin, du site touristique de Pompéi, deuxième en importance en Italie après le Colisée à Rome, avec 2,7 millions de touristes par an, ont été rouvertes en grande pompe par le Président du Conseil italien en personne, Matteo Renzi, fin décembre 2015, après une période de restauration. Celui-ci a annoncé fièrement que le pays en a fini avec « les choses à moitié faites » comme dans le passé. Les travaux de restauration par le passé étaient bâclés. Des maisons s'effondraient même après des opérations de restauration parce que celles-ci étaient mal faites, notamment avec du béton, matériau beaucoup trop lourd pour ces maisons antiques. Les touristes pouvaient voir des chiens errants dans les rues de l'antique cité. Sans compter que la Camorra, la mafia napolitaine, se servait allègrement dans les crédits destinés à la restauration du site.

Le chef du gouvernement italien veut même faire de la culture dont participe ce site, une réponse au terrorisme de l'État islamique. Cet organisation terroriste ne s’embarrasse pas des vestiges du passé, comme cela a été tristement illustré à Palmyre, la « perle de l'antiquité » en Orient, où il a détruit des temples et des édifices.

Les travaux de restauration à Pompéi doivent définitivement prendre fin le 24 août 2017, date anniversaire de l'éruption.

J'ai moi-même été deux fois à Pompéi et une fois à Herculanum — cité antique proche de Pompéi et enseveli aussi de la même façon — lors de voyages étudiants. Je me souviens avoir vu effectivement des chiens errants, notamment sur la voie de l'Abondance, la principale artère de Pompéi.

La restauration de certaines maisons de Pompéi offre l'occasion de rappeler les fondements de l'art antique. Car c'est grâce à ce site et à celui d'Herculanum que l'on connaît l'évolution de la peinture romaine et que l'on a de beaux spécimens de mosaïques.

Les mosaïques sont faites d'après une technique héritée de celle des Grecs anciens: des tesselles polychromes sont assemblées les unes aux autres. Ce sont souvent des copies de peintures hellénistiques des IIIème et IIème siècle avant notre ère. Comme celles de Dioscouridès retrouvées dans la maison dite « de Cicéron » à Pompéi. L'une représentant des musiciens ambulants dans une rue, l'autre des femmes consultant une sorcière. Cette dernière mosaïque étant inspirée d'une comédie de Ménandre :
Mosaïque à caractère culturel de Dioscouridès représentant ici des musiciens ambulants dans une rue. Elle a été retrouvée dans la maison dite "de Cicéron" à Pompéi. Source : Wikipédia.

Les mosaïques ont plusieurs sujets selon les pièces de la maison ou les goûts des propriétaires :
  • Les animaux, les scènes de chasse.
  • Les paysages. Parmi ceux-ci ont distingue les mosaïques représentant des scènes bucoliques, des scènes agricoles, des jardins, des paysages marins ou des paysages nilotiques. Ces dernières rappelant la faune et la flore du delta du Nil aux riches propriétaires de Pompéi et d'Herculanum.
  • Les natures mortes avec des fleurs, des corbeilles de fruits, etc.
  • Des personnages de la mythologie grecque et romaine, des scènes mythologiques figurant dans des emblema au milieu de la mosaïque.Comme dans l'exemple ci-dessous :
       

Mosaïque à caractère mythologique à Herculanum, du 1er siècle de notre ère. Photo : Marc Gidrol
  • Les mosaïques culturelles comme celles de Dioscouridès ou celle dite des Philosophes ci-dessous, retrouvée dans la villa de Simmius Stephanus à Pompéi : 
Source de l'image : Wikipédia.

  • Les scènes érotiques comme celle du satyre et d'une nymphe, retrouvée dans la chambre à coucher, cubiculum, de la maison du Faune à Pompéi :
Source de l'image : web.

Une des plus importantes collections de mosaïques dans le monde se trouve au musée archéologique national de Naples, avec celles exhumées des maisons de Pompéi et d'Herculanum, conservées dans un parfait état, grâce, pour notre bonheur mais le malheur des habitants de ces cités, à la lave et aux lapilli émises par le Vésuve.

Comme pour les mosaïques, on retrouve les mêmes thèmes pour les fresques.

C'est grâce à ces sites antiques que l'on a pu reconstituer les différents styles de peintures des Latins. Le musée archéologique de Naples en conserve une riche collection.

Voici les quatre styles de peintures — selon une classification établie par l'archéologue allemand August Mau qui a vécu de 1840 à 1909 — qui couvrent toutes celles retrouvées dans les villas de Pompéi et d'Herculanum :

Le Ier style, couvrant la période du 2ème siècle avant notre ère jusqu'à – 80 environ, est dit « incrustal » ou « à incrustations ». Parce qu'il était formé de blocs de stuc polychromes. C'était un style épurée sans aucunes représentations, hérité directement des Grecs.
Mur de l'atrium de la maison de Salluste à Pompéi, caractéristique du 1er style. (dessin colorié dans le livre de l'archéologue allemand, August Mau , 1840-1909, Geschichte der dekorativen Wandmalerei in Pompej, Reimer, Berlin, 1882). Source : Wikipédia.


