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Conseil municipal de Brest : le jeu politique reprend son cours

Le conseil municipal de Brest s'est réuni jeudi 2 avril. L'occasion de relancer les grands projets de la ville après les élections départementales : sur le commerce, sur la sécurité, sur la cohésion sociale et urbaine. Le matin même, c'était le premier conseil départemental de la nouvelle mandature du Conseil départemental à Quimper, à l'issue duquel, sans surprises, c'est la socialiste, élue dans le canton de Guipavas et dauphine de Pierre Maille, Mme Nathalie Sarrabezolles, qui a été élue présidente du Conseil départemental.

D'entrée de jeu, Mme Bernadette Malgorn, la cheffe de file de l'opposition municipale et métropolitaine, du groupe RPB (Rassemblement Pour Brest), a souhaité intervenir à propos de certains sujets d'actualité à Brest, faisant l'objet de certaines délibérations de ce conseil. Au sujet du commerce elle déplore son agonie dans la ville du Ponant : « Le feuilleton des Halles Saint-Louis semble en passe de connaître un nouvel épisode tandis que la situation du commerce de proximité continue de se dégrader. Je connais vos réponses : « avec l'Internet, les drives, la crise… D'ailleurs, c'est partout pareil ». Partout ? Non. Regardez la situation à Quimper : « l’observatoire du commerce de centre-ville de la CCI vient d’enregistrer la hausse la plus importante du chiffre d’affaires depuis sa création avec 4,2% au 4ème trimestre 2014. Les commerçants enquêtés soulignent l’effet positif de la nouvelle politique mise en place avec gratuité du stationnement après 17 heures et gratuité des bus le samedi matin ».

« On a pu entendre par ailleurs évoquer la restructuration du centre Leclerc de Kergaradec, porte de Gouesnou. D’après ce que l’on sait du projet, sa réalisation nécessiterait des modifications des règles d’urbanisme. Il ne serait pas imaginable que ces intéressantes perspectives soient examinées indépendamment de l’évolution du commerce brestois. Je ne rentrerai pas dans le débat que nous avons déjà eu sur les compétences respectives de la ville et de la métropole en matière de commerce. Les deux niveaux de collectivités interviennent selon les sujets. Aujourd’hui, face aux difficultés majeures du commerce brestois, vous vous décidez à organiser des assises du commerce, au printemps ou maintenant en juin. Pourquoi pas ? Pour être vraiment pertinentes, ces assises devraient être organisées au niveau de l’agglomération. Et nous souhaitons bien sûr que notre groupe y soit associé », implore-t-elle.

Elle déplore aussi à propos du fonctionnement de la démocratie locale : « (…) Ces petites discriminations, - mesquinerie ou négligence ? - , qui entachent notre fonctionnement ». « Nous vous avons alertés sur la non-association de certains de nos élus aux réunions des conseils consultatifs de quartier », récrimine encore l'élue de l'opposition. Elle prend acte que les services de la ville leur ont répondu que « la règle du jeu différencie la participation selon la nature des réunions ». « Nous demandons seulement à ce qu’elle soit respectée ». Et elle cite l'écrivain et philosophe Albert Camus (1913-1960) : «« La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité. ».  « J’espère que cette réflexion d’Albert Camus peut s’appliquer aussi à Brest. Merci », lâche-t-elle.

La 1ère délibération du conseil municipal portait sur le schéma de mutualisation des services et de coopération conventionnelles pour la période 2015-2020. En effet, la loi n°2010-1563 du 16 décembre 2010 de la réforme des collectivités territoriales prévoit l'obligation d'établissement d'un rapport relatif aux mutualisations de services à l'initiative du Président de Brest Métropole. Ce rapport comporte un schéma de mutualisation des services élargi dans le cas de Brest métropole aux coopérations conventionnelles. Donc, les communes membres de la métropole rendent un avis sur le projet de schéma avant son adoption définitive. Ce qu'a fait aussi la ville jeudi après-midi. Cette délibération consensuelle est votée à l'unanimité.

