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La municipalité brestoise matraque les commerçants

Les conseillers municipaux de Brest ont tenu leur conseil de rentrée aujourd'hui, jeudi 25 septembre. Les ordres du jour étaient comme d'habitude nombreux mais le conseil municipal a duré un peu moins longtemps que d'habitude, environ 2 h. Dès le début du conseil, M. le Maire, François Cuillandre, s'est félicité du passage du décret instituant Brest ainsi que quelques autres grandes villes comme métropole.

La 1ère délibération concernait le règlement intérieur du Conseil municipal pour la durée du mandat 2014-2020, qui reprend celui du Conseil communautaire comme l'interdiction pour un membre du Conseil de prendre la parole plus de trois fois et qui là aussi a été ratifié. En 2ème délibération, il était demandé aux conseiller municipaux d'approuver la Décision Modificative n°2 2014, procédant à l'ajustement du budget primitif 2014. Bernadette Abiven, 1ère Adjointe, chargée des Finances et de l'Administration générale, a bien précisé que les besoins en fonctionnement de la Ville s'élèvent à 227 000 €. Les travaux qui devaient avoir lieu à Saint-Marc sont annulés. Rassemblement Pour Brest (RPB), le groupe de l'opposition de la droite et du Centre de Bernadette Malgorn a voté contre cette délibération.

La troisième délibération portait sur le transfert de la garantie d'emprunt à hauteur de 100 % à la Fondation Centre Hélio-Marin de Roscoff (centre de santé à but non lucratif) pour un prêt d'un montant initial de 1 783 000 € contracté par l'association Ty Yann auprès de la Caisse des Dépôts et consignations (CDC), pour le financement des travaux de restructuration de ses locaux affectés au secteur social, situés rue Alain Colas à Brest. Mme Malgorn prévient « nous nous abstiendrons sur ce transfert ». M. Cuillandre précise que « Cette Fondation est présidée par quelqu'un de tout à fait respectable en la personne d'Adrien Kervella (ancien maire de Saint-Pol-de-Léon, ancien conseiller général et conseiller régional, mais surtout ancien membre du parti chiraquien, le RPR, puis de l'UMP) », ne comprenant visiblement pas pourquoi le groupe de Mme Malgorn s'abstient sur cette question.

À propos du bilan de la semaine scolaire de 4,5 jours, le partenariat pour 2014-2015 entre la Ville et les associations et institutions est poursuivi. Marc Sawicki s’enorgueillit que « c'est mieux parti cette année, on a bien fait de mettre en place cette réforme dès l'année dernière ». « Même le Recteur et la Directrice régionale de l'Enseignement se sont dits satisfaits de la dynamique et du projet d'école au sein de notre ville », ajoute encore M. Sawicki.

Le conseil municipal a aussi voté à l'unanimité deux projets de convention d'objectifs et de moyens entre la Ville et la Caisse d'Allocations Familiales (CAF) du Finistère pour le versement de la Prestation de service unique. Celle ci est versée annuellement par la CAF et a atteint environ un million d'euros en recettes de fonctionnement pour 2014. Il a aussi été décidé un projet de convention entre Brest et le Conseil général du Finistère pour une participation financière de ce dernier au fonctionnement du multi-accueil de la nouvelle Crèche de Pen-ar-Créac'h qui a ouvert ses portes en janvier dernier et qui peut accueillir des enfants handicapés.

Par ailleurs, le Conseil municipal a approuvé la convention financière liant le centre de formation de l'association Don Bosco et la Ville pour la période 2011-2014. La Ville participe à hauteur de 50 % du financement de ce centre de formation dont les frais de fonctionnement s'élèvent à 50 900 €.

Au titre de la coopération entre les établissements culturels, le tarif réduit sera appliqué à la salle des musiques actuelles, la Carène, sur présentation d'une carte d'abonné des bibliothèques brestoises. La Cinémathèque de Bretagne a fait l'objet de toutes les attentions de la part des élus municipaux, sa santé financière étant fragile ces derniers temps-ci. Une convention financière relative à une étude prospective sur l'évolution de la Cinémathèque régionale de Bretagne entre la Ville, le Département du Finistère, la Région Bretagne et le Centre national du cinéma (CNC) ainsi que l'approbation d'un projet de convention d'objectifs 2014 entre la Ville et la Cinémathèque ont été décidés. Mme Gaëlle Abily a bien précisé que c'est la Région, le principal financeur de la Cinémathèque. « Le Département, la Ville et la DRAC se sont accordés pour la nécessité de maintenir la Cinémathèque à Brest sans délocalisation ». « Cette convention inclut 3 axes : les missions et les évolutions, le modèle socio-économique et la gouvernance de l'association ». « Fin novembre nous aurons les premiers résultats, donc du coup il est proposé une convention avec la Cinémathèque », poursuit l'indéboulonnable 3ème adjointe au maire, chargée de la culture et élue communiste, Mme Gaëlle Abily. Enfin il a été décidé un tarif avantageux à 10 € lors des grandes co-productions au Mac-Orlan, en lien avec le Quartz.

Le Conseil municipal a approuvé à la majorité (RPB ayant voté contre) la convention d'exploitation pour l'installation et l'entretien de panneaux solaires intégrés sur les toits de la médiathèque des Capucins et son exploitation en échange d'un abandon de recettes de revente de l'électricité produite pour une durée de vingt années. Bernadette Malgorn réagit à cette délibération : « C'est une opération qui est elle même une annexe d'une opération que nous n'approuvons pas, donc nous voterons contre ». Les objets mobiliers des églises Saint-Louis, Saint Pierre et Saint-Paul à Brest sont dorénavant classés parmi les Monuments Historiques.