Le IIème style, dit « architectural », car il figurait des éléments architecturaux tels que des colonnes, des frontons de temples, des portes et des salles à colonnes, le tout avec un effet de relief. Des mégalographies représentent en taille réelle des personnages. Il a été pratiqué de la fin du premier siècle avant Jésus-Christ au début du règne d’Octave Auguste (celui-ci a régné de 29 av. J.-C. à 14 ap. J.-C.). Ce style de peinture introduit aussi une division de la surface peinte avec une base, monochrome, une zone médiane avec des éléments architecturaux et une partie supérieure avec des salles à colonnes, de faux portiques et des masques de théâtre. La villa des Mystères à Pompéi en abrite une riche panoplie tout comme celle d'Oplontis.
Peinture du 2ème style avec éléments architecturaux grandeur nature créant un effet d'illusion, retrouvée dans la villa d'Oplontis, faubourg de Pompéi. Photo : Marc Gidrol

Autre mur recouvert d'une peinture du IIème style dans la villa d'Oplontis. Photo : Marc Gidrol

Le IIIème style, dit style « ornemental », en vigueur de 15 av.J.-C. à 50 ap.J.-C. environ, conserve la division du mur en trois parties mais abandonne les effets illusionnistes, en trompe-l’œil du IIème style. Aux bâtiments ou aux personnages peints en taille réelle, le IIIème style préfère des éléments décoratifs comme des candélabres ou de fines colonnes et des tableaux représentant des paysages (marins, nilotiques, ou des jardins) ou des scènes mythologiques. Telle la peinture retrouvée dans la basilique d'Herculanum, intitulée « Hercule et Télèphe » et représentant le héros éponyme de la cité vésuvienne et son fils, Télèphe, allaité par une biche. Rappelant fortement en ce sens le mythe fondateur de Rome, celui de la Louve avec les deux jumeaux, Romulus et Rémus. Car cette peinture est une copie de celle retrouvée à Pergame en Asie mineure et qui revendiquait comme Herculanum une origine herculéenne.


Peinture mythologique retrouvée dans la basilique d'Herculanum et figurant Arcadie sur son trône, Hercule le personnage nu à droite et Télèphe, le fils de ce dernier en bas à gauche, allaité par une biche. Au milieu un aigle symbolise le dieu Jupiter et à gauche on voit le lion de Némée.  Source de l'image : Wikipédia.

Le IVème style, style « fantastique », qui a été à la mode du milieu du premier siècle de notre ère à la fin de celui-ci, a renoué avec les éléments du style architectural mais d'une façon plus complexe. De grands panneaux peints avec sur les côtés l'effet « bords de tapis » au centre d'une paroi monochrome dans la zone médiane représentent des paysages, des personnage isolés ou des scènes mythologiques. Des scènes érotiques y sont aussi peintes quand elles ornent des parois de cubiculum.
Peinture mythologique du IVème style, représentant Hercule enfant au milieu, dans la maison des Vettii à Pompéi. Source de l'image : Wikipédia.


Les sites archéologiques de Pompéi et d'Herculanum font sûrement partie des sites antiques les plus remarquables et les mieux conservés dans le monde. Ce sont des vestiges et des témoignages directs sur la vie et les mœurs des Romains du IIème siècle av. J-C jusqu'à la fin du Ier siècle de notre ère. Cette période constitue l'apogée de l'art et de la littérature de l'empire romain, notamment ce qu'on appelle le siècle augustéen, qui ne correspond par véritablement à un siècle parce qu'il ne couvre que le règne d'Octave Auguste (29 av. J.-C à 14 ap. J.-C.), le fondateur de l'Empire romain, considéré comme le restaurateur de la paix civile après les conflits marquant la fin de la période républicaine et la difficile succession de Jules César assassiné en 44 av. J.-C. Parce que les arts et la littérature doivent être au service de la grandeur de Rome et du premier de ses habitants, l'Empereur, appelé aussi Princeps, le premier des citoyens romains, dans un but de propagande.

Espérons qu'avec la restauration de ces six domus de Pompéi, les visiteurs pourront mieux apprécier ces témoins du passé que constituent ces édifices, ces peintures, ces mosaïques, ces sculptures qui en font un témoignage hors du commun de cette époque éloignée de nous de 2 000 ans mais dont les enjeux sociaux et politiques ne le sont pas tant que ça. Les Hommes de cette époque aspiraient à la stabilité politique, seule garante de paix civile et de prospérité économique. Ils aspiraient aussi à l'égalité entre tous les citoyens. Même les esclaves avaient l'espoir d'être affranchis un jour et d'être citoyens romains.

Marc Gidrol

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