Il a été beaucoup question de développement durable hier, vendredi 28 juin, lors du Conseil de la métropole. Mais aussi du compte administratif 2018 de la métropole salué par les oppositions (RPB et BNA) pour le désendettement.
Difficile conciliation entre développement économique, social et écologie
En propos préliminaires de Bernadette Malgorn (RPB), élue gaulliste sociale et très probable future candidate aux municipales de 2020 pour la droite brestoise, a souligné tout l’intérêt du travail à distance et de nouvelles formes de mobilité. Notamment, en plus de l’intérêt écologique, aux retombées économiques et sociales avec l’amélioration du travail des agents du service public envers la population. Elle cite notamment « le digital (qui) bouleverse nos sociétés » pouvant être un outil pour limiter les déplacements en voiture et ainsi réduire les Gaz à effet de serre (GES). « On ne peut plus raisonner chacun dans son coin. Si l’on veut irriguer le territoire, offrir au maximum d’habitants un service public de qualité et de proximité et améliorer la qualité de la vie des agents, il faut que chaque institution, administration, mais aussi les grands employeurs acceptent de repenser leur organisation » a martelé la responsable du groupe RPB. « La métropole est bien placée pour jouer un rôle moteur », a-t-elle ajouté. Elle déplore en revanche la méthode employée par la collectivité locale pour repenser son mode d’organisation : « Malheureusement, comme nous avons pu le constater dans le cadre de la concertation publique sur les déplacements, on fonce sur une réponse technique avant d’avoir évalué les besoins ni mis en oeuvre les initiatives de nature à les modérer ».
Madame Malgorn évoque des pistes intéressantes selon elle comme « l’enquête Ménages Déplacements dont nous venons d’avoir les premiers éléments, (qui) nous livre des constations intéressantes ». « Les débats sur la Loi Orientation Mobilité (LOM) et la mission d’information du Sénat sur la gratuité sont aussi l’occasion de visions prospectives », souligne aussi l’élue de la droite bonapartiste (en référence à son mentor, Philippe Séguin, qui se classait lui-même dans ce courant de la droite et qui a écrit une biographie sur Napoléon III). Bernadette Malgorn remarque qu’ « au moment où le thème du changement climatique imprègne désormais toutes les politiques, l’avenir réside moins dans la multiplication des kilomètres de transports en commun que dans l’économie des déplacements urbains, tendance qui commence à s’observer y compris à Brest ».
Dans ses propos liminaires, la chef du principal groupe d’opposition municipale et métropolitaine a aussi taclé, pour utiliser une expression footballistique, l’exécutif métropolitain sur la nébuleuse des satellites de la collectivité : « L’écheveau des sociétés et organismes satellites, pour certains contrôlés à 100 % par la ville et la Métropole, ou fortement subventionnées, d’agences ou d’associations de paille tendent vers une domination par votre système de secteurs entiers de l’activité économique, notamment sur les marchés des services ».
Ce à quoi le maire et président de Brest Métropole, François Cuillandre, a répondu que « si vous êtes à la tête de cette métropole demain, vous direz aux autres communes du pays de Brest avec lesquelles nous avons des partenariats sur certains services comme l’eau, allez voir ailleurs ! «, ». « La droite brestoise nous habitue à sa focalisation sur les satellites », ironise aussi monsieur Cuillandre. Il cite l’exemple de la société « Eau du Ponant », « pour laquelle nous étions sollicités par d’autres municipalités proches ». « Si nous n’avions pas mutualisé nos services avec les autres communes, leurs habitants et les touristes qui y séjournent n’auraient plus d’eau », souligne l’édile brestois. Bernadette Malgorn lui répond que son « groupe est favorable aux mutualisations mais pas au prix de la perte de contrôle de ces satellites par la collectivité qui les a mises en place ». « Ces systèmes génèrent de l’opacité », estime l’élue de la droite brestoise.
