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Un conseil municipal sans consistance

Les premières paroles prononcées par l'élue Europe Écologie-Les Verts (EELV) Julie Le Goïc au début de ce conseil municipal, jeudi 6 novembre, l'ont été pour le jeune militant écologiste, Rémi Fraisse, tué le 26 octobre dernier au barrage de Sivens, alors qu'il défendait la protection de la nature.



Après ces paroles d'hommage, le combat politique a repris. Dès le début du conseil municipal, Bernadette Malgorn, la responsable du groupe Rassemblement Pour Brest (RPB), opposition municipale de droite et du centre, dont certains membres ont fait scission et ont crée un nouveau groupe, Brest Alternative (BA), a frappé fort en intervenant au sujet d'un projet destiné à désenclaver la pointe bretonne, le TGV reliant en moins de 3 h 00 Paris à Brest et Quimper. « C'est notre combat commun au niveau breton et finistérien. Ce moment de la construction de ces lignes de TGV me paraît venu et il y a les conditions d'accompagnement à une position que vous pourriez porter, M. le Maire, au nom de notre Ville et de notre agglomération », sollicite-t-elle auprès de M. François Cuillandre, maire de Brest et président de la métropole Brest Métropole Océane (BMO), qui en aura officiellement le statut à partir du 1er janvier 2015. «  Je sollicite une petite rencontre avec vous pour nous permettre de porter ensemble ce sujet pour notre pointe bretonne. Claudine Péron (RPB) a assisté au groupe d'études sur le téléphérique », ajoute Mme Malgorn tout en indiquant à celle-ci de prendre la parole. Le maire réagit instantanément : « C'est moi, ici, qui donne les tours de parole ». Puis il commente les déclarations de l'élue de droite et du centre : « Ce dossier concerne plus l'agglomération que la Ville même si les deux sont liées ». Puis il daigne donner la parole à Mme Claudine Péron.



Cette dernière lance sa diatribe contre le téléphérique : « Ce mode de transport aérien par câble en milieu urbain soulève des interrogations. Le conseil municipal n'a pas de pouvoir sur ce sujet. Le choix du constructeur est prévu le 14 novembre en réunion de bureau du Conseil communautaire. Si le projet peut sembler sympathique, il n'en est pas moins complexe. Les questions de sécurité sont à préciser. Des questions restent en suspens. 99,9 % des municipalités qui ont adopté ce mode de transport en découvrent le coût une fois celui-ci mis en place. Rappelons que le coût maintes fois revu à la hausse en est arrivé à 19 millions d'euros et demain, qu'en coûtera-t-il ? Le financement de cet investissement, en plus, n'est toujours pas assuré. Il faut qu'il n'y ait pas d'autres alternatives à ce mode de transport, or celui-ci ne sera pas toujours indispensable pour traverser la Penfeld. De plus, il faut que la population soit impliquée et pour cela il faut des moyens légaux. Donc, à l'issue du colloque nous sommes encore plus opposés à ce projet. Au total, vous faites prendre des risques aux Brestois et ce sont eux qui paieront », conclut amèrement Mme Péron. Mme Malgorn prévient : « Notre opposition sera ferme et lucide mais courtoise et constructive ».



Anne-Marie Kervern, élue de la formation régionaliste UDB (Union pour la Démocratie bretonne) se félicite d'avoir été « entendue sur la réforme territoriale ». Elle poursuit : « On recréera du lien si les citoyens y voient autre chose que des stratégies de carrières pour un petit nombre. On retissera du lien si l'aménagement du territoire est autre chose que des manifestations violentes dont l'issue peut être tragique ». À l'issue de ces fortes paroles, les conseillers municipaux ont entamé la longue liste des délibérations habituelles, quoique très techniques cette fois-ci.



La première délibération portait sur les attributions de subventions versées aux associations dont le montant total s'établit à 309 686 €. À ajouter aux 3 632 825 € déjà accordés aux différentes associations de la Ville par le budget primitif 2014.
Bernadette Malgorn prévient que « beaucoup de ces subventions rencontrent notre approbation mais soulèvent des interrogations donc nous nous abstiendrons sur cette délibération ». Et, effectivement, le groupe RPB s'est abstenu.



Le conseil municipal a aussi conclut une nouvelle convention pour le Groupement de commandes 'Fourniture de carburants et de combustibles de chauffage', constitué en 2014 et dont le but est de rationaliser et d'optimiser l'acquisition de carburants et de combustibles de chauffage pour Brest Métropole Océane (BMO), la Ville de Brest, le CCAS (le centre communal d'action sociale) de la Ville et la société publique locale, Eau du Ponant. Cette délibération a été votée à l'unanimité.



La délibération n°3 a donné lieu, quant à elle à des échanges vifs et animés entre l'opposition municipale et la majorité. Il s'agissait de voter les nouveaux droits de location de places commerciales de la Ville pour 2015 qui augmenteront de 1,6 %. Cela concerne aussi bien les halles que les marchés couverts ou ouverts, les terrasses de café et de restaurants. Dorénavant un système de saisonnalité de droits est créé pour les terrasses. Les droits de places et de terrasses seront divisés par deux en automne et en hiver, en rapport au climat moins propice à rester dehors durant ces saisons. Mme Nathalie Collovati de Brest Alternative, autre groupe de l'opposition de droite, réagit vivement : « Les tarifs de ces places ont augmenté par rapport à 2013, avec un barème qui reste au-delà de l'inflation », qui est 0,3 % pour 2014. Michel Calonnec, de RPB s'insurge : « Quel est le but de cette augmentation ? » « À 1,6 %, elle est insuffisante... Car elle ne compense pas la défaillance d'un grand nombre d'entreprises... », ironise-t-il.



Madame Véronique Bourbigot (RPB) raille « une politique de non-sens économique », alors que « l'activité commerciale va mal ». Jean-Luc Polard, de la majorité municipale, répond pour sa défense que « l'évolution de l'Insee ne correspond pas à celle de l'augmentation de notre masse salariale et que les modes de consommation ont changés avec une préférence des consommateurs pour les commerces de périphérie au détriment de ceux du centre-ville et les achats sur Internet après des invitations à des showrooms en magasin ». Cette taxe a rapporté au total 670 000 € en 2013 à la Ville.



M. Michel Calonnec aborde aussi la contestée Taxe locale sur la publicité extérieure (TLPE) en reprochant à la municipalité de l'appliquer alors qu'elle n'est que « facultative » selon lui. M. le maire, François Cuillandre, en bon professeur de droit, qu'il est d'ailleurs à l'Université de Bretagne Occidentale (UBO), lui répond que "d'après le petit livre rouge elle est obligatoire ».



Autre mesure phare du conseil, celle de l'attribution d'une subvention à l'association sportive Brest Bretagne Handball pour un montant de 70 000 euros supplémentaires pour la saison 2014-2015. Au total, cette association se voit attribuer cette année 149 000 € au titre de son accession à la division 2 du championnat de handball.



100 000€ supplémentaires sont aussi octroyés à l'équipe de hockey des Albatros pour cette même saison. Rémi Hervé (RPB) se félicite que le « club ait de très bons résultats ».



Au final, les décisions à retenir de ce conseil concernent surtout le commerce et c'était un conseil court, technique et sans enjeu important.



Marc Gidrol

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