Le conseil municipal a aussi voté l'attribution des subventions aux associations par la ville qui se montent à 1 026 572,05 € pour l'année 2015. Mme Collovati, de l'autre groupe de l'opposition municipale, Brest Alternative (BA), émet des réserves quant à ce vote. « Le 26 mars en commission générale, cette délibération était déjà soumise au vote, pour des associations comme Handball 17, pourquoi avoir dissocié ces délibérations entre la commission générale et le conseil municipal d'aujourd'hui au lieu de les regrouper ? » Demande l'élue perplexe. « Dans ce contexte, le groupe BA s'abstiendra », prévient l'élue. Bernadette Malgorn y mêle aussi son commentaire qui rejoint les explications de Mme Collovati, et annonce «  nous nous abstiendrons ». Mme Bernadette Abiven, 1ère vice-adjointe au maire, qui présentait cette délibération explique : « Au-delà de 23 000 €, les délibérations font l'objet d'une délibération spécifique ».

M. le maire et président de la métropole, M. François Cuillandre, explique qu' « il s'agit d'associations telles que les Anciens combattants du ministère de l'Intérieur ». Ce crédit des subventions pour l'année 2015 a donc été voté « heureusement pour les associations », soupire le maire, mais sans les voix de l'opposition, RPB et BA.

Le dossier épineux du commerce et du projet en suspens des nouvelles Halles Saint-Louis

L'assemblée municipale a approuvé la rectification de la délibération C 2014-11-133 ainsi que la nouvelle grille tarifaire des droits de place des Halles Saint-Louis et des droits de place pour les dépôts privatifs à usages commerciaux. Ainsi le mètre carré aux Halles Saint-Louis est tarifé 10 € / mois et une parcelle de dépôt privatif à usage commercial d'une superficie d'un mètre carré est facturée au trimestre 26, 10 €. Mme Collovati félicite cette « baisse de 24 % du tarif pour les terrasses de café et de restaurants des secteurs 1 et 2 ». Tandis que Mme Claudine Péron (RPB) y voit « une erreur ».

« En réalité vous vous êtes trompés dans la rédaction de la délibération de novembre ! Ainsi qu'en atteste la note de service reçue après mon intervention en commission la semaine dernière. Cette note confuse aux explications laborieuses, précise bien qu'il s'agit d'une erreur ! Mais plutôt que d'apporter un rectificatif faisant simplement état de cette erreur vous avez tenté de présenter la nouvelle délibération au prétexte de procéder désormais à une tarification au trimestre ! D'ailleurs dans les deux cas et sur les deux documents, il est précisé que les trimestres 1 et 4, 2 et 3 sont indivisibles. D'autre part dans la délibération de novembre il n'était pas du tout fait état de la tarification concernant les halles Saint-Louis. Aujourd’hui, sur ce document, vous rajoutez la tarification des halles Saint-Louis dans le chapitre XXII. Certes 10 € le mètre carré / mois, cela ne paraît pas excessif mais compte tenu de leur situation particulièrement délicate ne serait-il pas judicieux de tarifier à l'euro symbolique des prestations qui ne sont pas à la hauteur des attentes des commerçants ni d'ailleurs de celles des clients de ce marché historique ? »

Jean-Luc Polard, 4ème adjoint de la ville de Brest chargé de la Cohésion sociale et de la participation des habitants, lui répond sur ce dernier point que « l'euro symbolique n'est pas acceptable du point de vue de l'égalité républicaine, sinon tous les autres commerçants demanderont à bénéficier du même régime de faveur ». L'élue de l'opposition municipale continue d'alarmer en conseil la majorité socialiste sur « Les Halles Saint-Louis !!! Voilà trop longtemps que cette situation perdure. Que de temps perdu ! Que d'occasions manquées ! Il est plus que temps de solutionner ce problème. Depuis le 16 décembre 2014 vous avez toutes les cartes en main. A l'occasion de ce conseil nous souhaitons que vous nous fassiez un point précis sur ce dossier. Où en est le projet ? Quel en est le calendrier ? Quel est le plan de financement ? Et enfin et surtout que prévoyez vous pour la relocalisation provisoire des commerçants des Halles Saint-Louis ? »

M. Jean-Luc Polard, lui répond avec l'ingénuité qu'on lui connaît : « 13 des commerçants ont accepté de continuer leur activité, aujourd'hui nous travaillons avec les commerçants sur une offre alimentaire de qualité et avec les circuits cours ». « Le projet est en construction », informe M. Polard. « La réimplantation à l'intérieur des Halles a été vue avec chacun des commerçants », ajoute encore celui-ci. Mme Péron attire encore l'attention sur « les commerçants des Halles Saint-Louis qui sont dans une situation plus que délicate ». « Ce site se mettrait en place à la fin de l'année, mais j'y mets des réserves » , nuance l'élu socialiste d'habitude d'un optimisme à toute épreuve !

