L’histoire politique de la Bretagne du premier XXème siècle a désormais
une synthèse digne de ce nom avec l’ouvrage Les
forces politiques en Bretagne : notables, élus et militants (1914-1946),
écrit par un universitaire de l’UBO à Brest, Christian Bougeard. Celui-ci est
venu parler de son livre au café de la libraire Dialogues à Brest, mardi 5 juin.
Tableau politique exhaustif
Cette étude retrace le parcours
des forces politiques et de leurs acteurs durant cette période charnière allant
de la Première Guerre mondiale à la IVème République en passant par la crise de
1929 et celle des années 30, la Seconde Guerre mondiale et la Libération.
« Période de glissement sur l’échiquier politique entre la gauche et la
droite, notamment à la veille des années 1930 », explique le Professeur
d’histoire contemporaine. « En 1934, les communistes et les socialistes se
rapprochent au cours des luttes rurales, c’est un prélude au Front populaire de
1936 puis à la Résistance à partir de 1940 ». « C’est aussi à partir
des années 30 que tous les partis politiques se structurent en Bretagne et à
plus forte raison à la Libération en 1944 », ajoute l’historien.
Des continuités aussi relient
cette période aux époques antérieures. Comme dans le Centre Bretagne, républicain au XIXème siècle, où « il y a une filiation avec la montée du communisme après ». « En Centre-Bretagne, les élus sont des
petits propriétaires terriens, des paysans classés à gauche voire à l’extrême
gauche et qui sont bien enracinés et appréciés de la population parce qu’ils
rejettent la domination des grands propriétaires fonciers et de l’Église ».
La Bretagne et la guerre
M. Bougeard nuance l’image d’une
Bretagne collaborationniste avec l’occupant allemand, alimentée par le souvenir
du PNB (Parti nationaliste breton), parti soutenu et financé par l’Allemagne
nazie mais rejeté par la population. « Beaucoup d’élus bretons ont été
résistants. À titre d’exemple, on compte 7 finistériens qui ont voté non aux
pleins pouvoirs au maréchal Pétain lors du vote de l’Assemblée du 10 juillet
1940. Deux députés finistériens radicaux-socialistes, Albert Le Bail, maire de
Plozévet, et Jean Perrot, maire d'Esquibien, François Tanguy-Prigent (SFIO) et
Jean-Louis Rolland, maire de Landerneau (SFIO), les démocrates populaires
chrétiens Paul Trémintin, maire de Plouescat et Paul Simon de Brest, ainsi que
le sénateur radical-socialiste de Brest Victor Le Gorgeu. D’autres qui ont voté
oui au maréchal comme Jean Crouan, de Châteaulin, sont ensuite entrés en
résistance. Ce sont les Vichysto-résistants ». De plus, « 13 % des membres des FFL (Forces françaises libres) sont issus du
Finistère, premier département breton en termes d’effectifs des FFL »,
renchérit l’universitaire.
Le choix des dates
Celui de 1914 s’explique
facilement, marquant l’entrée dans le XXème siècle. Pour celui de 1946,
« il y a une clarification politique et pour voir le phénomène, il faut
aller jusqu’à cette date ».
En lisant ce livre, la vie
politique en Bretagne n’aura plus aucun secret pour les lecteurs.
Marc Gidrol
Christian Bougeard, Les forces politiques en Bretagne :
notables, élus et militants (1914-1946, Rennes, Presses universitaires de Rennes,
octobre 2011, 22 €.
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