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Conseil municipal de Brest : la bataille des municipales a commencé

Le conseil municipal de Brest s’est réuni jeudi 20 juin 2020. Des représentants des agents de la Direction Générale des finances publics (DGFP) de Brest sont intervenus en préliminaire du conseil municipal. En effet, un plan de suppression de 989 trésoreries et centres des impôts en France voulu par le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, circule pour soi-disant rapprocher les usagers des services publics, notamment par le développement des démarches par internet. Dans le Finistère 25 trésoreries et cinq centres des impôts, dont celui de Brest, seraient supprimés à l’horizon 2022. Ils seraient remplacés par trois centres des impôts à Morlaix, Châteaulin et Concarneau et par quatre services de gestion comptable qui ouvriraient à Morlaix, Landerneau, Rosporden et Douarnenez. « Mais ces points de contact avec des agents des finances publics dans des maisons de services publics ne seraient pas pérennes » alertent les syndicalistes des impôts.

En effet, Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, a soumis à la concertation jusqu’au mois de novembre prochain un plan de suppression de 989 trésoreries et centres des impôts en France, dont celui de Brest, qui serait supprimé en même temps que celui de Quimper.

Haro sur le Gouvernement et sur… Marc Coatanéa

L’ensemble des élus municipaux a tiré à boulets rouges sur cette réforme, sauf (sans surprises), le transfuge du PS vers LREM, Marc Coatanéa, qui s’est senti bien seul pour défendre ce projet. Situation d’autant plus inconfortable pour lui qu’il aspire à diriger la Cité du Ponant. Ce que n’a pas manqué de relever Yann Guével, Adjoint en maire en charge de la tranquillité urbaine, de la prévention des risques et de la charte Ya d’Ar Brezhoneg : « Il est assez cocasse d’entendre un collègue qui clame son désir d’occuper votre siège, monsieur le maire, justifier le déménagement des services publics de Brest ». Marc Coatanéa avance lui que « si les organisations syndicales sont dans leur rôle, de nourrir le débat quand il est nécessaire, on est loin de la caricature de ce qui est présenté (à propos de ce plan de suppressions d’hôtels des impôts, NDLR) ». Puis il interroge, à court d’arguments semble-t-il, les élus des autres groupes politiques : « Je serais intéressé de savoir quelle est la conception de l’aménagement du territoire des élus qui sont intervenus ». 

Bernadette Malgorn (RPB), rappelle les deux piliers du service public à la française : la continuité spatio-temporelle du service public ainsi que l’adaptabilité aux différents publics, et la cohérence de l’action publique sur tout le territoire. « On n’arrive pas à optimiser l’action publique seulement par une approche ministérielle, il faut une vision interministérielle », suggère-t-elle. 

François Cuillandre, le maire de Brest, s’indigne de cette refonte de la carte des centres des impôts. «  Les usagers sont plutôt ici et donc je n’arrive pas à comprendre que pour les rapprocher des services publics on va délocaliser ceux-ci à Carhaix et Châteaulin », s’étonne François Cuillandre. Il indique qu’ « (il) n’est pas prêt à accepter que les Services des Impôts aux Particuliers (SIP) et les Services des Impôts aux Entreprises (SIE) déménagent de Brest ». Nathalie Collovati (Brest Nouvelle Alternative, BNA, l’autre groupe de droite à la municipalité de Brest, « Macron-compatible » celui-là contrairement à RPB, le groupe de Bernadette Malgorn), s’est contenté lapidairement d’affirmer que « (nous) ne pouvons qu’approuver les interventions précédentes sur ce sujet ». 

Brest opposé à la loi Blanquer

Autre dossier qui fait grincer des dents à Brest, celui de la réforme Blanquer pour la scolarisation obligatoire des enfants dès l’âge de trois ans. Emilie Kuchel, Adjointe au maire chargé de la politique éducative locale, a poussé son « coup de gueule » car la ville de Brest, comme les autres communes en France, sera obligé de financer au même montant les écoles publiques préélémentaires et celles privées sous contrat d’association avec l’État, soit 1 400 € pour chacune, alors que jusqu’à présent les écoles privées recevaient « seulement » un forfait de 700 € annuel. 

