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Au conseil municipal de Brest le débat électoral s’invite

Lors du conseil municipal du jeudi 11 mai 2017, il a été procédé à l’élection du 8ème adjoint au maire de Brest en la personne de Émilie Kuchel par 40 voix. L’intéressée souhaite « faire partie de l’équipe municipale le plus longtemps possible et faire du mieux possible » son travail d’élue municipale. 

Parmi les interventions préliminaires au conseil, la première — cette fois-ci — à s’exprimer, Mme Collovati, du groupe d’opposition de centre droit, Brest Alternative (BA), rappelle que le Conseil constitutionnel a invalidé 16 000 voix sur toute la France pour absence d’assesseurs dans certains bureaux de vote. Elle se réjouit que l’appel citoyen à être assesseur dans les bureaux de vote brestois ait été « un succès » et qui a permis de pallier au manque d’assesseurs des deux finalistes au second tour, car ceux-ci n’avaient « finalement fourni que 104 assesseurs sur un total de 284 assesseurs qu’il aurait fallu donc il aurait manqué encore 180 assesseurs sans la liste citoyenne ». 

Elle émet donc le souhait que « cette liste citoyenne soit reconduite pour les législatives ». Ce à quoi le maire de Brest, François Cuillandre, répond qu’il souhaite qu’ « ils continuent leur action citoyenne lors des législatives ». Il ajoute qu’ « environ 500 personnes ont répondu à cet appel » et que face à ce succès il a même fallu refuser du monde.

Le FN : « Je crois qu’il se passe quelque chose de grave dans le pays ».

Claude Bellec, élue communiste, tout en se réjouissant que la candidate FN au 2nd tour, Mme Marine Le Pen, ne soit pas élue, s’alarme du score national, 35 %, et de la progression de son score même en terre jusque là rétive au idées de l’extrême droite comme en Bretagne et plus particulièrement dans le département du Finistère et à Brest. Elle dénonce « la banalisation des idées du Front national ». Même à Brest, jusqu’à il y a peu encore surnommée Brest la Rouge, la candidate frontiste a obtenue ici 21,46 % des voix. « Le FN fait des scores élevés dans les quartiers populaires », s’étonne-t-elle. « Cela doit nous inciter à intensifier nos actions de solidarité envers les populations les plus fragiles dans ces quartiers », conclut l’élue communiste. 

Mme Bellec l’explique aussi par un « second tour qui n’a pas mobilisé les foules ». D’un certain côté elle ne peut que s’en prendre à son candidat à l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, qui a eu une attitude ambigüe en n’appelant pas à voter pour E. Macron pour faire barrage au FN. En parlant du nouveau président elle estime que « ce n’est sûrement pas lui qui portera les espérances des salariés ». 

Même son de cloche auprès de l’élue UDB, Anne-Marie Kervern. La doyenne du conseil municipal s’inquiète aussi du « vote trop élevé à Brest concernant la candidate de l’extrême droite ». Jule Le Goïc, la fameuse trublion de la gauche brestoise, soutien de Jean-Luc Mélenchon, se dit « stupéfaite devant les déclarations des uns et des autres » et qu’ « il n’y a pas de quoi se réjouir devant le score élevé du FN ». « Je crois qu’il se passe quelque chose de grave dans le pays », diagnostique-t-elle. 

Un bilan de mi-mandat version Malgorn

La porte-parole du principal groupe d’opposition municipal de droite et centre-droit, Rassemblement pour Brest (RPB), Bernadette Malgorn, appelle de ses voeux « un premier état des lieux à mi-mandat » municipal. « Vous seriez surpris de m’en voir tracer une image globalement positive ». « Ce serait étonnant », répond F. Cuillandre avec un petit sourire. 

Mme B. Malgorn pointe les faiblesses, selon elle, de la politique du premier édile brestois. Elle reproche tout d’abord à F. Cuillandre de ne pas avoir « anticipé la baisse des dotations aux collectivités locales pourtant annoncées dès la fin 2012 ». « Nous l’avions (NDLR, cette baisse) intégré »  dans le programme de RPB aux élections municipales de 2014, dit-elle. « Vous non, préférant cacher une réalité pour afficher un programme plus flatteur », s’insurge-t-elle. 

La grognonne du conseil municipal rappelle alors la phrase lâchée par F. Cuillandre en décembre 2016 dans la presse locale : « Si on ne fait rien, en 2020 on va dans le mur ». La chef de file de la droite brestoise condamne depuis « une politique du rabot, dans un catalogue de mesures sans discernement ». Mme Malgorn dénonce ensuite « un dialogue social (qui) patine ». «  Et ce sont les Brestois qui en font les frais dans leur vie quotidienne comme on l’a vu récemment dans le conflit des transports en commun », déplore-t-elle. 