Michel Calonnec, du groupe RPB, ancien vice-président de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Brest et président de l'association des commerçants du centre-ville, « Vitrines de Brest », préfère répondre par l'humour : « Je tiens à remercier les services municipaux, c'est quand même clair ». Puis il se lance dans un calcul compliqué : « 104 € × 12 mois = 1 248 € / 4 trimestres = 312 € / 3 mois = 104 €… Résultat des courses, il y a bien une baisse des tarifs, dans le bon sens !, mais c'est sur les tarifs d'hiver », ironise M. Calonnec. « Or, personne ne fréquente les terrasses à cette saison », fait remarquer encore l'élu de l'opposition municipale. « Au total, le terrassier brestois paye 100 % de plus qu'ailleurs », lâche encore amèrement l'élu plein de bon sens en comparant avec d'autres villes : « À Tours, les commerçants payent de 13 à 34 € par trimestre les terrasses, à Blois c'est de 13 à 38 € ».

Le baron rose de la ville, M. François Cuillandre, lui rétorque : « Quand Michel Calonnec dit que les terrasses d'hiver ne sont pas fréquentées en hiver, je m’inscris en faux. Les terrasses sont fréquentées même en hiver. Je peux vous inviter d'ailleurs à venir boire un pot en terrasse, mais de façon rapide ! » M. Calonnec précise qu'il parle de « la tarification pour les terrasses non fixées au sol ». « Moi, je fréquente les terrasses non fixées au sol, choisissez votre terrain, mais j'accepte l'invitation », saisit la balle au bond l'élu d'opposition. M. Jean-Luc Polard, confirme qu'il y a « une baisse du tarif de la saisonnalité ». « Le prélèvement par trimestre est possible, et voulu par les commerçants ».

La délibération n°5 qui devait être présentée par Mme Karine Coz-Elleouët, l'a été finalement par M. Marc Sawicki, car celle-ci vient de connaître un heureux événement en accouchant d'une petite fille prénommée Henriette. M. Cuillandre félicite alors la maman et le papa. Certains élus dans la salle du conseil municipal balancent que le papa n'est autre que Marc Sawicki. Ce qui a donné lieu à des rires et à un moment de détente dans un conseil tendu par l'actualité récente. Marc Sawicki dément la rumeur en riant : « Je ne suis pas le papa ! ». Trêve de plaisanterie, Cette délibération portait sur des projets d'avenants aux conventions d'objectifs et de moyens pour la période 2014-2016 entre la municipalité et les crèches à gestion associative ou mutualiste.


« Quand j'étais petit enfant… »

Pour reprendre les premiers mots de la chanson de Michel Sardou, « En chantant », qui fait partie de la BO du film La famille Belier, nous avons eu droit à l'évocation de l'enfance d'un conseiller, M. Marc Sawicki, lors du vote sur « L'égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif en Bretagne ». Thème cher à la gauche.

À ce sujet, la ville a approuvé la convention passée entre elle et les différents partenaires : Conseil régional de Bretagne et l’Académie de Rennes, relative à l'égalité entre les deux sexes à l'école, de la maternelle à la terminale. À cette occasion, l'élu en charge des questions de l'éducation et de l'enfance, M. Marc Sawicki a relaté un épisode de son adolescence rebelle :

« J'évoque devant vous un épisode de ma vie personnelle qui vient trouver un écho ici . Quand j'étais en classe de 5ème au collège à Paris, nous avions un professeur de gymnastique passablement misogyne qui laissait les filles dans un coin faire quelques exercices de gymnastique avec un cerceau alors que les garçons avaient droit à un entraînement au rugby. Je trouvais cela révoltant. J'avais proposé au professeur de gymnastique un match de volley, qui s'était fait sous la pluie, ce qui fait que j'avais tout le monde contre moi, garçons et filles. Mais j'avais réussi à ce que nous fassions un match mixte entre garçons et filles. La vengeance est un plat qui se mange froid et même glacé, mais c'est toujours jouissif. Par le vote de cette délibération, je prends ma revanche pour la reconnaissance de l'égalité hommes-femmes ».

Cette convention prévoit dans les écoles l'éducation à la sexualité et à l'égalité entre les garçons et les filles.

