Laurent Prunier, prétendant à la candidature aux municipales à Brest devant la mairie de Brest et le Marché de Noël. |
C’est aujourd’hui que le bureau
national de l’UMP décidait pour l’investiture à Brest, qui de Bernadette
Malgorn ou de Laurent Prunier, il donnerait son feu vert pour se présenter aux
prochaines élections municipales de Brest les 23 et 30 mars 2014. En sachant
que les deux prétendants sont bien déterminés à aller jusqu’au bout. Même si l’un
est encarté à l’UMP, Laurent Prunier, tandis que Madame Malgorn n’a jamais
appartenu au grand parti de la droite populaire, même si elle se dit proche de
la sensibilité du Gaullisme social. En sachant aussi, que quoi qu’il arrive,
Bernadette Malgorn ne semble pas prête à faire d’accord avec son adversaire de
droite. Celui-ci fait campagne sur l’étiquette UMP et a prévu d’ouvrir sa
permanence de campagne.
Brest est d’ailleurs la ville qui
donne du fil à retordre à la direction de l’UMP, car c’est là que la décision
restait encore à prendre tout comme à Grenoble, dans les arrondissements de
Paris et de Marseille. J’ai été interviewer Laurent Prunier. Voici l’entretien :
1°) Pourquoi vous
représentez-vous pour les municipales de 2014 à Brest, M. Prunier ?
Laurent Prunier : « Ma candidature est toute naturelle, parce
que je me suis déjà présenté en 2008.
C e n’était pas un coup d’essai. C’était un essai pour
l’avenir. D’ailleurs, je n’avais pris que des nouveaux sur ma liste à l’époque,
sauf François Derrien, parce qu’il avait une longue expérience administrative. Moi-même
j’avais déjà été coordinateur pour l’opposition municipale de l’époque (ndlr,
l’équipe d’opposition municipale conduite par Yannick Marzin de 2001 à 2008) de 2002 à 2007. Donc, la question de se
représenter paraissait tout-à-fait normal pour moi. Tout le monde m’a soutenu
en 2008 ».
2°) Estimez-vous avoir plus de
chances d’être élu qu’en 2008 ?
L. P. : « Pour être élu, il faudrait déjà être unis,
donc là ça commence déjà mal. Mais nous avons des raisons d’espérer.
Premièrement, je suis plus connu qu’en 2008. Deuxièmement, une équipe s’est
faite connaître sur le terrain. Et troisièmement, la gauche tant à Paris qu’à
Brest est en difficulté. De plus, Madame Bernadette Malgorn ne rassemble pas.
Quant à mon ancien adversaire à droite en 2008, M . Fortuné Pellicano,
il est parti au PRG (Parti Radical de Gauche) ».
3°) Comment expliquez-vous que le
bureau national de l’UMP renâcle à vous donner l’investiture ?
L. P. : « On ne joue pas avec les mêmes armes. Tandis
que Mme Malgorn jouit de ses réseaux, en tant qu’ancienne élève à l’ENA
(École Nationale d’Administration), en
tant qu’ancienne Préfète de la région Bretagne et ancienne collaboratrice de
Philippe Séguin et Nicolas Sarkozy, moi je ne suis qu’un simple militant. À
cela s’ajoute la paralysie entre MM. Copé et Fillon depuis l’élection du
président de l’UMP en décembre 2012 à la tête du parti, ce qui empêche la prise
de décision. Pour faire vite, moi je suis plus proche de Jean-François Copé et
Bernadette Malgorn de François Fillon. Mais dans la réalité les choses doivent
être plus nuancées. Parce que Brice Hortefeux qui fait partie du clan Copé
soutient Mme Malgorn, alors que Michèle Alliot-Marie, rangée derrière M. Fillon
me soutient ».
4°) Bernadette Malgorn ne semble
pas vouloir faire d’accord avec vous, le déplorez-vous ?
L. P. : « Moi je suis toujours prêt à l’union, mais
elle, elle fait une fixation sur ma personne. J’ai tendu la main à Bernadette
Malgorn plusieurs fois. En 2009 déjà, je lui avais proposé de prendre sa carte
à l’UMP lors des élections régionales et de s’engager pour Brest. Mais elle
avait refusé, au prétexte qu’elle voulait rester à Morlaix, où elle habite.
