Le Conseil municipal de Brest s'est réuni jeudi 8 décembre. Et comme on pouvait le prévoir, il a été assez houleux, en raison des mesures d'austérité annoncées par la presse et "le fait du prince"pour la médiathèque des Capucins.
La première salve d'attaques est venue comme d'habitude du groupe RPB et surtout de sa meneuse, Mme Bernadette Malgorn. Elle reproche au maire de la ville d'avoir tardé à se rendre compte de la santé financière de la ville, alors que la municipalité est accusée de vouloir appliquer un programme d'austérité local. "Il vous aura fallu plus de trois ans, M. le maire, pour partager notre constat que vous contestiez jusqu'à présent, assimilant notre lucidité à du déclinisme ou du dénigrement", lance l'ancienne Préfète de la Région Bretagne. "Encore y avez-vous été acculé par la fuite dans la presse et les réseaux sociaux de votre catalogue de restrictions budgétaires. À moins qu'il ne s'agisse d'un ballon d'essai : on agite l'épouvantail d'une rigueur drastique et tout adoucissement sera mis au crédit de votre magnanimité", poursuit Bernadette Malgorn.
François Cuillandre réitère ses propos :"Si rien ne bouge nous irons à l'horizon 2021 dans le mur, parce que les recettes diminuent depuis 2013, pour un montant total de moins 6,8 milliards d'€". Puis il tacle à son tour la cheffe de file de l'opposition brestoise :"M. Fillon que Mme Malgorn soutient depuis 3 jours … allez on va dire depuis un peu plus d'une semaine prévoit en particulier de baisser encore plus les dotations aux collectivités". "La DGF baisse et ce n'est pas spécifique à Brest", précise l'édile de Brest.
Il soutient aussi que contrairement aux insinuations de Mme Malgorn, "on a baissé les taux des impôts ici". "À Brest, les impôts et taxes augmentent", avait déclaré Mme Malgorn dans son réquisitoire contre le maire. Pour elle, il faut "stabiliser la pression fiscale pas seulement les taux". Il faut aussi "mettre un terme aux opérations de prestige. Il était encore temps de renoncer au téléphérique, d'adopter une autre méthode et un autre calendrier pour le site des Capucins qui d'évidence doit être articulé avec la Penfeld, et vous oubliez toujours que les investissements peuvent induire des charges supplémentaires de fonctionnent".
Dès lors Mme Malgorn n'hésite pas à qualifier le maire de "pas shérif, mais cost-killer". Et elle le compare même "au Mickey de Fantasia, étourdi par la danse endiablée des seaux et des balais, impuissant devant les débordements qu'il a provoqués et auxquels il ne sait pas faire face". D'autant que "les données étaient connus dès 2012-2013 et donc vous auriez pu bâtir un autre schéma de budget", explique Mme Malgorn.
L'autre Bernadette du Conseil municipal, Bernadette Abiven, Première adjointe au maire, se défend : "L'austérité ici n'est pas le sujet. Les finances de la ville sont saines parce que nous avons fait des choix depuis longtemps". Mme Abiven demande ensuite "quels sont pour demain les enjeux du service public sur notre territoire ?" Elle répond elle-même qu'"il faut faire évoluer les services publics pour qu'ils soient en phase avec le territoire et ses habitants". Elle conclut : "Notre démarche est une démarche anticipée, collective et démocrate".
L'élue trublion de la gauche, Mme Julie Le Goïc, vent debout contre l'annonce de ces mesures d'austérité : "Nous avons tous ici dénoncé le sort réservé à la Grèce, à l'Espagne. Pourquoi l'austérité deviendrait-elle à Brest acceptable ?" Puis l'enfant terrible de la gauche brestoise lance à M. Cuillandre : "On ne peut que craindre que vous vous engagiez sur la même voie que le Parti socialiste au plan national". "Le Parti communiste et Europe Écologie Les Verts dénoncent toujours ce type de mesures aux niveau national", rappelle-t-elle à l'adresse des alliés des socialistes dans la majorité municipale.
Tous les élus de quelque bord qu'ils soient sont d'accord pour dire qu'il faut préserver les services publics pour assurer la cohésion sociale.
Fortuné Pellicano prend du galon
La première délibération concernait l'élection du 10ème adjoint au maire en remplacement de M. Jean-Claude Lardic "qui a démissionné pour des raisons personnelles et non politique contrairement à ce qu'on peut lire sur les réseaux sociaux sur Internet", tient à préciser M. le maire. C'est M. Fortuné Pellicano, seul nom proposé pour ce poste qui a été élu haut la main lors de ce conseil par 28 voix contre 17 bulletins bulletins blancs. Là encore la droite et le centre brestois attaquent par la voix de Mme Claudine Péron. Elle dénonce "une dérive du fonctionnement démocratique de notre collectivité tout à fait inquiétante", dans la mesure où "lors de la commission de préparation de ce conseil on nous a refusé le droit de connaître le nom de la personne que vous proposez pour le remplacement de monsieur Lardic".