M. Marc Berthelot, fustige cette délibération dans un long réquisitoire, comme il sait les instruire, lui qui est avocat de profession  :

« Je ne sais pas si j'aurais le même humour à propos de l'éducation. C'est d'abord un engagement personnel et on a pas besoin d'organisation et de conventions surtout si il y a des commentaires dont je voudrais vous faire part ici. Cette succession de conventions, de décisions, de dispositifs est sans doute l’illustration de ce choc de simplification dont nous avons tant entendu parler, qui devrait tout révolutionner, permettre des économies mais dont visiblement nous ne prenons pas le chemin. Ceci étant dit, il est évident que l'égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes est un progrès pour la démocratie. Personne ne viendrait prétendre le contraire. 

Tout un chacun devrait pouvoir exercer le métier qu'il souhaite, dans des conditions égales entre les femmes et les hommes. De même, personne ne devrait subir de violences quelles qu'elles soient, à caractères sexistes et sexuelles ou autres. Le but affiché est donc louable et nous ne pouvons qu'y souscrire. Qui oserait aller contre cela? Personne. Mais fallait-il s'y prendre de la sorte ? A-t-on besoin de tous ces "machins" qui au final multipliant les acteurs, déresponsabilise. 

Par ailleurs, nous craignons que le remède ne soit pire que le mal, nous craignons l'arbitraire et la stigmatisation. Je m'en explique : Prenons le domaine de l'enfance, visé par la convention comme une cible privilégiée de l'action gouvernementale. On nous parle en effet — et je reprends les termes de la convention interministérielle — de "Déconstruire" les stéréotypes sexistes dans l'éducation nationale. Mais qu'est-ce qu'un stéréotype ? Qui décide de ce qu'est ou n'est pas un stéréotype ? 

L'enfant a besoin de repères pour grandir. Il a besoin de s'identifier comme étant une fille ou un garçon. Ce premier repère est évident. C'est son corps qui lui donne : son sexe. Cela relève du bon sens. Qui sérieusement peut dire que le sexe n'est que biologique ? Et qu'il n'a d'influence que sur son corps ? Et non pas également sur sa sensibilité, sa psychologie et même sa façon d'appréhender le monde ? Cela n'a rien d'un stéréotype, c'est une donnée et nous croyons qu'il est bon pour des enfants d'en prendre conscience. En disant cela… deviendrais-je suspect de stéréotypie ? Au lieu d’ambitionner de déconstruire, comme le propose ce dispositif, nous devrions au contraire apprendre aux enfants à accepter leurs différences, à les respecter. A se respecter filles et garçons, égaux mais différents. 

On ne le dira jamais assez les premiers éducateurs sont et restent les parents et la famille est le premier lieu d'apprentissage de la solidarité. Je pourrais également reprendre la référence à l'éducation à la sexualité effective et à l'accès à la contraception… qu'est-ce que cela a à voir avec le but de l'égalité. Pensez-vous que les parents ne soient pas à même d'éduquer leurs enfants, les ouvrir à ces questions. Comment voulez-vous que les parents fassent confiance au système scolaire si vous-mêmes ne leur faites pas confiance ? 

Aucun État, aucune collectivité, même sur des sujets d'apparence louable, n'a le droit de se substituer à l'éducation qui relève de la seule responsabilité des parents… Ils doivent les accompagner dans leur rôle d'éducateurs, dans la transmission de ces valeurs qui nous rassemblent tous ici… pas les supplanter. Ce n'est évidemment pas l’esprit de cette convention, ce n'est pas la volonté du gouvernement… Le groupe RPB s'abstiendra sur cette délibération. Philippine D'Avout et moi-même voterons contre. Je vous en remercie ».

Le groupe Brest Alternative (BA) pour se démarquer de son concurrent de droite, décide par la voix de Christine Margogne « d'approuver cette délibération ». « Le sort des femmes a régressé, trop peu de femmes sont à des postes clés en politique notamment !», se désole l'élue de la droite brestoise. « Brest Alternative (BA) continuera à être très vigilant sur cette question », annonce encore l'élue. François Cuillandre réplique : « Ce matin (jeudi 2 avril) Nathalie Sarrabezolles vient d'être élue présidente de l'assemblée départementale ». Marc Sawicki poursuit : « En proposant au vote cette délibération pour l'égalité entre les hommes et les femmes, je pense à deux femmes d'exception, l'une à droite, l'autre à gauche : Simone Veil et Najat Vallaud Belkacem ».

