Jean-Marie Le Pen, Président d'honneur et fondateur du Front national, ici à un défilé de Jeanne d'Arc un 1er mai. Source de l'image : Wikipédia. |
Rien ne va plus chez les Le Pen,
depuis la suppression du blog vidéo de Jean-Marie Le Pen, Président d’honneur
du Front national, sur le site internet du même parti. Le vieux baroudeur de
l’extrême droite française n’a pas pu s’empêcher de sortir une petite phrase
choc et choquante dont lui seul a le secret. Jean-Marie Le Pen est coutumier du
fait et cherche à exister médiatiquement en agitant les débats de la sorte
depuis les années 1980 (voir mon dernier article sur mon blog sur l’histoire du
FN et les dernières élections européennes). Déjà, en 1988 il faisait un jeu de
mots douteux sur le nom du ministre de la Fonction publique et des Réformes administratives
entre 1988 et 1991, Michel Durafour, en disant « Durafour crématoire » et en ayant répondu lors d’une interview
sur une radio, que la Shoah
est un « détail de l'histoire ».
À propos des artistes qui ont dit
qu’ils ne se produiraient plus en France en cas de victoire du Front national
aux élections, et en particulier après l’évocation du nom de Patrick Bruel, M.
Jean-Marie Le Pen a répondu dans son blog vidéo animé par Marie d'Herbais :
« On fera une fournée la prochaine
fois ». Le chanteur Patrick Bruel a réagi sur son compte Twitter : « J.M.Le Pen récidive. Avait-il besoin de
nous rappeler son vrai visage et celui du FN #xénophobe #raciste #antisémite
#nausée ». Dans la même vidéo, Jean-Marie Le Pen s’en est pris aussi
au chanteur et ancien tennisman,
Yannick Noah qui s’est engagé à ne plus chanter en France en cas de scores
élevés aux élections. « Cochon qui
s'en dédit », répond M. Le Pen. La chanteuse américaine Madonna et
l’humoriste Guy Bedos, en ont pris pour leur grade pour avoir osé comparé le
Front national au fascisme et au nazisme. Ils sont ainsi rebaptisés « Maldonna » pour Madonna et « Bedoche » pour Bedos par le vieux
chef et fondateur du Front national.
Pour éteindre l’incendie
médiatique allumé par son père, Marine Le Pen a aussitôt réagi dimanche 8 juin
en déplorant la « faute politique »
commise par celui-ci :
« Avec la très longue expérience qu'est celle de Jean-Marie Le Pen, ne
pas avoir anticipé l'interprétation qui serait faite de cette formulation est
une faute politique dont le Front national subit les conséquences », a-t-elle
expliqué.
Ce à quoi son père lui a répondu,
dans une lettre, en la vouvoyant :
« (…) Cette dénonciation de mes propos est, hélas, banale et
n'aurait pas pris d'ampleur (...) si cette calomnie odieuse n'avait été
accréditée par les commentaires maladroits d'un responsable FN et celui d'un
député, qui n'est pas membre du Front National, tout en lui devant son
élection, mais surtout par votre condamnation d'une "faute politique"(…)
Vous me faites grief de n'avoir pas anticipé les éventuelles attaques dont je pouvais
être l'objet, autrement dit, de ne pas m'être appliqué une censure préalable
volontaire comme dans les pays totalitaires. Mais vous-même, n'avez-vous pas
été mise en cause par votre déclaration sur "l'occupation" de rues
par des fidèles musulmans ou encore par votre présence à Vienne, à un bal,
réputé "nazi" par nos ennemis ? »
D’autres responsables nationaux
du FN ont condamné les propos du vieux fondateur. Ainsi, Louis Aliot,
Vice-président du FN, a regretté une « mauvaise phrase de plus ». Quant au député Gilbert Collard,
élu sur l’étiquette Bleu Marine mais non carté au FN lui-même, il a enjoint M.
Le Pen à prendre sa retraite : « Bedos
a pris sa retraite (...) le roi
d'Espagne a pris sa retraite et Jean-Marie ferait peut-être bien de se poser la
question ». Ce à quoi, le patriarche de la famille Le Pen, dans une
interview sur LCI lui a suggéré de « changer
les consonnes de son nom ». Florian Philippot, l’étoile montante du
FN, a minimisé les propos de Jean-Marie Le Pen devant Anne-Sophie Lapix, à
l’émission « C’à vous » sur France 5 cette semaine, en affirmant
qu’il n’y avait pas d’antisémitisme dans les propos de Jean-Marie Le Pen, mais
que c’était l’interprétation qui en était faite par certains qui pouvait le
laisser entendre. Quant Anne-Sophie Lapix lui rappelait les sorties verbales du
fondateur du FN, il répondait : « Je ne sais pas de quoi vous parlez ».
SOS Racisme a indiqué son
intention de porter plainte « contre
cette immonde et énième sortie ».
Cette affaire, en plus d’être politique, est aussi familiale, chez les
Le Pen. Le Front national lui-même est une affaire de famille. Ils dirigent le
parti depuis sa fondation, en 1972. Les conflits familiaux au sein de cette
famille sont publics. De sorte que l’on peut dire que leur linge sale est lavé
en public en plus de l’être en famille.
Marc Gidrol
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