Le conseil métropolitain de Brest
s'est réuni pour la dernière fois avant la pause estivale, vendredi
24 juin. Le Compte administratif 2015 était à l'ordre du jour
notamment. L'occasion de joutes verbales colorées entre la majorité
et l'opposition.
L'avenir de la salle Avenir dans le
quartier de Saint-Martin
Le collectif « pas d'avenir sans
avenir » est intervenu en tout début de séance. Ce collectif
créé en septembre dernier s'insurge contre le projet immobilier en
lieu et place de la salle de l'Avenir, place Guérin, dans le
quartier de Saint-Martin. La première réunion publique avait lieu
en janvier 2016. « Un renouvellement urbain ne concerne
pas uniquement l'immobilier », assure un de ses
membres. « Donc, nous demandons l'abandon du projet »,
exigent les défenseurs du collectif.
Mme Collovati, du groupe d'opposition
Brest Alternative (BA) demande à l'équipe dirigeante de la
métropole : « En 2016, qu'en est-il de cette salle
de l'Avenir qui n'existe toujours pas ? » Elle
rappelle qu' « une délibération avait été votée
le 27 janvier 2006 ». Ronan Pichon (EELV) note « une
contradiction entre le projet annoncé initialement et les
modifications ultérieures ».
Patrick Appéré (Brest Nouvelle
Citoyenneté- Une Autre Gauche) souligne lui qu' « une
dynamique sociale mérite de pouvoir s'appuyer sur un équipement de
quartier. Le besoin d'une salle polyvalente concerne tout le
centre-ville », ajoute-t-il. « Le besoin de
locaux pour les associations à Saint-Martin doit trouver une réponse
avec la salle polyvalente ».
Bernadette Malgorn, la chef de file de
l'opposition brestoise, responsable du groupe Rassemblement Pour
Brest (RPB), s'inquiète que « cet équipement Avenir a
son avenir bouché, c'est le cas de le dire ». Nous
attendons tous des réponses de votre part ». Thierry
Fayret, vice-président de Brest Métropole, en charge en charge de
l'urbanisme, de l'habitat et du plan climat, rappelle pour sa part le
coût de la rénovation de cette salle : « Le coût
de cette salle se situe entre 2 et 2,5 millions d'€ pour la
rénovation de cette salle votée en 2006 ».
« Aujourd'hui nous n'avons pas le budget prévu pour
cette salle. La liste des projets est plus longue pour ceux à venir
que pour les projets prévus ».
« Le projet en cours
s'inscrit dans la ZAC multisites de Saint-Martin. Le 19 novembre nous
avons rencontré les membres du PL (Patronage laïque) Guérin. Le
projet a été retravaillé à ce moment là, puis à nouveau lors
d'une réunion publique le 27 janvier », refait
l'historique du projet M. Fayret. « Il ne faut pas se
cristalliser que sur cette parcelle », prévient-il.
Puis il rappelle les réalisations de la municipalité et de la
métropole dans ce quartier populaire de Brest. « En
2004, nous avons réhabilité les halles Saint-Martin pour un coût
de 2,5 millions d'€. 500 logements ont été rénovés à cette
occasion pour 30 millions d'€. En tout, de 2007 à 2013, la ZAC
multisites a vu la construction de 220 logements avec des petits
logements et des logements de moyenne à grande taille, plus 45
logements pour seniors à Proudhon », se félicite le
jeune élu.
« Dernière opération
immobilière en date, celle concernant la rénovation de 30
logements. Ce sont 1,000 habitants qui drainent le dynamisme de ce
quartier ». « Il ne faut pas oublier les
engagements de la ville avec par exemple la réhabilitation du lavoir
de Saint-Martin ». Le président de Brest Métropole et
maire de Brest, M. François Cuillandre, ajoute : « L'immeuble
de la rue Proudhon a été inauguré en novembre dernier. À cette
occasion, un tract a circulé qui m'a permis d'apprendre un nouveau
mot, celui de gentrification » (la gentrification,
terme anglais, veut dire l'arrivée ou le retour des catégories
socio-professionnelles supérieures, CSP+, dans les quartiers
populaires des centres-villes). Il fait remarquer que « nous
avons conservé la façade de l'immeuble Proudhon pour sa valeur
patrimoniale ». Cet immeuble comporte 18 logements
sociaux appartenant à Brest Métropole Habitat (BMH) et une
résidence senior gérée également par BMH.
La couleur est annoncée dans le
compte administratif 2015
La délibération sur le Compte
administratif 2015 de BM a pu être votée après cette intervention
liminaire en début de séance. Mme Bernadette Abiven,
vice-présidente de BM en charge des Finances a rappelé les deux
priorités de la métropole en matière budgétaire :
« maintenir et développer l'attractivité du territoire
et garantir le désendettement ». Elle rappelle les
chiffres. Le niveau d'investissement de la métropole se monte à 67
millions d'€. Brest Métropole investit et entend jouer chaque jour
son rôle moteur pour l'Ouest breton, avec par exemple la marque
« Brest Life,
ou encore les Assises du commerce », cite l'élue.