De plus, l’élue socialiste pointe du doigt le fait que l’exécutif local n’a aucune vision sur la façon dont cet argent est dépensé par les écoles privées, contrairement aux écoles publiques dont la gestion relève de la mairie. « Cette réforme Blanquer va nous coûter 1,6 millions d’€ supplémentaires », dénonce l’élue socialiste. Cette dernière y voit « un coup de communication », dans la mesure où plus de 97 % des enfants de moins de 3 ans sont déjà scolarisés. Madame Kuchel ne comprend pas non plus pourquoi « les villes qui refusaient de payer jusqu’alors pour les écoles privées sous contrat d’association avec l’État recevront une compensation financière mais pas celles qui aidaient déjà les écoles privées ». Elle précise bien que « sur le fond nous sommes favorables à la scolarisation des enfants de moins de 3 ans, à la condition que l’État assume le coût supplémentaire ». L’adjointe au maire se réjouit par ailleurs « de la modification par le Sénat de l’article sur les écoles du savoir ». 

François Cuillandre, le maire de Brest, se lamente pour sa part du plan Macron qui « prévoit de sanctionner les communes qui dépassent un montant d’investissement ». « C’est vraiment la double peine », se désole encore le maire socialiste. Pour sa part, la brillante oratrice et élue trotskiste de son état, Julie Le Goïc-Auffret, considère la réforme de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse, comme « une fabrique d’une élite de ceux qui auront droit à l’enseignement supérieur ». Par ailleurs, la redoutable élue anarchiste et faiseuse de majorité a donné son point de vue sur le nouveau « Service National Universel », qu’elle estime être « une militarisation de nos jeunesses », selon l’élue antimilitariste. 

Marif Loussouarn, adjointe au maire en charge de l’égalité hommes/femmes et élue EELV a clamé son enthousiasme après le bon score des écologistes (liste EELV) à l’élection européenne du 28 mai dernier : » Les écologistes sont assez en forme à quelques semaines des élections européennes ». Puis elle a expliqué pourquoi les écologistes ont gagné les dernières élections européennes : « Nous sommes sur un vrai projet de société, la transition écologique et solidaire, depuis le début, depuis la première candidature d’un écologiste aux élections, celle de René Dumont à l’élection présidentielle de 1974 ». « Notre projet s’inscrit notamment dans l’émancipation et la solidarité entre toutes et tous à travers l’écologie », poursuit l’élue verte. Madame Loussouarn a rendu un hommage appuyé à deux maires EELV en France, celui de Grande-Synthe, pour ses travaux d’isolation des logements et l’instauration d’un revenu minimum garanti pour ne pas vivre en-dessous du seuil de pauvreté, et le maire de Langoët, pour sa lutte contre les pesticides près des habitations.

Madame Bernadette Malgorn, l’ancienne tête de liste RPB en 2014 et sans aucun doute prochaine tête d’affiche de la droite brestoise aux prochains élections municipales de 2020 pointe encore un manque de démocratie locale à son goût. Si elle reconnaît les « intentions fort louables » avec le site jeparticipe.brest.fr, elle juge qu’ « au-delà des intentions, c’est la mise en pratique qui importe. Et vous en êtes encore loin. La démocratie locale exige de faire vivre le débat, elle implique le libre-accès à l’information, l’écoute des élus fussent-ils minoritaires et, plus largement, celle des habitants », note l’élue de la droite gaulliste et sociale. 

« Votre mode de gouvernance est facteur de risques » lance encore Bernadette Malgorn. Elle appuis son réquisitoire contre l’exécutif local sur notamment le dernier rapport de la Chambre régionale des comptes qui relève un manque de transparence et de démocratie à propos de « la création d’une Maison commune, architecture englobant la Ville, la Communauté urbaine devenue Métropole et les satellites, par délibération en date de janvier 2014 ». « Nous n’avons pas eu l’occasion d’en délibérer dans cette enceinte, bien que la ville soit partie prenante dans ce groupe territorial, son assemblée délibérative n’a pas été consultée », déplore l’élue bonapartiste. La chambre régionale des comptes a aussi, d’après Madame Malgorn, constaté un « dispositif irrégulier de paiement des indemnités des élus socialistes ». « Au-delà des faits en cours d’examen par la justice, c’est l’opacité de la gestion qui est aussi en cause », juge l’ancienne Préfète de Région.