François Cuillandre, le chef socialiste de l’exécutif local a rappelé, à la veille de la réunion du comité de pilotage pour la Ligne Nouvelle Bretagne Pays de la Loire (LNBPL), qu’ « il faut que le comité de pilotage définisse un plan pour desservir Brest de Paris à moins de 3 h 30 en TGV ».
Le conseil métropolitain a par ailleurs approuvé la révision du Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET) de la métropole. Ce plan a déjà eu des retombées positives pour le territoire métropolitain. On « constate une légère tendance à la baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur résidentiel » et « une évolution favorable plus significative des émissions des polluants atmosphériques ». Le plan PCAET alarme, compte tenu du réchauffement climatique devenu une réalité avec les canicules comme celle que l’Europe traverse en cette fin juin, sur le risque de submersion du secteur portuaire.
Le développement durable qui repose sur trois piliers : le pilier économique, le pilier social et le pilier environnemental, peut engendrer des incohérences, car une mesure bonne pour un des piliers peut avoir des conséquences fâcheuses pour l’autre pilier. Ce que n’ont pas manqué de souligner deux élus municipaux et métropolitains, par ailleurs appartenant chacun à deux camps politiques opposés, Monsieur Bruno Sifantus (RPB, droite) et madame Julie Le Goïc-Auffret (gauche radicale). Le premier prévient que si « tout le monde semble s’accorder aujourd’hui pour limiter l’étalement urbain et la consommation de terres agricoles, le renforcement de la densité de population en zone déjà fortement urbanisée doit se faire avec discernement si on veut éviter des effets négatifs sur la qualité de vie des centralités ».
L’Amiral Sifantus alerte aussi sur les énergies renouvelables sur le thermique et notamment le réseau de chaleur. Car selon lui « la démarche va se trouver confrontée à la baisse probable de la quantité de déchets qui l’alimente, compte-tenu de la volonté d’en limiter la production ». Il met en garde sur une utilisation abusive de la ressource bois comme alternative aux déchets pour l’alimentation du réseau de chaleur. « La combustion du bois est à l’origine de l’émission de particules fines et très fines très polluantes peu compatibles avec la mesure 28 du PCAET qui veut les réduire », souligne l’élu de la droite brestoise. « Est-ce compatible par ailleurs avec le développement recommandé des forêts dont le rôle est jugé essentiel ? » Interroge monsieur Sifantus. « Ces forêts qui pourraient elles-mêmes entrer en concurrence avec le développement des cultures bio », relève-t-il encore comme contradiction du plan PCAET.
Monsieur Yann Guével, Vice-président de BM et élu socialiste, informe qu’ « il y a une chaufferie en bois qui utilise du bois local, qui n’est pas du bois forestier ayant vocation à rentrer dans le cadre du travail menuisier ». « Donc, c’est une énergie locale renouvelable et peu émettrice de CO2 », se félicite l’élu socialiste. L’élu municipal et métropolitain de la droite brestoise, Bruno Sifantus, s’interroge sur l’impact des cultures sous serres de la production bio. Ce à quoi Yann Guével,, assure que « la culture bio peut se faire sous serre non chauffée, qu’elle n’a pas d’impacts sur l’environnement et ne contribue pas aux GES ». Enfin, monsieur Bruno Sifantus regrette que « la question des Energies Marines Renouvelables (EMR) et son impact potentiel sur la métropole n’apparaît pas clairement dans le plan ». « C’est pourtant un enjeu tant économique qu’écologique pour le territoire, autant pas son empreinte au sol en zone portuaire et au-delà, que pour sa contribution potentielle au futur mix énergétique local ». Yann Guével lui répond que que « les EMR ne seront pas sur le territoire de la métropole mais au large », ce qui explique l’omission des EMR dans le plan.
