C’est un conseil communautaire de
Brest Métropole Océane (BMO) très chaud qui a eu lieu au sein de la salle du conseil
communautaire à Coat-ar-Guéven. Pas seulement en rapport avec la température
extérieure, mais parce que les échanges ont été très vifs et même parfois
violents — verbalement — entre Rassemblement Pour Brest, le groupe d’opposition
de la droite brestoise conduit par Mme Bernadette Malgorn et Ensemble pour
Brest tenons le cap, celui de la majorité socialiste de François Cuillandre,
Président de la collectivité.
Là aussi on a eu le droit à des
remarques préliminaires en début de conseil, cette fois-ci de la part de Mme
Bernadette Malgorn. « Je me propose
de vous éclairer sur le sens de nos votes. Le compte administratif 2013 révèle
des fragilités de la situation financière de BMO, il ne suffit pas de dire “la
maison est bien tenue“ (en rapport avec les propos de Mme Bernadette Abiven
au dernier conseil municipal vendredi 20 juin, voir mon dernier article sur mon
blog). Il ne suffit pas de mettre la
poussière sous le tapis. La baisse des dotations de l’État aux Collectivités
locales ne sera pas sans conséquence sur le budget. En 2013, les intérêts de la
dette ont continué à augmenter. Cinq points sont à souligner : La
population de BMO est inférieure à son niveau de 1975 et le nombre de
contribuables continue aussi à baisser ». À cela pourrait s’ajouter une
fuite des jeunes cerveaux ». La dette de notre agglomération est
supérieure à 400 millions d’€, dans ces conditions comment poursuivre une politique
de grands travaux ? À propos de la future agence onusienne des
sciences de la mer qui devrait s’implanter à Brest, vous avez été à
New-York pour cela ! Mais la priorité pour nous, c’est de revitaliser la
démocratie locale. Il y a trop d’exemples d’opérations de façades quand ce
ne sont pas des opérations de camouflages, j’en veux pour preuve, pour les
opérations de façades, les travaux d’accès au port de commerce, rue Alain
Colas, ou la cession d’un terrain aux gens du voyage quand les salariés du
Spernot n’étaient pas au courant » accuse sévèrement Bernadette
Malgorn. « Vérité et courage,
puissent ces vertus influencer les pratiques de la commune dorénavant ».
Devant l’empressement de Mme
Malgorn à reprendre la parole, François Cuillandre lui ordonne : « Cessez Mme Malgorn de claquer des doigts
quand vous voulez prendre la parole, c’est une question de politessse, je ne
suis pas un garçon de café ». « Il n’y a pas de sots métiers, M. Cuillandre », lui lance alors
Bernadette Malgorn, « les garçons
de café apprécieront », poursuit-elle.
« Au risque de vous contrarier Mme Malgorn, la campagne électorale est
finie et vous avez perdu les élections municipales ? »
Mme Malgorn, piquée au vif par la
remarque de M. François Cuillandre, vocifère alors : « Ça ne sert à rien d’être ici alors ??? »
« 19 902 électeurs ont voté
pour nous tout de même !!! »
À propos de la famille issue des
gens du voyage, Tifenn Quiger répond à Mme Malgorn qu’ « ils ont un projet de vie, et qu’ils sont
sédentaires sur le bassin brestois depuis plusieurs mois ».
Il a été question du vote du
compte administratif 2013
Bernadette Abiven présente le
compte administratif 2013 de BMO. Au passage, elle en profite pour tacler Mme
Malgorn : « Je ne suis pas
comme Madame Malgorn, je n’ai pas de poussière sous le tapis ».
« Jean-Luc Polard utilise aussi
l’aspirateur, il nous a légué une situation saine financièrement ». François
Cuillandre, toujours prêt à plaisanter, réplique : « Comme quoi, le ménage ce n’est pas l’exclusivité
des femmes ».
Mme Bernadette Abiven,
l’héritière des attributions de Jean-Luc Polard présente les comptes
administratifs 2013 de BMO. « Deux
ans jour pour jour après l’inauguration du tram, le désendettement est rapide,
7,2 années contre 8,8 en 2012 ». « Le budget de l’agglomération est consolidé avec 413 millions d’ € en
dépenses réelles et 159 millions d’ € en investissements ». La taxe
sur l’électricité a augmenté de 9,9 %. Les subventions versées par la
communauté urbaine ont baissé de 4,1 %. Par exemple, BMO ne verse plus que
500 000 € cette année pour les fêtes maritimes.
La masse salariale de BMO et de
ses satellites se chiffre à 79,3 millions d’ €. Point négatif, l’annuité de la
dette a augmenté de 2,7 % par rapport au tram dont la construction a coûté 14,5
millions d’euros, mais il faut compter aussi la salle Arena, prévue pour accueillir
les grands spectacles et compétitions sportives, ainsi que les frais liés à l’aménagement
routier, mais encore le contrat État-Région, les bus et minibus et enfin les
travaux du futur éco-quartier du plateau des Capucins. L’agglomération a ainsi
emprunté 25 millions d’ € à long terme pour les investissements contractés en
2013. L’endettement a diminué pour se situer à 23,4 millions d’ €. La Caisse des Dépôts et
consignations (CDC) avec 29 % de l’encours de la dette est ainsi le premier prêteur
de BMO. L’épargne nette est de 30 millions d’ €. L’autofinancement représente
35 % des investissements de l’agglomération. « En définitive, nous sommes dans la zone verte », assure là
aussi Mme Abiven. Le budget de l’eau : 2,81 millions d’ €.
L’assainissement : 5,6 millions d’ €.