Brest ne l’intéressait manifestement pas à cette époque. Donc, nous, nous avons
continué notre travail pour Brest ».
5°) Contrairement à Bernadette
Malgorn et à François Cuillandre qui animent des réunions publiques dans les
quartiers brestois et notamment dans les quartiers sensibles comme à
Pontanézen, on ne vous voit pas beaucoup sur le terrain, que comptez-vous faire
pour impulser votre campagne ?
L. P. : « On attend l’investiture. Ce qui explique
que nous n’avons pas commencé à faire vraiment campagne, sauf le tractage, le
collage d’affiches et les marchés. Madame Malgorn rattrape son défaut de
notoriété en faisant des réunions publiques. Moi, durant les 100 jours qui
resteront avant le premier tour des élections municipales j’irais sonner à
toutes les portes ».
6°) Vous avez manifesté samedi 2
novembre à Quimper contre l’écotaxe, pourtant décidée dès 2009 dans le cadre du
Grenelle de l’Environnement sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, n’est-ce
pas de l’incohérence politique ?
L. P. : « Non, car en 2009 déjà j’étais contre. Il
n’y a pas de raison de faire payer deux fois en Bretagne les poids lourds.
Sophie Mével et Marie-Annaïck Moal étaient aller manifester en mon nom avec la CCI (Chambre de commerce
et d’industrie) à la barrière de péage
de La Gravelle ,
dans le département de la Mayenne. J ’ai
toujours été cohérent sur cette question là comme Marc Le Fur. J’irais
manifester samedi 30 novembre à Carhaix avec les Bonnets rouges. J’y
participe en mon nom propre et non au nom de l’UMP ».
7°) Que répondez-vous aux
participants de la manifestation de Carhaix organisée par la CGT le même jour que celle de
Quimper le 2 novembre, qui disaient que la manifestation des Bonnets rouges
était instrumentalisée par le patronat ?
L. P. : « Qu’ils avaient tort. Leur manifestation de
Carhaix était une manifestation pro-gouvernementale alors que même si à Quimper
toutes les obédiences politiques et toutes les couches de la société
manifestaient ensemble dans la rue, c’était une manière de dire le ras-le-bol
généralisé contre le gouvernement et pour défendre la Bretagne. Au-delà
des manifestations des Bonnets rouges, il y a un sentiment d’appartenance à la Bretagne. De plus, il y avait
un esprit bon enfant même si les médias ont mis l’accent sur les casseurs qui
ont investi les rues de Quimper après la fin de la manifestation en soirée. À
côté de cela, Bernadette Malgorn a fait toutes les manifestations pour tous
contre le mariage gay l’an dernier. Elle représente la frange Catho intégriste
de la droite. Elle a d’ailleurs dit que si elle est élue, elle ne célébrera pas
de mariage entre homosexuels. Moi, si je suis maire de Brest, je le ferais ».
8°) Vous réclamez comme le
candidat du Rassemblement Bleu Marine de Brest, Alain Rousseau, des caméras de
vidéo-protection dans les rues de la ville, mais pensez-vous que ce soit
vraiment une solution aux problèmes de violence et de délinquance, car non
seulement ce n’est pas efficace mais en plus, c’est une violation de la vie
privée ?
L. P. : « Le candidat du Rassemblement Bleu Marine
est pour les caméras de vidéo-protection et la police municipale. Moi aussi, je
suis pour les deux. Mais pour les caméras, c’est extrêmement réglementé. J’ai
été à Nice visiter les équipements de vidéosurveillance et je peux dire qu’ils
n’ont pas le droit de prendre des images des personnes sans autorisation. Le
fait qu’il y ait des caméras déplace peut-être le problème là où il n’y en a
pas, mais là où il y en a la délinquance a fortement baissé. Contrairement à
Bernadette Malgorn qui est pour mettre de la police municipale et des caméras
de vidéo-protection seulement à Bellevue, parce que c’est là où il y a des
problèmes (ndlr, ce quartier a été le théâtre de scènes de violence ces
derniers mois), alors que c’est dans toute la ville qu’il faut en mettre. Quant
à Alain Rousseau, il est pour installer des caméras dans les transports en
commun, mais il ignore qu’il y en a déjà. Il ne connaît manifestement pas bien
ses dossiers ».