Elle rappelle au passage que M. Cuillandre commence à être coutumier du fait, car lors du dernier conseil municipal il était passé en force pour faire adopter le nom François Mitterrand pour la Médiathèque des Capucins. Mme Péron dénonce ainsi "le fait du prince". "Nous étions 28 conseillers, hormis le groupe socialiste, à dire notre opposition à l'attribution de ce nom", rappelle-t-elle. Elle informe aussi qu'"une pétition citoyenne circule sur Internet" demandant "à être consultée sur l'attribution d'un nom pour la médiathèque des Capucins". "Cette pétition a déjà obtenu des centaines de signatures", d'après l'élue de droite.
En réponse, Jean-Luc Polard, adjoint au maire ironise : "Nous devrions tenir compte des rumeurs sur Internet". "Le peuple a raison sur Internet", renchérit-il. "Mme Péron, vous n'êtes pas de la fracture numérique mais de la fracture démocratique", lance-t-il à l'adresse de l'ancienne commerçante brestoise.
Le beurre et l'argent du beurre
Au sujet de la Société d'Économie Mixte (SEM) Brest'Aim, dont le Conseil municipal devait approuver le rapport d'observations de la Chambre régionale de comptes de Bretagne, l'opposition dénonce un mélange des genres. Ainsi, M. Brune Sifantus relève que "la Chambre des comptes pointe dans son rapport sur ce que nous considérions comme des anomalies, notamment l'utilisation des subventions d'exploitation". Il dénonce ce qu'il appelle "le beurre du service public et l'argent du beurre du privé en quelque sorte". M. Cuillandre lui répond : "M. Sifantus vous imaginez 30 secondes qu'on va demander aux spectateurs du Quartz ou de l'Arena de payer le prix exact des spectacles mais il n'y aura plus personne".
Au total, ce fut un conseil municipal franc et tendu mais ponctué de bons mots. L'humour n'est jamais bien loin en politique. La droite et le centre brestois (RPB et BA) enfoncent le clou sur les dérives autoritaires du maire et sur la compréhension à retardement de la situation financière de la ville par celui-ci. Mais ce dernier est solidement soutenu par sa majorité pour l'instant. Il se défend de mettre en place des mesures austéritaires.
Marc Gidrol
La première salve d'attaques est venue comme d'habitude du groupe RPB et surtout de sa meneuse, Mme Bernadette Malgorn. Elle reproche au maire de la ville d'avoir tardé à se rendre compte de la santé financière de la ville, alors que la municipalité est accusée de vouloir appliquer un programme d'austérité local. "Il vous aura fallu plus de trois ans, M. le maire, pour partager notre constat que vous contestiez jusqu'à présent, assimilant notre lucidité à du déclinisme ou du dénigrement", lance l'ancienne Préfète de la Région Bretagne. "Encore y avez-vous été acculé par la fuite dans la presse et les réseaux sociaux de votre catalogue de restrictions budgétaires. À moins qu'il ne s'agisse d'un ballon d'essai : on agite l'épouvantail d'une rigueur drastique et tout adoucissement sera mis au crédit de votre magnanimité", poursuit Bernadette Malgorn.
François Cuillandre réitère ses propos :"Si rien ne bouge nous irons à l'horizon 2021 dans le mur, parce que les recettes diminuent depuis 2013, pour un montant total de moins 6,8 milliards d'€". Puis il tacle à son tour la cheffe de file de l'opposition brestoise :"M. Fillon que Mme Malgorn soutient depuis 3 jours … allez on va dire depuis un peu plus d'une semaine prévoit en particulier de baisser encore plus les dotations aux collectivités". "La DGF baisse et ce n'est pas spécifique à Brest", précise l'édile de Brest.
Il soutient aussi que contrairement aux insinuations de Mme Malgorn, "on a baissé les taux des impôts ici". "À Brest, les impôts et taxes augmentent", avait déclaré Mme Malgorn dans son réquisitoire contre le maire. Pour elle, il faut "stabiliser la pression fiscale pas seulement les taux". Il faut aussi "mettre un terme aux opérations de prestige. Il était encore temps de renoncer au téléphérique, d'adopter une autre méthode et un autre calendrier pour le site des Capucins qui d'évidence doit être articulé avec la Penfeld, et vous oubliez toujours que les investissements peuvent induire des charges supplémentaires de fonctionnent".
