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La campagne des municipales a commencé hier à Brest

Au conseil municipal de Brest, hier, mardi 23 avril, les acteurs politiques, qu’ils soient dans les oppositions de droite (RPB et Brest Nouvelle Alternative) ou au sein de la majorité de gauche, ont commencé à préciser leurs discours en vue des prochaines élections municipales en 2020. Le moins que l’on puisse dire est que la majorité opère un virage à 180° en mettant à son agenda les questions de sécurité. En effet, pas moins de quatre délibérations portaient sur cette thématique, qui plus est en début de séance. C’est une première à Brest, la majorité socialiste ayant toujours refusé jusqu’à présent à reconnaître qu’il y a des problèmes d’insécurité et de délinquance. 

Autre nouveauté de ce conseil, deux caméras filmaient la séance pour la retransmettre en direct sur le site de la collectivité locale, brest.fr, et avec une possibilité de naviguer dans la vidéo par chapitres 48 heures après. Tous les groupes ont salué ce dispositif. En fait, ce n’est pas révolutionnaire, car des membres d’une association de vidéastes amateurs, Les Sycophantes, filmaient déjà officieusement le conseil depuis la partie publique pour le retransmettre sur le site internet YouTube. Le cabinet du maire les a d’ailleurs enjoint à ne plus filmer le conseil à partir du moment où ceux-ci concurrencent le site de la métropole. Ce qu’ils ont refusé de faire et ils continueront à retransmettre sur leur propre chaîne les conseils municipaux, fait savoir le membre des Sycophantes présent à tous les conseils. 

Mais revenons plus en détail sur les délibérations portant sur la sécurité et la tranquillité urbaine et tout d’abord sur les propos préliminaires tenus en début de séance et qui concernaient pour la plupart l’affaire Masson et l’association des élus socialistes brestois, « Vivre à Brest ».


L’affaire des indemnités des élus socialistes omniprésente lors du conseil

L’affaire Masson, du nom de l’ancien vice-président de Brest Métropole, Alain Masson, soupçonné par la justice d’avoir détourné des fonds publics via l’association « Vivre à Brest » et d’avoir abusé de la confiance de ceux avec qui il travaillait, devenue l’affaire des élus socialistes avec la mise en examen aussi de Jean-Luc Polard, ancien adjoint au budget, pour complicité, a connu depuis novembre dernier de nombreux rebondissements, dont la non moindre mise en garde à vue le 19 avril pendant 48 heures du maire de Brest, François Cuillandre. 

Les élus socialistes restent solidaires et font bloc autour du maire et pour la survie de leur poste.
François Cuillandre nuance, « je n’ai pas été pris par la police manu militari à 6 heures du matin chez moi ». Il ajoute aussi qu’il a été mis sur écoute téléphonique « pendant un temps que je ne sais pas moi-même ». Puis il déplore : « Le secret de l’instruction et la présomption d’innocence sont des règles juridiques du siècle dernier oubliées ». Monsieur Cuillandre plaide : « Alain Masson a été mis en examen pour abus de confiance, mais la confiance de qui a été abusée ? Celle des élus socialistes ». 

Robert Jestin (PS), adjoint au maire, précise aussi que « les Brestois n’ont pas été spoliés dans cette affaire ». En paraphrasant un ancien président de la République, il pronostique que « cette affaire fera pshitt à terme ». 

Thierry Fayret, premier adjoint au maire, défend : « Le compte de l’association « Vivre à Brest » n’a jamais été intégrée aux comptes du parti socialiste ». « Pas d’amalgame ! », demande-t-il. François Cuillandre rappelle qu’il n’y avait pas que des élus socialistes d’ailleurs sur la liste de la majorité aux dernières municipales. « Tout ce qui est excessif est insignifiant ! », lance-t-il.

Yann Guével informe que 5 millions d’euros ont été avancés par le parti socialiste à la liste en 2014.

Les oppositions de droite condamnent à l’unisson un pouvoir local qui serait corrompue et opaque selon eux.

Bernadette Malgorn, élue RPB, tête de liste aux municipales en 2014,  regrette pour sa part, « des errements (qui) ont été facilitées par le système d’opacité que vous avez mis en place, réduisant au minimum légal les moyens de contrôle, eh encore ». Celle-ci plaide pour « un code de conduite anti-corruption destiné à prévenir et à détecter les faits de corruption, de trafic d’influence, de concussion, de prise illégale d’intérêt, de détournement de fonds publics et de favoritisme ».

Pascal Kerberenes, élu d’opposition dans le groupe Brest Nouvelle Alternative (BNA), déplore «  le discrédit qui nous touche tous ». Michel Calonnec (ex élu de RPB, dorénavant sous l’étiquette BNA), ironise sur le fait « qu’il y a un an monsieur Masson nous menaçait de nous traduire en justice, sur l’affaire de l’association Vivre à Brest, MM. Masson et Polard mis en examen, le travail de justice a rendu difficile de croire les 21 élus socialistes ». Monsieur Calonnec informe aussi que « monsieur Masson possédait une voiture de fonction, une Toyota hybride de couleur mauve, qui ne passait pas inaperçue ». Il ajoute : « Ici, on ne peux plus simuler l’ignorance. Je souhaite que la ville de Brest ne soit administrée ni par des coupables, ni par des innocents ». 

Marc Berthlot (BNA) juge les explications du maire « pas convaincantes ». « On apprend par la presse qu’il y a eu des mouvements de fonds, alors que vous nous avez dit qu’il n’y avait plus aucun lien entre vous et cette association depuis belle lurette ». 