« Tout cela est fait alors que nous subissons une baisse
de 5,5 millions d'€ de dotations versées par l'État »,
précise Bernadette Abiven.
Les dépenses s'élèvent en tout à
366 millions d'euros, « dans la même proportion que l'an
dernier », justifie-t-elle. Les recettes de
fonctionnement baissent de 0,3 % par rapport à 2014. La production
de fiscalité locale atteint 82,7 millions d'€. Le produit de la
fiscalité économique. Le produit de la fiscalité locale reste
stable à 0,5 %.
Les dépenses de fonctionnement
baissent de 0,8 % hors frais financiers.
La masse salariale est maîtrisée
selon Mme Abiven, avec une petite augmentation de 0,2 %.
Les charges à caractère générales
diminuent de 0,6 %.
Les subventions et les contingents
versés par la métropole aux associations augmentent bel et bien,
malgré un contexte tendu avec la baisse des DGF aux collectivités
locales.
L'excédent global de BM à la clôture
est de 0,7 millions d'€.
Le budget annexe se compose comme
suit :
Les dépenses d'Eau et d'assainissement
sont limités.
Eau : 3,2 millions d'€
assainissement : 5,3 millions d'€.
Le budget d'extension de chaleur :
5,4 millions d'euros.
L' épargne :
L'épargne brute : 52,8 millions
d'€
l'épargne nette : 21 millions
d'€.
La dette de la métropole diminue de 4
millions d'€. « Le désendettement se poursuit »,
s'enorgueillit Bernadette Abiven. « Nous sommes dans le
vert », conclut l'élue.
Mme Abiven avance encore fièrement
qu' « en 2015, 36 % des réalisations ont été
autofinancées ».
Bernadette Malgorn, pour sa part, là
où Mme Abiven dit « vert » pour le budget
administratif, elle au contraire voit « orange ».
« Vous avez fixé des objectifs de stabilisation à long
terme — comprendre, pas de désendettement — et de ratio bien
coloré en orange ». La cheffe de file de l'opposition
brestoise met en cause « des gros investissements engagés
sans précaution (qui)
commence à montrer (leurs)
effets sur la capacité à relancer l'économie locale tout en
maintenant un niveau de service élevé ». L'élue
gaulliste alerte sur le « niveau d'investissement, qui
subit comme prévu une baisse globale d'environ 20 % pour se limiter
à une centaine de millions d'€ (…) Plus grave,
dans cette baisse, les financements réels d'équipements comptent
pour 12,6 %, sans que cette baisse permette une contribution
suffisante à la réduction de l'endettement »,
prévient l'élue.
« C'est tout le plan
pluriannuel d'investissement qui se trouve impacté, d'autant plus
qu'il intègre désormais tram et téléphérique. Le projet des
Capucins avec son environnement représente ainsi à lui seul en 2015
près de 16,5 millions d'€ ». Elle dénonce aussi une
hausse des impôts sur Brest métropole. « Le produit
global des impôts et taxes bondit encore de 2,6 %. (…) La
fiscalité locale (qui)
augmente de 5 millions d'€ soit une augmentation de 3,6 % sur un an
et qui touche principalement l'habitat et la compensation de la
baisse des dotations de l'État, réduisant à peu de choses la
contribution de notre collectivité au redressement des finances
publiques, pour reprendre la terminologie officielle, cette façon
délicieuse qu'ont les socialistes d'habiller de vertu leurs coups
fourrés ».
Bernadette Abiven s'emporte :
« Que cela signifie-t-il de voir une collectivité qui
investit autant dans les transports (le
tram et le téléphérique, NDLR) et qui arrive
aujourd'hui malgré cet investissement à se désendetter ?»
« On ne doit pas avoir les mêmes définitions des
couleurs, car nous sommes dans le vert, ce qui signifie qu'on est
dans un cycle vertueux », ajoute-t-elle.
François Cuillandre demande à
l'opposition : « Si vous ne voulez plus de logements
sociaux dites-le clairement. Tout ce qu'on fait en dépenses et en
recettes est contrôlé par le Trésor public, donc par l'État »,
explique-t-il. « Vous imaginez qu’on monte ces
structures pour cacher des choses et ça en devient énervant »,
s'emporte lui aussi M. Cuillandre. Bernadette Malgorn
rétorque : « Entre Veolia et la SPL (Société
Publique Locale, NDLR), à Veolia nous ne sommes
pas responsables de la dette ».