Dès lors Mme Malgorn n'hésite pas à qualifier le maire de "pas shérif, mais cost-killer". Et elle le compare même "au Mickey de Fantasia, étourdi par la danse endiablée des seaux et des balais, impuissant devant les débordements qu'il a provoqués et auxquels il ne sait pas faire face". D'autant que "les données étaient connus dès 2012-2013 et donc vous auriez pu bâtir un autre schéma de budget", explique Mme Malgorn.
L'autre Bernadette du Conseil municipal, Bernadette Abiven, Première adjointe au maire, se défend : "L'austérité ici n'est pas le sujet. Les finances de la ville sont saines parce que nous avons fait des choix depuis longtemps". Mme Abiven demande ensuite "quels sont pour demain les enjeux du service public sur notre territoire ?" Elle répond elle-même qu'"il faut faire évoluer les services publics pour qu'ils soient en phase avec le territoire et ses habitants". Elle conclut : "Notre démarche est une démarche anticipée, collective et démocrate".
L'élue trublion de la gauche, Mme Julie Le Goïc, vent debout contre l'annonce de ces mesures d'austérité : "Nous avons tous ici dénoncé le sort réservé à la Grèce, à l'Espagne. Pourquoi l'austérité deviendrait-elle à Brest acceptable ?" Puis l'enfant terrible de la gauche brestoise lance à M. Cuillandre : "On ne peut que craindre que vous vous engagiez sur la même voie que le Parti socialiste au plan national". "Le Parti communiste et Europe Écologie Les Verts dénoncent toujours ce type de mesures aux niveau national", rappelle-t-elle à l'adresse des alliés des socialistes dans la majorité municipale.
Tous les élus de quelque bord qu'ils soient sont d'accord pour dire qu'il faut préserver les services publics pour assurer la cohésion sociale.
Fortuné Pellicano prend du galon
La première délibération concernait l'élection du 10ème adjoint au maire en remplacement de M. Jean-Claude Lardic "qui a démissionné pour des raisons personnelles et non politique contrairement à ce qu'on peut lire sur les réseaux sociaux sur Internet", tient à préciser M. le maire. C'est M. Fortuné Pellicano, seul nom proposé pour ce poste qui a été élu haut la main lors de ce conseil par 28 voix contre 17 bulletins bulletins blancs. Là encore la droite et le centre brestois attaquent par la voix de Mme Claudine Péron. Elle dénonce "une dérive du fonctionnement démocratique de notre collectivité tout à fait inquiétante", dans la mesure où "lors de la commission de préparation de ce conseil on nous a refusé le droit de connaître le nom de la personne que vous proposez pour le remplacement de monsieur Lardic".
Elle rappelle au passage que M. Cuillandre commence à être coutumier du fait, car lors du dernier conseil municipal il était passé en force pour faire adopter le nom François Mitterrand pour la Médiathèque des Capucins. Mme Péron dénonce ainsi "le fait du prince". "Nous étions 28 conseillers, hormis le groupe socialiste, à dire notre opposition à l'attribution de ce nom", rappelle-t-elle. Elle informe aussi qu'"une pétition citoyenne circule sur Internet" demandant "à être consultée sur l'attribution d'un nom pour la médiathèque des Capucins". "Cette pétition a déjà obtenu des centaines de signatures", d'après l'élue de droite.
En réponse, Jean-Luc Polard, adjoint au maire ironise : "Nous devrions tenir compte des rumeurs sur Internet". "Le peuple a raison sur Internet", renchérit-il. "Mme Péron, vous n'êtes pas de la fracture numérique mais de la fracture démocratique", lance-t-il à l'adresse de l'ancienne commerçante brestoise.
Le beurre et l'argent du beurre
Au sujet de la Société d'Économie Mixte (SEM) Brest'Aim, dont le Conseil municipal devait approuver le rapport d'observations de la Chambre régionale de comptes de Bretagne, l'opposition dénonce un mélange des genres. Ainsi, M. Brune Sifantus relève que "la Chambre des comptes pointe dans son rapport sur ce que nous considérions comme des anomalies, notamment l'utilisation des subventions d'exploitation". Il dénonce ce qu'il appelle "le beurre du service public et l'argent du beurre du privé en quelque sorte". M. Cuillandre lui répond : "M. Sifantus vous imaginez 30 secondes qu'on va demander aux spectateurs du Quartz ou de l'Arena de payer le prix exact des spectacles mais il n'y aura plus personne".
Au total, ce fut un conseil municipal franc et tendu mais ponctué de bons mots. L'humour n'est jamais bien loin en politique. La droite et le centre brestois (RPB et BA) enfoncent le clou sur les dérives autoritaires du maire et sur la compréhension à retardement de la situation financière de la ville par celui-ci. Mais ce dernier est solidement soutenu par sa majorité pour l'instant. Il se défend de mettre en place des mesures austéritaires.
Marc Gidrol
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