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À Nouvelle Donne on n'a pas de pétrole, mais on a des idées contre le chômage

Nouvelle Donne (ND) a organisé un café citoyen samedi 14 mars à la Maison des syndicats de Brest (en face du lycée de l'Harteloire) sur le thème très actuel du «  Sortir du chômage en repensant le partage du temps de travail » avec la participation exceptionnelle de Jean-Marie Perbost, professeur d’économie en classes prépas HEC, cofondateur de Nouvelle Donne (qui assurait une conférence à Concarneau le soir même sur ce même sujet) et de Sébastien Vallet, responsable d'équipe service emploi et cofondateur également de Nouvelle Donne mais pour le Finistère. Le jeune professeur d'économie a apporté des idées anticonformistes pour sortir de l'ornière du chômage qui gangrène nos sociétés. Mais des idées qui recoupent celles qu'on entend depuis au moins 30 ans à gauche : la réduction et le partage du temps de travail.

« L'ensemble des pays européens sont au même niveau d'échec face au chômage. Les engrais utilisés dans l'agriculture ainsi que les logiciels et les robots dans les entreprises, ce sont les mêmes en France, en Allemagne et en Angleterre, dès lors c'est normal que le résultat soit le même », énonce M. le professeur d'économie, Jean-Marie Perbost. Il s'emballe : « Nous sommes le seul parti politique (à ND) qui trouvons qu'il y a trop de gens réduit à néant ».  

Alors que la situation économique est déjà critique avec « 6 millions d'inscrits à Pôle emploi, 47 % des métiers sont encore menacés par la robotisation ». Et pas toujours dans les secteurs attendus. Ainsi, 20 % des avocats sont menacés de se retrouver au chômage à cause de l'évolution des logiciels juridiques, pouvant informer les gens sur leurs droits chez eux au lieu d'une consultation chez l'avocat. « En France, on va perdre 2 millions d'emplois d'ici 2020 », prédit M. Perbost. « Même si ils se trompent de moitié, c'est tout de même une hausse de plus de la moitié des chômeurs qui est attendue d'ici 5 ans », prédit encore « l'oiseau de mauvais augure ».

Il ajoute aussi que le « CHRU de Montpellier vient de se doter d'un robot dans la salle du service restauration capable de composer les 600 plateaux repas des résidents suivant les régimes particuliers de chaque patient ». « Une entreprise américaine a introduit un robot dans son conseil d'administration avec même le droit de vote », complète encore Jean-Marie. Il prédit même que les enfants qui naissent maintenant ne passeront jamais leur permis de conduire, avec les voitures intelligentes à l'instar de la Google car qui se pilote en automatique sans l'intervention du pilote humain. D'ailleurs, c'est un des boss de cette célèbre firme de la Silicon Valley en Californie, d'après Jean-Marie, qui stipule de ne travailler que 4 jours / semaine. Exactement ce que propose aussi Nouvelle Donne. 

Autre géant de l'Internet, le célèbre réseau social Facebook, « a racheté récemment l'application Whatsapp pour 17 milliards de dollars, eh bien les 55 salariés de celle-ci savent ce qu'ils vont faire ». « Les business qui se créent sont d'emblée pauvres en effectifs ». Pour lui, « les secteurs sur lesquels jusqu'à présent on a toujours compté dessus : à savoir, agriculture, industrie et le secteur des services, eh bien nous ne pouvons pas compter éternellement dessus ». « Mais cette révolution est silencieuse, les gens ne s'en rendent pas compte », explique-t-il.

Mais le jeune professeur d'économie y voit une bonne nouvelle à tout ça, c'est qu'avec les nouvelles technologies, on n'est plus obligé de bosser autant, « mais on a refusé de prendre le vendredi offert ». Il propose donc : « On passe à 32 heures et à coût nul pour l'entreprise, par une baisse des charges ». C'est déjà ce qui avait été expérimenté avec la loi Robien en 1997. Celle-ci prévoyait 10 % d'embauches, 10 % de réduction du temps de travail. 

Un ancien employé de la coopérative Coopagri à Landerneau, rebaptisé Triskalia, témoigne que grâce à cette loi, « on a embauché en masse des jeunes recrues ». Le jeune prodige de l'économie, Jean-Marie, poursuit : « La loi Aubry a crée 350 000 emplois, aucune autre loi de droite ou de gauche n'a fait mieux, casser le chômage, c'est casser la mauvaise productivité ». 

Si un secteur est prometteur en termes d'embauches, c'est bien l'agriculture biologique, d'après lui, « ce qui ajoute aussi du coup plus de productivité ». Il explique comment il faut s'y prendre si ND arrivait au pouvoir : par exemple, « pour une entreprise de 100 salariés, on embauche 10 salariés de plus ». « On réduit ainsi le coût de productivité de 0,9 %, car 0,9 x 110 = 10 %. Donc, les exonérations de charge se montent à 1 700 €, ce qui correspond au salaire médian français », professe le professeur Perbost dans un calcul savant et compliqué. Les cotisations chômage se montent à 5,41 millions d'€, avec ce dispositif ils ne se montent plus qu'à 3,6 millions d'euros – 0,6 pour le point de remise de charges, ce qui fait 3 millions d'€ - le Crédit Impôts Compétitivité Emploi (CICE) = 1 point de production – 1 point de gel de salaire = 0 charges pour les entreprises. Oui, je sais ça paraît très compliqué !

De plus, c'est gagnant-gagnant, « car les salariés récupèrent 94 % de leur net ». « Justement, un des dispositifs de la loi Sapin, c'est que les entreprises puissent gérer ça directement depuis Internet ». « Que ce soit pour l'activité réduite ou partielle, tous les renseignements et calculs peuvent être trouvés sur le site du ministère du Travail », informe Jean-Marie

« Le truc, c'est de prendre l'argent pour le mettre côté activité et non plus côté inactivité », stipule le jeune prof d'économie. Il prend un exemple : « L'État de Rhode Island est l'État des États-Unis d'Amérique a avoir été le plus loin dans ce dispositif, les Républicains ont même voté avec les Démocrates ce dispositif compris dans les programmes de dépenses du Président Obama ». Il fait encore la promotion de son parti Nouvelle Donne : « Nouvelle Donne est le seul parti à proposer une suspension des impôts sur les entreprises pendant 3 ans, en faisant payer les grosses boîtes et en mettant fin aux contournements du CICE par les grosse entreprises ».

C'est un discours que l'on a pas l'habitude d'entendre, et ND a le mérite dans le paysage politique français de le proposer. Pour Jean-Marie comme pour ND, pas de doute, la solution au chômage massif en France (plus de 10 % à l'heure actuelle) passe par ce qui a déjà été réalisé dans les pays nordiques comme en Suède ou au Danemark : une réduction et un partage du temps de travail. Pour Olivier Cuzon, l'emblématique figure de proue du collectif Casss'Papiers, qui vient en aide aux migrants clandestins, membre également du Parti de Gauche et qui était présent à ce café citoyen : « le partage du temps de travail n'est pas choquant, on revendique bien le partage des richesses, pourquoi ne le ferait-on pas aussi pour le travail ! ». C'est une piste, même si « il est illusoire de penser qu'on descendra à moins de 6 % de chômage », c'est-à-dire presque au plein-emploi, avertit tout de même Jean-Marie.

Marc Gidrol

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