9°) Le bilan de François
Cuillandre parle de lui-même et est important : le tram, le plateau des
Capucins, le futur téléphérique, n’est-ce pas difficile d’affronter un tel
bilan ?
L. P. : « Je suis d’accord pour dire que c’est un
maire qui a fait plus pour sa ville que Pierre Maille (l’ancien maire de
Brest de 1989 à 2001). Mais on peut dire
aussi tout ce qu’il n’a pas fait et le fait que la ville ait perdu plus de
8 000 habitants depuis 2008, ce qui en soi est déjà un échec quand un
maire n’arrive pas à retenir des habitants dans sa ville. Pour ce qui concerne
le futur téléphérique, je suis plutôt pour, car mon groupe, l’UDC (Union de la Droite et du Centre)
réclamait depuis longtemps un moyen de relier les deux rives de la Penfeld entre le bas de
Siam et le futur plateau des Capucins. La future salle de spectacles Arena est
ou soit trop grande ou soit trop petite. Quant au deuxième multiplexe je suis
persuadé qu’il ne verra jamais le jour, car les cinémas qu’il risquerait de
faire couler, le Celtic et le Multiplexe Liberté feront un recours pour annuler
son ouverture. Donc, les Capucins, pour le moment, c’est plutôt une déception ».
« Le projet de 2ème ligne de tram est toujours en
suspens faute d’argent. Moi, je ferais une deuxième ligne qui irait de la gare
vers la place Albert 1er et si on a assez d’argent on irait soit
vers les facs, soit vers Lambézellec, mais dans les deux cas en desservant la
cité scolaire de Kérichen. Une ligne qui partirait du port on le fera après ».
10°) Que proposez-vous d’autre
pour le rythme scolaire que la semaine de 4 jours et demi qui mécontente tout
le monde y compris à Brest ?
L. P. : « J’espère qu’on arrivera à faire changer
d’avis le gouvernement. Moi, j’étais contre cette réforme. J’étais pour la
semaine de 4 jours (décidée par Xavier Darcos, ministre de l’Education
nationale de 2007 à 2009 sous l’ancienne majorité), parce que c’était plus pratique. À la limite, j’aurais été davantage
pour que la demi-journée supplémentaire soit le samedi et non le mercredi,
comme à l’époque où j’étais en primaire. Les parents peuvent rencontrer les
enseignants plus facilement ce jour là. Quant aux activités du mercredi, la
question se pose toujours de savoir par qui et comment elles sont organisées.
Pour moi, c’est quand même du grand n’importe quoi. Cette réforme a été faite
par les grands penseurs que sont Marc Sawicki et Compagnie. J’espère revenir à
la semaine de 4 jours, mais pour cela il faut mettre une grande claque à
François Cuillandre aux prochaines municipales pour qu’il comprenne qu’il faut
peut-être changer de politique ».
11°) N’avez-vous pas peur que le
candidat Rassemblement Bleu Marine à Brest vous enlève des voix ?
L. P. : « Si. Il prendra des voix à tout le monde de toute
façon. Aujourd’hui le Front National incarne le ras-le-bol au niveau national.
Mais là, il s’agit d’une élection municipale. Alain Rousseau, c’est un drôle de
garçon, car il a été candidat à Fouesnant l’an dernier aux législatives et
cantonales. Pour reprendre une phrase de Jean-François Copé : “Si tu votes
FN, tu auras des petits Hollandes dans toutes les villes“ ».
12°) Que proposez-vous pour
remédier à la délinquance et aux trafics de drogue dans les quartiers sensibles
comme à Pontanézen ou Kérourien qui ont fait les gros titres de la presse
locale ces dernières semaines ?
L. P. : « François Cuillandre dit que la sécurité est
de la compétence de l’État et qu’il faut augmenter les effectifs de police à
Brest, ce en quoi il a raison. Il a écrit à Manuel Vals, (le ministre de l’Intérieur)
et il attend toujours la réponse, ce qui montre bien qu’il faut pallier au manque
de moyens de l’État par ce qu’on peut faire nous-mêmes, c’est-à-dire une police
municipale, parce qu’elle rassure et peut sanctionner les délinquants. La
police municipale utilise beaucoup justement les caméras de vidéo-protection. Après
si Cuillandre est capable de faire augmenter les effectifs de police dans notre
ville, je dis bravo, mais cela n’en prend pas le chemin ».
Marc Gidrol
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