Contrairement à Mme Malgorn, sa
collègue de l'opposition brestoise, Mme Collovati (BA) loue dans ce
budget administratif pour l'année 2015 « de véritables
intentions de rigueur qui avaient fait défaut l'an dernier ».
Toutefois elle a prévenu que « le groupe Brest
Alternative s'abstiendra uniquement » lors du vote, au
lieu de voter contre ce budget administratif.
Christian Guyonvarc'h, pour le groupe
Pays de Brest Solidaire (PBS) déplore « une baisse de la
DGF sur BM en 2015 de 13 % ». Il insiste sur « le
souci de préserver les dépenses dans le social ».
Dominique Cap, maire Les Républicains
de Plougastel-Daoulas, s'émeut d' « une nouvelle
diminution de la subvention au musée de la Fraise et du
Patrimoine ». « Après le Brexit,nous ne
ferons pas le Brestit », faisant allusion au vote des
Britanniques au référendum sur une sortie de la Grande-Bretagne de
l'Union européenne et qui a vu le vote « leave »,
soit le départ du Royaume-Uni l'emporter à 52 % des voix jeudi 23
juin.
Le conseil métropolitain a aussi
décidé dans sa grande clémence d'admettre en non-valeurs des
créances irrécouvrables et des créances éteintes pour la période
comprise entre 2004 et 2015. Ces dettes irrécouvrables et ces
créances éteintes se montent tout de même à 38.420 € et 20
centimes.
Le projet de stratégie
métropolitaine de développement économique
Michel Gourtay a présenté le projet
partenarial de stratégie métropolitaine de développement
économique. « Ce projet a été initié par Brest
métropole il y a 10 mois », rappelle l'élu
socialiste, ancien président de la CCI de Brest. « Deux
raisons à ce projet, d'une part Brest est devenu métropole et doit
régler avec le Conseil Départemental son nouveau statut, d'autre
part le souci premier est de placer le développement économique et
donc l'emploi au premier rang des préoccupations ».
« Environ 400 acteurs
publics comme privés se sont unis à la démarche initiée par BM »,
expose M. Gourtay. Il avance que «ce projet a permis la création de
185.000 emplois sur la zone d'emploi de Brest ». Il cite aussi
en exergue le label Brest Tech + dans le domaine du numérique,
regroupant les pôles de Lannion, Morlaix et Brest et s'inscrivant
dans la French tech française. Il prend comme exemple aussi
parmi les réalisations, le pôle mer d'excellence avec les ports de
Roscoff et Concarneau.
Roselyne Filippe, élue du groupe de la
gauche radicale Brest Nouvelle Citoyenneté(BNC)-L'Autre Gauche a
souhaité « féliciter ce travail ».
Christian Guyonvarc'h, l'élu régionaliste met l'accent pour sa part
sur le « risque de décrochage entre l'est et l'ouest de
la Bretagne, qui menace la cohésion de la région ».
Il rappelle une demande du conseil de développement régional :
« Donner une plus grande place à la culture bretonne ».
L'élu régionaliste demande aussi une meilleure solidarité dans
tout « l'ouest breton avec notamment le pays de Guingamp
et le pays de Lorient . Mieux vaut les avoir avec
nous plutôt qu'avec nos amis de Rennes et de Nantes »,
plaide M. Guyonvarc'h.
Ronan Le Pichon, élu Europe Écologie
Les Verts (EELV), « approuve la politique économique
métropolitaine » menée. « Un territoire
doit d'abord se rendre attractif pour et par ses habitants avant
d'attirer de nouveaux habitants », insiste l'élu
écologiste. Il rappelle aussi que « l'agriculture (qui)
pèse pour plus de 10 % des emplois dans le pays de Brest comprend
aussi le volet de l'agriculture biologique (qui
est ) en pleine croissance, avec un nombre
d'emplois multiplié par deux tous les quatre ans ».
Bernadette Malgorn nuance toutefois cet
optimisme d'une bonne partie de l'assemblée métropolitaine :
« La pierre d'achoppement c'est la question du
déséquilibre est-ouest de la région. Il faut attendre le défi 3
et l'objectif 10 pour obtenir une définition un peu molle des
transports. Cela manque de force dans l'affirmation de ce qui est
notre handicap, à savoir notre désenclavement géographique »,
pointe l'élue de l'opposition.
La majorité métropolitaine de gauche
et l'opposition de droite n'ont pas la même lecture des chiffres
économiques ni la même vision de l'avenir de la métropole. À cela
rien d'étonnant après tout dans une démocratie digne de ce nom.
Ils n'ont pas non plus la même vision des couleurs. Le tableau de la situation, comme on dit, n'est pas tout
blanc ou tout noir, mais en général dans une nuance de gris.
Marc Gidrol
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