Les dépenses d’investissement ont
baissé entre 2012 et 2013 de 66,6 millions d’ € à 46,6 millions d’euros.
Dominique Cap, le maire de Plougastel-Daoulas rappelle que « l’AMF (Association des maires de
France) s’est prononcé à l’unanimité
contre cette baisse des dotations de l’État aux Collectivités locales ».
Bruno Sifantus, demande la parole au Président de BMO qui le lui accorde :
« Vous voyez que je n’ai pas claqué
des doigts » lui lance M. Sifantus. « Vous êtes civilisé vous !», lui répond M. Cuillandre. Bruno
Sifantus alarme sur la fiscalité locale qui a augmenté de 1,1 % pour les
entreprises et 4,4 % pour les ménages. La GUP (Gestion Unifiée du Personnel) compte pour
plus de 40 % dans le budget de l’agglomération. « La question la plus sensible est le point atteint par la dette. La
réalité est plus alarmante. La dette de BMO se monte à 412,6 millions d’ € au
31 décembre 2013. Il faudrait presque 18 ans pour se désendetter »,
poursuit M. Sifantus, très alarmiste. « Il manque une vision globale de la gestion de la CUB, en conséquence il faut
une profonde réorganisation de la gestion de la dette », conclut l’élu
de droite très pessimiste.
Mme Bernadette Abiven corrige les
propos de M. Sifantus : « Vous
avez dû faire une erreur de calcul M. Sifantus, car la baisse annoncée de la
dette se situe autour de 24 millions d’ € or le report de la dette suivant notre
capacité d’épargne brute est de 56,2 millions d’ €, donc il ne faut que 2,2
années et pas 18 années comme vous nous l’annonciez ». François
Cuillandre ajoute son commentaire : « Les taux sont restés stables, l’assiette augmente parce que les impôts,
l’inflation et l’évolution des bases augmentent, le taux est le même partout. Sur
les garanties d’emprunt les bras m’en tombent car les maires font voter une
garantie d’emprunt quand il y a une construction d’immeubles, encore une fois
comme je l’ai dit au dernier conseil municipal, mélanger les garanties
d’emprunt et la dette, ça n’a pas de sens, c’est comme le béret basque ».
Comme il fallait s’y attendre et
comme lors du dernier conseil municipal vendredi dernier (voir mon dernier
article sur mon blog) Rassemblement Pour Brest a voté contre ce compte
administratif 2013 de BMO. Bernadette Malgorn a expliqué que son groupe, rassemblement
Pour Brest, exprime « une
opposition constructive, ce qui explique que (nous) votons contre ou nous nous abstenons lorsque nous sommes d’accords sur
l’idée qu’il faut faire quelque chose mais pas de la manière engagée par
l’actuelle majorité ». Et en effet, les élus de son groupe se sont
tenus à cette ligne là tout du long du conseil communautaire, sauf pour
quelques délibérations en fin de conseil. Comme la délibération portant sur la
politique de la ville dans le quartier de Recouvrance. Il s’agissait d’un
projet de convention de partenariat entre BMO, la Ville de Brest et la Caisse d’Allocations
Familiales (CAF). Mme Melscoet rappelle que Recouvrance est une priorité de la
politique de la ville depuis 1994, tout comme Pontanézen depuis 1982 ou encore
Kéredern depuis 1989. L’agglomération versera une aide de 6 000 € sur
trois ans. Il semble que Mme Malgorn et son groupe soient plus sensibles aux
questions de rénovation urbaine qu’aux questions comptables. Le maire et
Président de BMO, M. François Cuillandre, pousse même un soupir de soulagement :
« On y arrive, c’est la première
délibération du conseil votée à l’unanimité ». On était déjà arrivé à
la 48ème délibération !
Le conseil communautaire a
approuvé aussi à la majorité le Compte-Rendu Annuel à la Collectivité (CRAC) présenté
par la Sarl Messioual
pour l’aménagement de la ZAC
de Messioual qui est un nouveau quartier de 560 logements, dont le coût total
se monte à 13 567 296 €, et dont BMO ne participe pas.
L’autre grand futur éco-quartier,
la ZAC de la Fontaine Margot comportera
1 800 logements sur 65
hectares au total. Les travaux ont commencé en février
dernier. Le coût total des travaux se monte à 42 828 000 € et la
collectivité participe dans ce projet à hauteur de 8 331 000 €. La
convention a été signée pour 10 ans.
À propos du projet urbain de
recouvrance qui concerne 5 immeubles devant être réhabilités, le conseil
communautaire a reformulé son souhait de faire de la lutte contre la précarité
énergétique, un des axes forts de sa politique. Christian Guyonvar’ch, vice-président
de BMO à l'urbanisme réglementaire et commercial, souligne que « le secteur de Brest est particulièrement
touché par les pertes énergétiques, la rénovation énergétique doit être un
enjeu fort ».
Il a aussi été question de la ZAC Multisites du Technopôle
Brest Iroise à Plouzané. Le Technopôle
Brest Iroise représente une zone de développement économique de BMO avec
20 000 emplois sur 500
hectares. La ZAC
Multisites regroupera 100 entreprises sur 107 hectares, générant
4 000 emplois et accueillant 20 000 étudiants. BMO finance ce projet
à hauteur de 12 768 000 € et pour 2014 la participation est de
500 000 €. M. Cuillandre a assuré que le décret définitif pour le statut
de Métropole de BMO interviendra à la mi-juillet après toute une série d’étapes
administratives.
Au total c’était un conseil rythmé
par la dispute verbale entre Mme Malgorn et François Cuillandre, qui a même
failli à un moment tourner au pugilat !
Marc Gidrol
C'est bien ! Bisous.
RépondreSupprimer