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Brest manifeste contre l’accord national interprofessionnel

Les manifestants contre l'accord national interprofessionnel remontant la rue Jean Jaurès mardi 9 avril.


À Brest ils étaient environ 300 à manifester comme dans les autres villes en France mardi 9 avril, contre la loi débattue actuellement au Parlement et voulue par le gouvernement, la loi issue de l’Ani (Accord national interprofessionnel) dit de « compétitivité ».
 
Le cortège de manifestants revenant de la permanence de Patricia Adam rue Branda, mardi 9 avril.

En cette nouvelle période de tensions sociales entre les travailleurs et les patrons, comment ne pas évoquer – puisque Margaret Thatcher surnommée en son temps la « Dame de fer » et qui fut Premier ministre de la Grande Bretagne de 1979 à 1990 vient de décéder à l’âge de 87 ans hier – la grève des mineurs outre-Manche, durement réprimée en 1984 par le gouvernement britannique de l’époque. En toile de fond à l’époque la politique libérale de Margaret Thatcher : droits des syndicats affaiblis, désindustrialisation, privatisation des grandes entreprises nationales. Bref, c’est à la « Dame de fer », que la Grande Bretagne doit sa remontée économique spectaculaire au cours de la décennie 80 après un marasme économique que Margaret Thatcher attribuait au Welfare State, c’est-à-dire à la trop grande intervention à son goût de l’État dans l’économie du pays. Son credo était : réduire le poids de l’État dans l’économie du pays, renforcer le poids du pays dans le monde. Mais elle attribuait aussi le « déclin anglais » à la prééminence des syndicats. Le bilan de sa politique fut nuancé en revanche, car si la livre sterling remonte et que la productivité repart, c’est au prix fort de « friches industrielles », d’une montée du chômage jusqu’en 1985 et d’un déficit commercial très lourd. C’est aussi l’époque où face à une société duale, les jeunes anglais des « pays noirs » expriment leur désespoir dans le hooliganisme et les affrontements raciaux.
La foule de manifestants devant la mairie de Brest mardi 9 avril.


Pour en revenir à la manifestation de Brest, après une série de discours prononcés par les responsables syndicaux de Brest, le cortège de la manifestation organisée conjointement par les syndicats FO 29, CGT et FSU Solidaires s’est mis en branle vers 11 h 45 de la mairie pour remonter la rue Jean-Jaurès et pour passer ainsi devant la permanence de la députée socialiste de Brest, Patricia Adam, rue Brande, à côté de l’espace Jaurès.
Olivier Le Pichon de la CGT Brest lisant un discours devant les manifestants mardi 9 avril.

Bruno Choisne de FO 29, mardi 9 avril.

Pour Olivier Le Pichon, secrétaire de la CGT à Brest, « le gouvernement Ayrault si il veut protéger les travailleurs ferait bien mieux de faire une loi qui interdirait les licenciements boursiers ». « Quand on sait dans le même temps que les entreprises du Cac 40 ont distribué en 2012 41 milliards d’euros de dividendes, soit 5 % de plus qu’en 2011 », s’insurge le syndicaliste. À la question de savoir s’il fallait faire cette loi pour la compétitivité des entreprises, Olivier Le Pichon balaye l’argumentation du gouvernement, de la droite et du Medef d’un revers de main : « Cette loi est fondée sur la loi Gallois qui estime qu’il faut réduire le coût du travail en détruisant tout le droit social pour être compétitif, mais pour quoi faire ? » Et de rappeler qu’actuellement 9 millions de Français vivent en dessous du seuil de pauvreté. Marc Hébert de FO 29 ajoute : « La seule solution, c’est que les salariés montrent que la coupe est pleine ». « Sarkozy et le Medef l’avait rêvé, le gouvernement et Hollande l’ont fait », pouvait-on entendre dans le discours du responsable de la CGT de Brest. Car avec cette loi, selon ce dernier, « les salariés auront encore moins de droits pour se défendre » tandis que « les patrons se jetteront sur les pires aspects de cette loi pour multiplier les plans sociaux ».

Toutes les manifestations de rues de cette journée n’ont pas empêché le vote de cette loi par les députés ce même jour.

Marc Gidrol

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