Le conseil municipal de Brest s’est
réuni vendredi 20 juin, exceptionnellement, tout comme les 73 000 autres
communes de France et de Navarre, en raison du vote des délégués titulaires et suppléants,
appelés à élire les sénateurs le 28 septembre prochain. Le maire et Président de Brest
Métropole Océane (BMO), M. François Cuillandre, a prévenu qu’il
ne fallait pas y passer toute la soirée pour procéder à cette élection, car
« à 21 h il y a le match de Foot
dans lequel jouent nos bleus ». Au cours duquel, ceux-ci ont gagné 5 à
2 contre les Suisses, en plus, il ne fallait pas rater cela !
En préliminaire à ce conseil
municipal, en guise d’apéritif avant les délibérations habituelles, sous cette
chaleur étouffante qui donnait plus envie d’être à la plage que dans la salle
du Conseil municipal de la mairie de Brest, le maire et la seule élue UDB (Union
Démocratique Bretonne) du conseil municipal,
Mme Anne-Marie Kervern, ont tenu à émettre des remarques.
L’un, M. Cuillandre, pour s’inquiéter
de la baisse des dotations globales versées aux collectivités locales. « Cela va entraîner une baisse de la qualité
des services rendus à la population, avec des conséquences inévitables sur la
croissance et l’emploi ». « Mais
la Communauté
urbaine de Brest est la bonne élève de la classe et il est normal que le bon
élève soit préservé par rapport à celui qui n’a pas fait les efforts »,
martèle-t-il encore.
L’autre, Mme Anne-Marie Kervern, pour
s’étonner du redécoupage des régions « contesté » et des déclarations du maire et Président de Brest
Métropole Océane, M. Cuillandre qui a déclaré être en faveur d’une alliance
avec les grandes agglomérations de la région Pays de la Loire, alors même qu’il y
avait « unanimité pour une gestion
démocratique de cette région ». En effet, M. Cuillandre dans une
tribune cosigné avec Johanna Rolland, maire de Nantes, Présidente de Nantes
Métropole, Nathalie Appéré (maire de Rennes), Emmanuel Couet, Président de
Rennes Métropole, et David Samzun (maire de Saint Nazaire, Président de la Carene, qui est la Communauté d’agglomération
de la région nazairienne et de l’estuaire), dans le célèbre quotidien régional Ouest-France du lundi 26 mai 2014, s’est
dit favorable à une mutualisation des compétences des « échelons territoriaux – et naturellement
des moyens financiers dont ils disposent ». Ces élus de l’Ouest
affirment leur volonté dans cette tribune de fusionner leurs régions :
« (…) Tout en étant fortement attachés au respect des identités, à la
valorisation des cultures et des langues régionales, bretonnes en particulier,
nous sommes convaincus que l’heure est plus que jamais à l’ouverture, au rassemblement
des acteurs, des citoyens et des territoires dans leur diversité, autour de
projets communs. Brest, Rennes, Nantes et Saint-Nazaire, tout comme les régions
Bretagne et Pays de la Loire,
ont démontré leur complémentarité et tissent, déjà, de nombreuses coopérations.
Nous sommes donc favorables à une fusion de la Bretagne et des Pays de la Loire ».
Mais le projet de réforme
territorial proposé par le gouvernement ne va pas dans ce sens puisque la
région Bretagne resterait inchangée, toujours avec ses 4 départements, sans le
département de la Loire-Atlantique,
malgré la demande de rattachement par une grande partie des élus bretons de
droite ou de gauche et par les Bonnets rouges.
Mais pour revenir à cette fusion
Bretagne-Pays de la Loire,
d’ailleurs, au dernier Conseil communautaire de BMO la participation du
territoire métropolitain de Brest, notamment en termes financiers pour une
somme de 16 900,70 €, au sein du Pôle métropolitain Loire-Bretagne,
regroupant en plus une cinquième agglomération, Angers Loire Métropole, a été
votée par les élus communautaires. Preuve que ce rapprochement des grandes
villes de l’Ouest est concret. Au grand dam de l’élue régionaliste bretonne.
« Vous avez le droit d’être pour une association avec les villes des Pays
de la Loire »,
lui a lancé Mme Kervern. Le maire lui a aussitôt répondu, « ce droit m’a été contesté au sein même de
cette assemblée » mais en ne donnant aucun nom ! Mme Kervern
insiste : « Les contours
régionaux ne doivent pas être imposés mais partagés (…) donc nous demandons la tenue de débats
ouverts à la population et un projet de découpage des régions qui ne doit pas
être un simple redécoupage technocratique sans lien avec les réalités
régionales ». « Il faut
des projets à dimension humaine et démocratique et non technocratique »,
martèle encore l’élue régionaliste.
Ensuite, comme déjà indiqué, l’assemblée
municipale a procédé au vote des délégués titulaires et délégués suppléants du
collège de grands électeurs devant élire 4 sénateurs lors du scrutin du 28
septembre prochain. Deux listes concourraient. Celle de la liste de Mme
Bernadette Malgorn, « Rassemblement Pour Brest », et celle de la liste
socialiste de M. François Cuillandre, « Ensemble pour Brest ». Il est
à noter que les délégués titulaires peuvent être élus parmi les conseillers
municipaux. Pour les délégués titulaires, la majorité socialiste a 105 noms, l’opposition
de droite de Mme Malgorn obtient 33 noms. Les délégués suppléants se
répartissent entre 31 noms pour la majorité municipale et 10 pour l’opposition.