Jule Le Goïc, élus indépendante et anarchiste, pointe du doigt une rhétorique de la majorité socialiste à laquelle elle a appartenu naguère, « comme la même que celle de la droite pourrie ». Elle lance à l’adresse du maire : « « J’espère que vous estimez que certains seraient capables d’exercer l’intérim de la fonction de maire à votre place ». « Toutes vos déclarations ont été mensongères, c’est honteux et désespérant ! », accuse l’élue anarcho-syndicaliste.

Yann Guével rappelle à juste titre que « Julie Le Goïc oublie peut-être qu’elle a été élue sur notre liste en 2008 et en 2014 ». 


Le thème de la sécurité mise à l’agenda pour la première fois

Une fois n’est pas coutume, la municipalité a décidé de mettre 4 délibérations portant sur ce thème à l’ordre du jour du conseil municipal. La première portait sur la médiation urbaine, la seconde sur la protection judiciaire de la jeunesse, la troisième sur le pouvoir de rappel à l’ordre verbal du maire en sa qualité de représentant de police envers les mineurs mis en cause dans des actes compromettant le bon ordre et la tranquillité publique et ceci dans un esprit de prévention et pas de coercition, et la quatrième sur l’installation de caméras de vidéos-protection sur les bâtiments (mairies annexes, infrastructures sportives,…).

En ce qui concerne la médiation, aux six médiateurs urbains déjà existants, il a été décidé de créer quatre postes supplémentaires pour renforcer la prévention des actes délictueux le soir et les week-ends.

L’opposition de droite accueille avec intérêt mais aussi circonspection ces nouvelles mesures. « Malgré ces lacunes et ces ambiguïtés, nous voterons pour la délibération n°4 portant sur la vidéo-surveillance. Si les Brestois nous font confiance en 2020, nous saurons en faire un meilleur usage », jure-t-elle.  Madame Malgorn, ancienne Préfète de région de son état, s’interroge sur le sens à donner à ce revirement de la politique en matière sécuritaire par la majorité même si celle-ci s’en défend et admet juste s’adapter à la réalité : « Prise de conscience réelle, fin de l’angélisme sur la montée de l’insécurité, ou plus sûrement calcul politique, voire affolement à l’approche des élections municipales alors que la sécurité apparaît comme la première préoccupation des Brestois, à laquelle vous n’avez pas répondu », juge sévèrement l’ancienne Préfète de région et collaboratrice de Nicolas Sarkozy lorsque celui-ci était ministre de l’Intérieur entre 2002 et 2004. 

Pour la vidéo-protection des bâtiments, une enveloppe de 140 000 € va être débloquée par la mairie cette année, s’ajoutant aux 450 000 € déjà engagés par elle entre 2016-2018, car en plus des caméras dans le tram, des caméras ont été installées au cours de cette période sur certains bâtiments appartenant à la mairie. Julie Le Goïc pour sa part, dénonce un « glissement fortement droitier » de l’équipe Cuillandre. 

Yann Guével, relativise l’efficacité des caméras de vidéos surveillance, « puisqu’ils ne font que déplacer le problème d’insécurité à un autre endroit de la ville, étant donné que toutes les rues ne peuvent pas avoir de caméras de vidéo-surveillance », tranche-t-il. 

BNA par la voix de Nathalie Collovati alerte le conseil sur le problème nouveau à Brest « des armes à feu qui circulent presque librement ». Elle s’inquiète aussi de l’arrivée massive selon elle « de mineurs étrangers dans le Finistère et principalement à Brest au nombre de 449 ». « Ceux-ci sont auteurs de faits de délinquance », lance-t-elle.

Yann Guével répond à ses détracteurs que les dispositifs mis en place par la mairie, qu’ils s’agissent de médiateurs urbains, de l’accompagnement de mineurs étrangers errant dans la ville par des éducateurs spécialisés de l’association Don Bosco, du principe du rappel à l’ordre verbal par le maire ou des caméras de vidéos-surveillance sur certains bâtiments, « ne sont que des dispositifs complémentaires à ceux mis en oeuvre par la police. La ville n’a pas vocation à se substituer à la police et à la justice », estime-t-il. 

Patrick Appéré du groupe de gauche Brest Nouvelle Citoyenneté, abonde dans son sens en affirmant haut et fort lors du conseil que « la sécurité des Brestois relève de l’État ». Puis de conclure : « Brest reste une ville où il y fait bon vivre ».

Pierre Karleskind (ex élu socialiste, dorénavant roulant sous la bannière de La République En Marche) se réjouit  « de vous voir, vous monsieur le maire, et votre équipe, vous engager dans cette politique de sécurité », tout en s’opposant aux caméras de vidéos-protection, par peur de la surenchère dans ce domaine, et redoutant aussi que les prochaines élections municipales de 2020 ne tournent qu’autour de cette thématique, « car on voit bien d’ailleurs quel résultat aux élections peut avoir une trop forte présence de ces questions de sécurité, et cela je ne le veux pas ».

Anne-Marie Kervern émet aussi une réserve à propos des caméras de vidéos-protection : « Dans ce domaine, c’est toujours la politique du toujours plus, et cela nous ne le voulons pas ». Elle est favorable en revanche à 100 % à la médiation urbaine. Elle argue du fait qu’ « il y a un lien étroit entre addictions et troubles à l’ordre public, entre pauvreté et troubles psychiatriques ». « Nous voulons combattre toutes les exclusions », stipule-t-elle. 

Au total, la campagne des municipales semble parti, même si la majorité s’en défend. Il semble que la montée de la délinquance à Brest, due en grande partie aux mineurs étrangers errants dans les rues (phénomène récent apparu il ya deux ans dans toutes les grandes villes françaises) ait obligé la majorité municipale à prendre des mesures énergiques quitte à se renier en partie sur sa philosophie. La droite qui faisait jusqu’à présent de la sécurité son cheval de bataille devra sans doute aller dans la surenchère sur cette question. Wait and see !


Marc Gidrol

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