Quant à l’élue anarchiste, madame Julie Le Goïc-Auffret, elle pointe une contradiction avec les objectifs du développement durable « quand on fait venir des caravanes publicitaires sur la ville comme l’an dernier en marge du Tour de France, est-ce bien compatible avec le développement durable ? ».
Ronan Le Pichon (EELV) lui répond que « quand on joue sur un levier du développement durable, cela peut avoir un impact négatif sur un autre pilier, l’équilibre parfait est difficile entre les trois volets du développement durable, mais la venue du Tour de France l’an passé à Brest a eu des retombées positives au niveau social à Brest », rassure l’élu vert de la majorité municipale et métropolitaine.
Le désendettement de Brest se confirme
Thierry Fayret, Vice-président de BM, a présenté le compte administratif 2018 de la métropole et le moins que l’on puisse dire, c’est que les élus (oppositions y comprises), une fois n’est pas coutume, reconnaissent des efforts louables faits en faveur du désendettement de la métropole.
Les dépenses de fonctionnement restent stables. La masse salariale de la métropole est stable aussi en 2018. Cette année, pour la première fois, les charges de personnel diminuent de 1,2 %. Monsieur Sifantus( RPB) et Nathalie Collovati (BNA), reconnaissent cette baisse des charges de personnel. Mais un conflit lexical intervient entre d’une part, cette dernière et Bruno Sifantus, et d’autre part Ronan Pichon (EELV) sur le terme « charges » pour parler du personnel. « Les fonctionnaires ne sont pas des charges », s’emporte ce dernier. Nathalie Collovati répond que « cette expression n’est pas de (nous) ». Bruno Sifantus justifie « un point de vue technique et non intellectuel ».
L’emprunt de la ville augmente de 11 millions d’€. Le taux d’investissement augmente aussi de 15,6 %. Les dettes du budget principal ont baissé pour se fixer à 134 millions d’€. Bruno Sifantus, qui a toujours « une vision anxiogène sur la situation économique et financière à Brest », pour reprendre les termes du président de BM, François Cuillandre, relativise l’optimisme de la majorité en pointant du doigt qu’avec « une baisse moyenne de 8 millions d’€ par an depuis le début du mandat, la charge de la dette va, à ce rythme, rester élevée pendant plusieurs années ».
La dette du tram ne diminue en moyenne « que » de 5 millions d’€ par an. « C’est donc près de quarante années qui seraient nécessaires pour l’éteindre », alarme l’élu de droite, soucieux de la bonne gestion. La dette garantie est stable mais à un niveau élevé de 392 millions d’€.
L’éternel « angoissé » des budgets brestois tire la sonnette d’alarme sur la situation du logement social à Brest, comme il l’avait déjà fait lors du dernier conseil municipal, car la dette du bailleur social de Brest, BMH, est garantie par la métropole. D’autant plus que d’après un récent rapport du Sénat « les garanties accordées aux bailleurs sociaux ne sont pas comptés dans le plafonnement du montant des emprunts garantis par les collectivités locales » et cela « contribue à leur invisibilité », se désole l’élu du groupe RPB. Il pointe aussi du doigt les satellites de la métropole dont celle-ci est « souvent avec la ville de Brest, un actionnaire majoritaire, donc responsable de tous leurs propres engagements financiers ».
Thierry Fayret rappelle que la dette garantie est principalement liée au logement social ». « C’est la loi sur les APL en septembre 2017 qui nous a mis en difficulté », se lamente l’élu socialiste. Il rappelle aussi que le taux de réalisation en investissement a été de 72% en 2018. François Cuillandre répond aussi à monsieur Sifantus que « 80 % des dettes garanties concernent le logement social ». « 40 000 habitants vivent dans des logements de BMH », rappelle aussi le premier magistrat de la métropole.
Au total, les questions de développement durable, des mobilités et du budget de la métropole ont confirmé ce qui sera à n’en pas douter les thèmes de campagne des prochaines municipales au programme des listes.
Marc Gidrol
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