Elle ajoute aussi à la liste de son réquisitoire telle une témoin à charge contre le maire et sa gestion municipale de la ville « la concertation » qui « tourne trop souvent au simulacre ». Enfin concernant le problème de l’insécurité, qui est « devenue hélas une préoccupation récurrente pour nos concitoyens », là aussi elle rappelle les faits divers récents survenus notamment dans le quartier « sensible » de Pontanézen mardi 9 mai. « Le tramway vient encore de se faire caillasser, des véhicules appartenant souvent à nos concitoyens les moins aisés crament aux pieds de leurs immeubles, les petits délinquants et trafiquants prospèrent et narguent les honnêtes gens et les commerçants dans bon nombre de quartiers de la ville et quasiment jusqu’au pied de l’hôtel de ville ». 

Elle rappelle les mesures que l’opposition préconise depuis de nombreuses années : « …Des solutions éprouvées partout ailleurs et de nature à soulager la police nationale déjà fortement sollicitée sur tous les terrains (NDLR, une police municipale, des caméras de vidéo-surveillance) ». « Vous vous obstinez à les rejeter », déplore-t-elle. En revanche, elle se réjouit d’avoir « lu dans la presse » qu’un audit sur la sécurité des écoles « aurait finalement été lancé ». « Depuis 2014, notre groupe attire votre attention sur la nécessité de réaliser un audit général pour établir un diagnostic de la sécurité dans et autour des écoles et pour programmer les travaux nécessaires ainsi que les mesures de sécurisation réglementaires ou humaines », remémore-t-elle. 

Elle redit son opposition à « la méthode à la hussarde » sur l’aménagement du temps de l’enfant. Elle demande donc au maire ses « intentions » pour la prochaine rentrée scolaire. Enfin elle se félicite — ce qui est rare — de l’inventaire du patrimoine de la ville au menu de l’ordre du jour de ce conseil municipal. « Un patrimoine vieillissant dont la gestion et l’entretien prime sur votre frénésie des mètres carrés supplémentaires », souligne-t-elle.

En ces temps de crise démocratique, elle exprime sa vision d’un « conseil municipal (qui) devrait être le lieu du débat démocratique ». « Vous avez raison », lui rétorque le maire et président de Brest Métropole. Avant d’ajouter : « Mon programme est respecté, j’ai l’habitude de respecter ce qui est dans mon programme ».

La municipalité a décidé d’accorder des subventions aux associations pour un montant total de 3 579 239 €. 

Le logement social, marqueur du clivage politique

Le conseil municipal a approuvé à la majorité deux garanties d’emprunts pour deux projets de logements sociaux. L’un pour un prêt d’un montant de 1 440 000 € pour la SA HLM Aiguillon Construction, contracté auprès de la Caisse des dépôts et consignations et visant à la construction de 16 logements dans la ZAC Messioual. L’autre garantie d’emprunt acceptée concerne une opération de démolition-reconstruction de 7 logements au 13, rue Marceau à Brest. Ce projet nécessite un prêt de 304 749 €. RPB a voté contre ces deux délibérations. Ce qui fait dire à M. le maire que « certains disent (NDLR, E. Macron, le nouveau Président, notamment) que le clivage Gauche/Droite n’existe plus, on voit que sur le logement social ce clivage existe toujours ! »

Julie Le Goïc, nouvelle opposante de la gauche radicale au maire s’insurge : « Vous êtes drôlement gonflé ! ». Jean-Luc Polard, adjoint au maire, ironise : « C’est l’hôpital qui se moque de la charité ». Quant à la meneuse de l’opposition de droite, Mme B. Malgorn, elle avance pour sa défense que « (nous) sommes favorables aux garanties d’emprunts lorsque celles-ci concernent des destructions or ici à Messioual il s’agit d’une extension urbaine excessive ! ».

De la pollution visuelle

La mairie a aussi décidé d’augmenter de 1,1 % la taxe locale sur la publicité extérieure (TLPE). Michel Calonnec (RPB), ancien commerçant lui-même, s’insurge contre cette décision pesant sur les entreprises : « À un moment où toute monde veut baisser les charges, même au plus haut sommet de l’État, votre groupe veut taxer davantage les commerçants ». Il prévient : « Nous voterons contre ». Ce qu’ils ont fait effectivement. L’ancienne élue écologiste, Julie Le Goïc, dorénavant se revendiquant de la gauche radicale, est favorable à cette mesure, allant même encore plus loin même, concernant la multiplication des panneaux publicitaires numériques qui ont fleuri au centre-ville, demandant : « La proposition de Mélenchon d’interdire les panneaux publicitaires numériques est intéressante ». 

Bernadette Abiven, première adjointe au maire, estime quant à elle que cette mesure est prise « pour réduire l’impact visuel des publicités des entreprises dans l’espace urbain ». « On peut être d’un côté pour une taxe et d’un autre côté être dans le conseil aux entreprises », juge la fidèle élue socialiste. Michel Calonnec ironise encore : « La seule pollution c’est l’escalier place de Strasbourg ». 

