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Une cérémonie du 8 mai 1945 sonnant comme un avertissement de l’Histoire

Les autorités civiles et militaires déposant les gerbes de fleurs au pied du monument aux morts, mercredi 8 mai .


C’est sous un ciel gris – hélas !- qu’a eu lieu la traditionnelle cérémonie du 8 mai 1945 à Brest, place du Général Leclerc en haut de la rue de Siam, devant le monument aux morts des deux guerres mondiales et des guerres coloniales (Indochine de 1946 à 1954 et Algérie de 1954 à 1962). En ces temps troublés : procès de la cellule nazie NSU (clandestinité national socialiste en allemand) à Munich, actes homophobes en réaction à la loi du mariage pour tous votée le mardi 23 avril par le Parlement, menaces terroristes sur le sol national proférées par AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique), etc., la célébration du 8 mai 1945 commémorant la victoire des alliés sur l’Allemagne nazie par le cessez-le-feu sans conditions revêt cette année outre la portée mémorielle une portée pédagogique insistant sur la nécessité de ne pas oublier les horreurs commises durant la Seconde Guerre mondiale mais aussi le sacrifice des « nombreux Résistants déportés en Allemagne et les combats acharnés » comme l’a rappelé M. Jean-Claude Martin, président de l’association locale du “Grand Brest“ de l’Union nationale des combattants (UNC) dans son discours. Une section de l’école des mousses était présente.
La Sous Préfète de Brest, Béatrice Lagarde, lors de la remise du drapeau, mercredi 8 mai.


La cérémonie a débuté à proprement parler vers 11 h 20 par le discours du président de l’Unc Brest. Celui-ci a cité le Général de Lattre de Tassigny, envoyé par le Général de Gaulle en Allemagne le 8 mai 1945 pour signer pour la France l’acte de capitulation de l’Allemagne nazie avec les autres alliés et qui écrivit à propos de cet événement dans son ordre du jour n°9 le 9 mai 1945 aux Officiers, Sous Officiers, Caporaux et Soldats de la Première Armée française: « Victoire de mai, victoire radieuse de Printemps qui redonne à la France la Jeunesse, la force et l’espoir ». A ces belles paroles, le délégué de l’Union française des anciens combattants et des victimes de guerre (UFAC) rappelant que celle-ci souhaite la participation de la jeunesse à cette commémoration a laissé la parole à un jeune, M. Thomas Durand. Celui-ci dans son discours a rappelé que « l’Ufac appelle à poursuivre le combat en faveur de la solidarité et de la paix » face au « réveil des nationalismes, des mouvements intolérants, du racisme ».
Le Préfet maritime, M. Jean-Pierre Labonne, remettant des décorations de l'ordre national du mérite, lors de la cérémonie du 8 mai 1945, le mercredi 8 mai.


La série de discours s'est terminée par celui de Kader Arif, ministre des Anciens combattants lu par la Sous Préfète de Brest, Mme Béatrice Lagarde. Avec cet événement « s’achevait une tragédie qui avait commencé 5 ans plus tôt, marquée par la collaboration, les humiliations, les déportations ». Événement rendu possible grâce à l’action des Résistants, « soutiers de la gloire » comme les appelait le journaliste, homme politique et un des principaux dirigeants de la Résistance, Pierre Brossolette (1903-1944). Ou encore grâce aux « Armées des ombres célébrées en 1943 par Joseph Kessel, “ces Français morts en hommes libres“ », pour ce dernier rappelle encore le discours du ministre. Son message a souligné aussi l’importance du traité de l’Elysée signé le 22 janvier 1963 établissant de nouvelles relations d’amitié et de confiance entre la France et l’Allemagne et dont nous fêtons cette année le cinquantenaire (voir mon article sur ce sujet dans les archives de ce blog). Ce traité est « un des ciments de la paix en Europe ». A 11 h 50, la cérémonie était terminée. Le maire a alors invité les personnes présentes à la cérémonie au traditionnel verre de l'amitié au salon Richelieu de la mairie.
Les autorités civiles avec le Président du Conseil général, M. Pierre Maille, le deuxième en partant de la gauche, le maire de Brest, M. François Cuillandre, le troisième en partant de la gauche, la députée de Brest ville, Mme Patricia Adam, au milieu suivie par la Sous Préfète, mercredi 8 mai. 


La commémoration à Paris s’est faite avec le président de la Pologne, Bronisław Komorowski, invité par François Hollande pour commémorer aussi la tragédie du ghetto de Varsovie dans lequel 40 000 Juifs furent tués ou déportés à la suite du soulèvement décidé par quelques centaines d’entre eux en avril 1943. La commémoration d’événements traumatiques n’est pas de l’histoire au sens noble du terme, car elle fait appel à l’émotion et non à la raison, mais elle a quand même son importance pour ne pas retomber dans les mêmes affres du passé.
Autre vue des autorités après le dépôt des gerbes de fleurs devant le monument aux morts, mercredi 8 mai.

A noter qu’en marge de la commémoration de Brest, une banderole déployée derrière la foule assistant à la cérémonie, en haut de Siam, rappelait la promesse de François Hollande du droit de vote des étrangers aux élections locales : « Ils ont combattu pour la France, ils ont le droit de voter », pouvait-on lire sur la banderole.

Marc Gidrol 

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