Un compte administratif dans le vert

Après ces propos préliminaires, Thierry Fayret, premier adjoint au maire en charge du budget de la ville, a présenté les chiffres du compte de gestion du Trésorier Principal pour l’année 2018 et ceux du compte administratif 2018 de la ville. 
Plusieurs indices vont visiblement dans le bon sens comme la capacité d’auto-financement à 11,6 millions d’€. Aucun emprunt supplémentaire n’a été contracté par la mairie en 2018. Le montant des investissements se monte à 16,3 millions d’€. La dette de la ville a diminué significativement car elle était de 45 millions d’€ en 2014 pour s’établir à 33 millions d’€ en 2018, soit une baisse de 12 millions d’€ en quatre ans. Cette dette représente 1,9 années en termes d’annuités financières dorénavant. Monsieur Fayret explique ces bons chiffres par le gel de la fiscalité conformément à ce que la liste de François Cuillandre avait promis lors des élections municipales de 2014.

Les principales infrastructures qui ont bénéficié de l’argent investi sont l’atelier des Capucins et sa  magnifique médiathèque pour 21,7 millions d’€, les écoles de la rue de Lyon et de la rue Algériras pour leur rapprochement, la pelouse du stade du petit Kerzu pour 2,3 millions d’€.

Bruno Sifantus (RPB) nuance lui l’optimisme de la majorité. « Le niveau de la dette garantie par la ville reste lui stable », note l’élu de la droite brestoise. « Et stable à un niveau beaucoup plus élevé, 155 M€, soit près de cinq fois la dette directe ! Ce sujet ne passionne guère, il est pourtant fondamental pour l’avenir », s’inquiète l’éternel « Père La Rigueur » de l’opposition. L’Amiral (il a été Amiral dans la Marine nationale dans sa carrière) Sifantus alerte aussi l’exécutif local sur le premier budget financé par la dette garantie, le logement social, « qui se trouve lui-même confronté en première ligne à un environnement plus risqué », 

Thierry Fayret lui répond, notamment sur le soutien au logement social, que « pour nous, il n’y a pas d’autre politique possible que celle en faveur du public fragile, ce qui explique ce soutien au logement social ». La charismatique élue de la gauche radicale, Julie Le Goïc-Auffret, souligne elle les termes employé par l’Amiral Sifantus de « environnement plus risqué » pour parler du public habitant les HLM. « Le soutien aux plus défavorisés dans la société est un marqueur fort des différences entre nos groupes politiques », relève l’élue trublion de la gauche, anciennement élue sur la liste de François Cuillandre. 

Thierry Fayret balaie aussi d’un revers de main la critique de madame Le Goïc-Auffret consistant à dire que le budget de la ville ne « serait pas assez social et assez tourné vers les Brestois ». « Nous sommes une ville comparé aux autres villes avec un niveau d’investissement plus faible, mais au niveau de la métropole on a un niveau d’investissement supérieur à d’autres métropoles, donc il ne faut pas rester au seul schéma de la ville ». 

Ces échanges lors du conseil municipal montrent que la prochaine bataille électorale, celle des élections municipales de 2020, est déjà dans tous les esprits. Les coups bas, les trahisons et les mensonges s’intensifient dans tous les groupes politiques, même si la cohérence entre les discours et les faits et même si certains doivent se renier, à l’instar de Marc Coatanéa, bien en peine pour défendre le plan Darmanin de refonte de la carte des centres des impôts, probable candidat LREM aux prochaines municipales. Mais la majorité de gauche a fait bloc pour dénoncer ce plan et dénonce à l’envie la politique du gouvernement.


Marc Gidrol

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