F. Cuillandre rafraîchit la mémoire de l’opposition : « Cette taxe, la TLPE, a été votée par le Parlement en 2010 sous la présidence Sarkozy avec comme Premier ministre François Fillon et comme ministre de l’Économie, Mme Christine Lagarde ». Michel Calonnec argumente que « c’était une loi destinée aux communes endettées et nécessiteuses ». « Aujourd’hui elle rapporte 40 centimes par taxe sur les publicités », précise-t-il.

Le bilan 2016 du dispositif de gouvernance de proximité de l’espace public et des programmes de travaux de proximité voirie et espaces verts pour 2017 a été approuvé. L’élu chrétien-démocrate, membre de RPB, Marc Berthelot, en profite pour évoquer le cas du frelon asiatique qui se répand ici à Brest aussi maintenant. « L’an dernier ce n’est pas moins de 621 demandes d’interventions qui ont été enregistrées», s’alarme l’élu de l’opposition. Il demande la mise en place d’un système de piégeage comme dans les autres communes. Il rappelle aussi : « Vous, monsieur le maire, vous avez une ruche au dessus de votre bureau ». F. Cuillandre corrige : « Non, sur le toit de la mairie, je vous rassure elle n’est pas au-dessus de mon bureau ». 

Marc Berthelot noircit le tableau : « Cette ruche produit du miel, mais de miel de Brest il n’y en aura plus compte tenu de la mortalité des essaims d’abeilles appartenant aux apiculteurs ». « Ceux-ci ont retiré leurs ruches de Brest », informe M. Berthelot. Il rappelle aussi qu’ »on dénombre des attaques de frelons asiatiques sur les agents municipaux ». Il alarme aussi sur le fait qu’ « à partir de septembre les frelons sont très voraces ». Il s’inquiète de ne pas voir « dans la politique municipale de gestes sur ce sujet ». Sur ce sujet, pour une fois c’est l’élu RPB qui en prend pour son grade de la part de Julie Le Goïc qui rappelle qu’ « un engagement a été pris en conseil » et elle « trouve surprenant que M. Berthelot n’écoute pas plus les délibérations ». 

Jean-Luc Polard, 4ème adjoint de la ville en charge de la cohésion sociale et de la participation des habitants, répond que c’est « Francis Grosjean (qui) assure la coordination des communes » et qu’ « au niveau de la métropole il y a un conseil de fédération ». Patricia Salaün-Kerhornou, adjointe au maire en charge de la tranquillité urbaine et de la prévention des risques, assure que « la réflexion est ouverte sur les questions de santé publique » et elle rassure que « très, très peu de personnes sont piquées par le frelon asiatique ».



L’aile ou la cuisse

Clin d’oeil au film avec Louis de Funès, c’est la question du choix de l’alimentation, choix de société si il en est, qui a fait l’objet d’une délibération. Effectivement lors de ce conseil municipal, il a été décidé de faire confiance à la Société bretonne de restauration et de services (SBRS), filiale de Sodexo, pour la fabrication et le portage des repas périscolaires, extra scolaires et le portage à domicile pour le compte de la restauration collective municipale. Pierre Guézennec, élu EELV et de la majorité municipale, se réjouit qu’avec la SBSR « à la fin de l’année 2021 nous serons à 80 % de bio dans la restauration collective municipale ». 

Claude Bellec, l’élue communiste, se félicite aussi car « la restauration a un impact important et relève d’un choix de société ». Pour elle « la lutte doit être accrue contre le gaspillage alimentaire ». « En dépassant les 30 % de produits bio la ville de Brest a toujours été en pointe », estime-t-elle. « Le groupe des élus communistes votera cette délibération », annonce-t-elle. 

Dans ce concert de louanges seule Julie Le Goïc se démarque en contestant cette décision. Selon cette dernière « le coût de SBSR est élevé ». Elle rappelle le titre d’un numéro du Monde diplomatique de septembre 2015 : « Sodexo, une histoire de casseroles », ou le reportage sur des sans-papiers employés par la société de restauration collective et licenciés sans ménagement. « Mélenchon réclame la régularisation de tous les sans-papiers », clame encore l’élue proche des milieux anarchistes.

Patrick Appéré, élu Brest nouvelle citoyenneté (BNC), groupe de la gauche radicale non communiste au conseil municipal, tient à préciser après l’insinuation de Julie Le Goïc que son groupe comme celui des communistes auraient soutenu Mélenchon à la présidentielle : « Nous ne sommes pas rattachés à Jean-Luc Mélenchon ». « Si nous avons soutenu Mélenchon en 2012 nous ne l’avons pas fait cette année, donc nous sommes Mélenchonistes canal historique mais pas France insoumise». Puis il complète sur la société SBSR : « Nous retenons ce qui a été dit par Pierre Guézennec. Ce choix doit s’inscrire dans une amélioration constante du marché ».

Au total, on pouvait avoir l’impression que juste après la présidentielle et six semaines avant les législatives  le débat politique national s’invitait au menu du conseil municipal de hier. Les enjeux nationaux et locaux se recoupant.


Marc Gidrol

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