Au programme du conseil de métropole du vendredi 26 avril, le choix de l’opérateur du service de transports en commun sur la métropole, mais aussi une passe d’armes entre Madame Julie Le Goïc, élue anarchiste et indépendante, et Yohann Nédelec, le maire du Relecq-Kerhuon.
Propos préliminaires entre attaques ad hominem et déclaration d’amour à l’Europe
Mme Le Goïc accuse l’édile du Relecq-Kerhuon d’avoir mis en place « un système corruptif ». « Quand le cumul des mandats amènent à se connaître, à s’embaucher, on ne peut qu’avoir des doutes sur la sincérité des décisions politiques », sermonne l’élue de la gauche extrême. « C’est un vrai souci général de collusion, c’est tout un système dont il est temps qu’il change », clame encore l’élue anarcho-syndicaliste.
Yohann Nédelec lui répond : « Je ne suis pas à la tête d’un réseau mafieux sur Brest ». « Foutez-moi la paix ! », lui ordonne aussi le maire du Relecq-Kerhuon, pour ce qui concerne sa vie privée.
Frédérique Bonnard-Le Floch rappelle l’enjeu, selon elle, de l’élection européenne du 26 mai prochain. « Freiner la construction européenne, c’est mettre Brest Métropole en panne », jure l’élue socialiste alarmant sur la montée des partis nationaux-populistes en Europe. « Il faut aller voter pour les élections européennes et voter pour des gens qui ont de l’ambition », martèle-t-elle, sous-entendu, pour la liste du philosophe et essayiste, Raphaël Glucksman, la liste Place publique-Parti socialiste.
L’élue de la majorité de gauche de la métropole brestoise rappelle aussi tout ce que la métropole doit à l’Europe : « Le Fonds social européen (FSE) a alloué 11,8 millions d’euros à l’action sociale sur BM et 11,5 millions d’€ pour la formation professionnelle ». « le FEDER a déboursé 4 millions d’€ pour le téléphérique », plaide encore l’élue socialiste.
Bernadette Malgorn, élue RPB, s’étonne de voir de nombreux projets restés en suspens depuis de nombreuses années être revêtus soudainement selon elle d’un « caractère d’extrême urgence », tels le projet de crèche de l’Avenir, du chantier des halles Saint-Louis ou encore de la concertation « oh ! coïncidence, le lundi 29 avril, alors que nous délibérons ce jour du choix du concessionnaire du service public global de mobilité durable ». Les brestois.es sont effectivement invités à partir de lundi prochain à s’exprimer et donner leur avis sur les mobilités douces au sein de la métropole pour les prochaines années. Madame Malgorn accuse l’exécutif local de faire des tours de magie. « Le détournement d’attention est un grand classique de la prestidigitation. Les gesticulations du magicien attirent l’oeil du badaud sur un objet bien en évidence pendant que le véritable enjeu est tire de sa manche ou de sa paume », accuse l’élue bonapartiste, Madame Malgorn.
Yohann Nédelec lui répond qu’ « il n’y a pas de magie ». « La procédure de la concertation avec les Brestois a été validée par la Commission nationale du débat public (CNDP) », défend-t-il.
Les projets de mobilité durable pour la métropole d’ici 2027
Le conseil de métropole a voté la décision de choisir RATP Développement comme opérateur des transports en commun de la métropole et de ceux qui seront créés d’ici 2027 : deuxième ligne de tram, un bus à haut niveau de service entre la gare et le quartier de Lambézellec, 1 200 vélos à assistance électrique en location, des lignes de bus de nuit avec médiateurs urbains à bord pour la sécurité, 98 % de bus à faible émission de CO2, une amélioration du service pour les personnes à mobilité réduite. Le choix de ce délégataire de service public représente un contrat de 28,7 millions d’€. Un comité d’usagers des transports en commun sera aussi créé.
Éric Guellec, du groupe des élus communistes, salue ces projets mais en même temps suggère la gratuité des transports en commun pour les jeunes de 16 à 25 ans.
Plusieurs élus de divers groupes déplorent toutefois la procédure de l’opération du choix du délégataire avant même le conseil de métropole car c’est par voie de presse que les modalités et le nom du prestataire ont été connus le 1er avril dernier.
La droite, notamment le groupe RPB, par les voix de Madame Malgorn et de Bruno Sifantus mettent en garde contre le coût de tels projets urbains, autour de 380 millions d’€ et surtout contre une hausse de la taxe du « versement transport » pesant sur les entreprises, et indiquent qu’ils refuseront de la voter.
Monsieur Sifantus, en éternel Père La Rigueur, dresse une liste de risques pesant sur le contrat envisagé : « Un premier risque pèse sur les hypothèses de fréquentation, qui doivent passer de 28,9 millions de voyages à 31 millions en fin de délégation (en 2027), c’est donc aussi un risque sur les recettes ! » Il demande en conséquence « que les extensions du réseau, y compris en site propre (tram ou busway), soient étudiées en prenant en compte l’ensemble des communes de la métropole où la démographie est plus soutenue ». Il alerte aussi sur le risque de conflit social, on se souvient que Kéolis, l’actuel gestionnaire des transports en commun de Brest, « avait connu une longue grève en 2017 après la mise en oeuvre du téléphérique, qui a provoqué un déficit important de près de 350 000 voyages ».
Mais au moment du vote de cette délibération, le président de la métropole, François Cuillandre, informe qu’il a reçu dans l’après-midi un mail des avocat de la société Kéolis demandant à la collectivité brestoise de lui fournir les éléments de la Délégation de service public (DSP). La validation du vote des élus ne peut se faire qu’après le référé du tribunal. « C’est une opposition entre une filiale de la SNCF et la filiale de la RATP », résume le président de BM.
Comme lors du conseil municipal de mardi dernier, les élu(e)s de la majorité ont les yeux rivés vers les prochaines années et les prochains mandats, quitte à faire l’impasse sur les élections.
Marc Gidrol
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