Lorsque est venu la question du tarif des places de chalets pour le Marché de Noël, une querelle de chiffonniers a éclaté entre M. Marc Berthelot (RPB) et Jean-Claude Lardic (Ensemble pour Brest, Parti socialiste). M. Berthelot contestant la hausse des tarifs de 2,1 %, « alors que celle ci devrait être calqué sur le taux d'inflation qui se situe selon le Premier ministre Manuel Valls autour de 0,5-0,8 % ». « Cette hausse systématique des tarifs déconnectés du réel, nous ne pouvons la soutenir », conclut l'élu RPB, par ailleurs membre du parti de Christine Boutin. « Aujourd'hui cette modération n'est plus un devoir, c'est une nécessité », ajoute l'élu de droite. Jean-Claude Lardic lui répond qu' « on parle de taux directeurs liés à des augmentations de tarifs ». « La manutention, les transports pour le marché de Noël, cela représente un coût pour les moyens de la collectivité, il y a une évolution. Donc le taux directeur est augmenté de 2,1 %. Quant au mot inflation, le Premier ministre l'employait au sens économique, donc il n'est pas le bon terme ici, au-delà du fait que le Premier ministre a raison ». Le baron socialiste de la Ville, M. François Cuillandre, avertit : « C'est l'usager ou c'est l'impôt qui paye ». Jean-Claude Lardic se félicite qu' « il y ait une demande forte des commerçants de rester au-delà du 24 décembre mais le coût est loin d'être couvert ». M. le maire commente : « Ce qui n'est pas payé par les commerçants qui s'y installent le serait par la Ville, donc par l'impôt, est-ce cela que l'on veut ? »demande-t-il. Le groupe RPB a voté contre cette délibération à l'exception de M. Michel Talonnec qui a voté pour à titre individuel.

Il a été par ailleurs décidé de proroger la convention d'objectifs et de moyens 2011-2013 entre la Ville, Brest Métropole Océane (BMO) et la Fédération des Commerçants et Professionnels du centre-ville, dénommée « Les Vitrines de Brest, coeur de ville ». À ce sujet Bernadette Malgorn a tenu à revenir sur le « feuilleton tragi-comique des Halles Saint-Louis, qui remonte à une quinzaine d'années ». « Vous avez opté pour une société privée, la société Phalsbourg, mais c'était en 2004, bien avant la crise économique mondiale de 2008 ». « C'est une très mauvaise situation pour les commerçants, pour l'attractivité du centre-ville. On s'est écarté du cadre initial. Donc, nous demandons qu'un point très précis soit fait sur cette affaire », demande l'élue. Jean-Luc Polard constate que « les modes de fréquentations des commerces ont évolué avec les « showrooms », où les consommateurs ne rencontrent aucun commerçant puis ils achètent sur internet. « Les conseilleurs ne sont pas les payeurs, ceux-là et les voisins malveillants ont amené les commerçants à une situation catastrophique », note M. Polard. Michel Talonnec déplore « 10 ans de tergiversation entre deux projets, l'un aux Halles Saint Louis, l'autre aux anciens entrepôts Le Bail dans la zone de Kergaradec ». Mme Véronique Bourbigot (RPB) regrette pour sa part « une diminution de cette subvention, est-ce que le devoir d'une municipalité n'est-il pas de soutenir le poumon économique brestois? » Interroge-t-elle. Michel Talonnec a voté contre cette délibération, là encore en faisant cavalier seul, tandis que le groupe RPB s'est abstenu.

La mairie a décidé une enveloppe exceptionnelle de 28 000 € au titre de la subvention pour des actions de prévention et de promotion de la santé, en lien avec l'ARS (Agence régionale de santé) de Bretagne. Ces actions concernent notamment la santé mentale. Julie Le Goïc explique que « le but est de s'attaquer à la racine du mal des problèmes urbains, la souffrance psychique de nos habitants ». Par ailleurs, la ville de Brest manque d'un nombre suffisant de médecins dans certaines spécialités, c'est le cas en gynécologie et en ophtalmologie. Mais, les problèmes sont en cours de résolution, un centre d'urgences ophtalmologiques vient d'ouvrir l'an dernier au Centre Hospitalier Régional Universitaire de Brest. Christine Margogne (RPB) s'insurge qu'il faille « attendre à Brest plus d'un an pour avoir un rendez-vous avec un ophtalmologiste, alors que j'ai une amie qui a eu un rendez-vous en moins d'un mois avec un ophtalmologiste à Morlaix ! » François Cuillandre fait remarquer que « c'est un problème national qui est lié depuis des années au numerus clausus des facultés de médecine ainsi qu'aux rigueurs budgétaires (des différents gouvernements depuis une dizaine d'années), c'est pareil dans toute la France ». Il a aussi été décidé un projet de convention entre la Ville et l'ARS de Bretagne pour le financement pluriannuel 2014-2016 d'actions de promotion de l'équilibre alimentaire à destination des élèves des classes de CP. Concrètement, les actions tournent autour de l'éveil au goût, de la promotion des soins dentaires, etc.

Les conseils consultatifs de quartier seront renouvelés en janvier 2015, après plus de dix ans d'existence (ceux-ci ont été crées en 2003), les élus de la Ville envisagent de les étendre à davantage de jeunes.

Ce fut un conseil municipal riche en délibérations, en joutes verbales et en chiffres. Avec un constat qui ressort de certaines de ces délibérations, c'est que comme l'a justement remarqué l'opposition, la mairie ne fait rien pour aider les commerçants dans cette période de crise économique et même pire, a augmenté les tarifs de location des places de chalets du marché de Noël de 2,1 %. On peut parler à ce sujet d'un matraquage de ces « salauds de commerçants », pour reprendre l'expression de Michel Talonnec qui parlait en plaisantant de ce que pensent les socialistes des commerçants. 

Marc Gidrol

Commentaires

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