Le conseil municipal après cette
formalité est passé à la délibération suivante qui portait sur le compte
administratif 2013 de la Ville. C’est
Mme Bernadette Abiven, 1ère adjointe à la ville de Brest en charge
des Finances et de l’Administration générale, qui a présenté cette délibération
et en bon successeur de Jean-Luc Polard, elle a assuré que le budget de la
ville est dans « une situation
financière saine, dans la zone verte ». « Jean-Luc Polard aurait dit “la maison est bien tenue“.
Parmi les chiffres à retenir,
dans ce budget, 162 millions d’€ concernent les dépenses en mouvements réels et
124 millions en frais de fonctionnement. Les volumes budgétaires en dépenses et
en recettes augmentent parce que la caisse des écoles a été transférée à la Ville. Les recettes de
fonctionnement stagnent en 2013 avec une augmentation de 0,04 %. La taxe locale
sur les publicités extérieures a rapporté 1,3 million d’euros en 2013. Mais ce
budget est impacté par 3 facteurs : la baisse des dotations de l’État, la
baisse des dotations des organismes publics comme la CAF, (à – 3,6 %) et la hausse
des charges de fonctionnement (+ 1,5 %) hors frais de fonctionnement. La ville
a dépensé en 2013 196 000 € pour le temps périscolaire, lié à la réforme
des 4 jours et demi dans les écoles élémentaires. Les nouveaux investissements
réalisés par la ville de Brest et qui ont impacté le budget sont entre autres
l’Espace Enfance-association à Pontanézen dans le quartier de l’Europe ou
encore la crèche de Pen-ar-Créac’h, également dans le quartier de l’Europe, mais
aussi la médiathèque des Capucins, et encore la réhabilitation-extension de la
résidence de Kerdigemer.
Les emprunts se montent à 3,5
millions d’€. La ville a réduit son encours de la dette de 5,8 millions
d’euros. « La capacité d’épargne
est en baisse mais reste d’un niveau satisfaisant » a tenu à rassurer
Mme Abiven. L’épargne nette est même passée de 12,4 millions d’ € à 17,7
millions d’ €. L’autofinancement représente 10,7 millions d’euros et 62 % des
investissements. La capacité de désendettement représente 3,1 années d’emprunt.
Mais Mme Abiven souligne un point à améliorer dans ce budget, « les taux d’exécution budgétaire qui restent
perfectibles, en particulier sur les charges à caractère financières ».
« Dès 2014 et pour 2015, 2016 et
2017, l’engagement de Brest comme de toutes les villes est donc de contenir le
niveau de la dette ».
M. Bruno Sifantus (groupe Rassemblement
Pour Brest) tempère ces propos optimistes de Mme Abiven : « Les comptes administratifs confirment des
tendances inquiétantes. Brest est bien au cœur de la crise ». Il
pointe du doigt notamment le « retard
des investissements, une pression fiscale locale qui augmente régulièrement ».
« La taxe transport est déjà
presque à son plafond maximum comme dans les autres villes gérées par la gauche »,
déplore l’élu de droite. Bernadette Abiven répond « qu’il n’est en aucun cas (pour
nous) question de désengagement ».
François Cuillandre intervient dans le débat pour ajouter qu’ « opposer les dépenses de fonctionnement et
celles d’investissement n’a pas de sens, puisque la médiathèque des Capucins,
par exemple, qui représente une dépense d’investissement va forcément par la
suite générer des dépenses de fonctionnement une fois qu’elle sera
opérationnelle ». Mme Bernadette Malgorn indique que « (nous) demandons une vision globale des choses
pour que le mode de gestion ne vienne pas biaiser le mode de dépenses ».
« Il y a de très mauvaises dépenses
d’investissement », rappelle sur un ton narquois l’élue d’opposition. Comme
on pouvait s’y attendre, Rassemblement Pour Brest s’oppose à cette
délibération.
Dans la délibération suivante, il
était toujours question de sous puisque l’approbation du compte de gestion du
Trésorier Principal pour l’année 2013 était soumise au vote des conseillers
municipaux. Il était question de donner « un quitus de sa gestion au Trésorier Principal », comme l’a
rappelé M. Cuillandre. Rassemblement Pour Brest s’abstient lors de cette
délibération, votée à la majorité, donc.
Lors de ce Conseil municipal, il
a été demandé aussi d’approuver le versement d’un fonds de concours à Brest
Métropole Océane à hauteur de 150 000 € HT pour mettre en œuvre l’accompagnement
artistique de la future grande médiathèque des Capucins. Ainsi que d’actualiser
la demande de subvention auprès du FEDER (Fonds européen de développement
régional), dépendant de l’Union européenne, pour une partie des travaux et des
équipements de la médiathèque.
Bref, ce fut un conseil municipal
encore très technique et administratif, par ce beau temps qui ne donne pas
envie de s’embêter l’esprit avec des textes de loi et des chiffres, mais il fut
rapide. Ce budget 2013 de la
Ville de Brest est à double vision, optimiste dans l’optique
de la majorité socialiste ou pessimiste suivant l’opposition municipale de Mme
Malgorn. Mais cela n’a rien de surprenant !
Marc Gidrol
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