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Traité de l’Elysée : 50 ans et toujours plein de promesses

François Mitterrand et le chancelier de la RFA à l'époque Helmut Kohl, main dans la main le 22 septembre 1984 sur le champ de batailles de Verdun, commémorant l'armistice et la paix franco-allemande, 70 ans après le début de la Première Guerre mondiale. Crédit Photo : AFP.


Nous venons de célébrer cette semaine les cinquante ans du traité de l’Élysée, signé le 22 janvier 1963 entre le président de la République française de l’époque, le général de Gaulle et le Chancelier de l’Allemagne de l’Ouest, la République fédérale d’Allemagne (RFA), Konrad Adenauer, scellant dans le marbre l’amitié franco-allemande. Pourtant force est de constater que malgré les immenses espoirs qu’avait le général de Gaulle dans ce traité, celui-ci n’a pas eu beaucoup d’impacts dans les années qui suivirent, du moins dans l’immédiat, à part dans les domaines de l’éducation et de la jeunesse avec notamment la création de l’Office franco-allemand de la jeunesse (OFAJ) en juillet 1963. Le traité n’était donc qu’une simple promesse de dialogue.

Signalons toutefois une autre réalisation concrète de ce traité et qui a une haute portée symbolique : une brigade composée de soldats français et allemands en 1992, embryon d’une armée européenne dont le projet remonte aux années 1950 mais qui ne verra jamais le jour (voir mon éditorial « L’Europe de la paix reçoit un prix » sur ce blog). Cette brigade a défilé pour la première fois sur les Champs-Élysées le 14 juillet 1994.

Revenons encore en arrière et regardons comment Charles de Gaulle présentait ce traité lors d’une conférence de presse le 16 janvier 1963 :

« Parmi les éléments nouveaux qui sont en train de façonner le monde d’à présent, je crois qu’il n’y en a pas qui soient plus frappants et plus féconds que le fait franco-allemand. Deux grands peuples qui se sont longuement et terriblement opposés et combattus, se portent maintenant l’un vers l’autre dans un même élan de sympathie et de compréhension. Il ne s’agit pas seulement d’une réconciliation commandée par les circonstances. Ce qui se produit, en vérité, c’est une espèce de découverte réciproque, dont chacun s’aperçoit à quel point l’autre est valable, méritant et attrayant. De là part ce désir de rapprochement manifesté partout dans les deux pays, conforme aux réalités, et qui commande la politique, parce que pour la première fois depuis maintes générations, les Germains et les Gaulois constatent qu’ils sont solidaires. Ils le sont évidemment quant à leur sécurité, puisque la même menace de domination étrangère se dresse devant eux tandis que leurs territoires constituent une même aire stratégique. Ils le sont économiquement parce que, pour chacun d’eux, les échanges mutuels sont un élément essentiel et prépondérant. Ils le sont au point de vue de leur rayonnement et de leur développement culturels, parce qu’en fait de pensée, de philosophie, de science, d’art et de technique, ils se trouvent complémentaires ».

Mais au grand dam du général de Gaulle, les intérêts des deux pays divergent, rendant impossible toute politique commune entre les deux pays. Alors que le fondateur de la Vème République veut son indépendance par rapport aux États-Unis d’Amérique. Il a déjà retiré sa flotte de méditerranée en mars 1959 du commandement intégré de l’OTAN avant celles de l’Atlantique et de la Manche en juin 1963. Mais c’est le 4 mars 1966 qu’est prise la décision définitive par le général de Gaulle de retirer toutes les troupes françaises de l’Otan. Les Allemands au contraire, plus sensibles à la Realpolitik, se mettent sous la protection de Washington et approuvent l’intervention militaire américaine au Vietnam dans les années 1960.

Depuis le tandem franco-allemand a plus ou moins fonctionné malgré les divergences de vues, que ce soit  entre Georges Pompidou et Willy Brandt, Valéry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt, François Mitterrand et Helmut Kohl (on se rappelle tous les deux hommes main dans la main à Verdun le 22 septembre 1984), Jacques Chirac avec ce dernier puis avec Gerhardt Schröder, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel et maintenant entre François Hollande et celle-ci. Malgré aussi les appartenances politique différentes de part et d’autre du Rhin, entre des présidents français gaullistes ou libéraux de droite et des chanceliers allemands sociaux-démocrates de gauche, ou vice-versa.

Malgré des débuts décevants et une entente qui n’est parfois que de pure façade, le traité a permis la réconciliation entre les ennemis d’hier et l’ébauche de projets qui pour beaucoup d’entre eux ne sont encore qu’à leur début.

Marc Gidrol

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