La politique de la ville à Brest, toujours les mêmes quartiers « sensibles »

La ville a approuvé lors de ce conseil un projet de convention d'objectifs pluriannuelle 2015-2018 entre la ville, la métropole et l'association « Vivre la ville ». Ce projet concerne certains quartiers « sensibles » : Kéredern, le quartier de l'Europe et sa cité HLM de Pontanézen et Recouvrance. De l'animation, de la prévention sur les risques liés à l'alcool et à la drogue pour les usagers et les commerçant sont prévus. Le but est de faire voir les entreprises publiques aux habitants de ces quartiers, dont certains sont très éloignés de l'emploi, en fonction de l'animation. In fine, le but est la sortie vers l'emploi durable. Brest métropole consacre 38 000 € à ce projet et la ville de Brest 24 833 €.

La ville a signé le projet de Contrat de ville de Brest métropole, qui est un contrat cadre déjà approuvé en séance de métropole vendredi dernier (voir mon dernier billet à ce sujet sur ce blog). Ce contrat s'étend sur la période 2015-2020. Pour Mme Bernadette Malgorn : « L’affaire est en gestation depuis la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine du 21 février 2014. Les 1300 quartiers prioritaires, dont 7 à Brest, ont été connus en juin. En décembre dernier ont été désignés les 200 quartiers d’intérêt national qui émargeront au nouveau programme national de renouvellement urbain 2014-2024 : Brest y figure avec Bellevue », informe l'ancienne Préfète de Région et présidente de 2004 à 2014 de l’Observatoire national des zones urbaines sensibles (ONZUS) chargé d’évaluer l’évolution des quartiers de la politique de la ville, Mme Bernadette Malgorn

« Ces programmes se situent dans la ligne de ceux qui les avaient précédés et nombre de leurs actions mériteront d’être soutenues », précise-t-elle. Mais l'élue de droite regrette pour sa part que les questions de « Sécurité, intégration, radicalisme islamique : (soient) absents de votre document ». « A peine y évoque-t-on la tranquillité urbaine et le plan départemental de prévention de la délinquance ». « On y voit aussi, de façon surprenante, la laïcité inscrite entre guillemets, alors même que l’on prétend la promouvoir, objectif que l’on ne peut que partager ». Marc Berthelot avait soulevé également l'absence de ces thèmes lors du conseil métropolitain de vendredi 27 mars (voir mon dernier article à ce sujet). « Est-ce à dire que Brest ne serait pas concernée par les questions de sécurité, d’intégration des populations immigrées et les risques de radicalisation islamique ? » s'étonne-t-elle.

« L’actualité locale nous dit l’inverse », répond-elle. Mme Malgorn rappelle des faits divers récents, dans le tram le mois dernier : « Les incidents, souvent graves, sont récurrents dans et autour des transports en commun. Au point que le personnel, exaspéré de ne pas être entendu, a dû, à plusieurs reprises, cesser le travail et annonce encore pour demain une suspension du trafic ». On pourrait y ajouter aussi l'incendie du centre social de Pontanézen, Horizon-Escales, le 24 décembre 2014 et celui du bureau de la Poste dans ce même quartier « sensible » quelques jours plus tard.

Par ailleurs Mme Bernadette Malgorn demande des explications au sujet notamment du projet d'extension de l'école coranique de Pontanézen, route de Gouesnou, dans le quartier de l'Europe, où vit une importante communauté musulmane. « La population s’inquiète de voir des locaux se transformer en lieux de culte ou d’enseignement de l’islam sans savoir si l’on est dans l’exercice normal d’un culte garanti dans une république laïque ou s’il s’agit de foyers d’embrigadement dans des parcours funestes. Ces sujets, certes délicats, doivent être traités. A ce stade, vous les occultez. Nous ne pourrons pas nous associer à ce déni », déplore-t-elle.

Le maire-adjoint de ce quartier, fraîchement élu au conseil départemental dimanche dernier, M. Hosny Trabelsi, botte en touche : « Pour l’agrandissement du lieu de culte à Pontanézen, avant d'émettre un avis favorable on étudiera le dossier ».

« Mais il s’est produit le 7 janvier et dans les jours qui ont suivi des événements dramatiques qui ont suscité l’émotion générale », rappelle-t-elle.
« Nous avons marché ensemble le 11 janvier contre le terrorisme, pour la liberté d’expression, contre l’antisémitisme et pour rendre hommage à notre police ».

« Le gouvernement a pris une série d’initiatives en matière de sécurité et de lutte contre le djihadisme. A l’occasion de la réunion interministérielle du 6 mars 2015 « égalité et citoyenneté : la République en actes », de nouvelles orientations ont été prises en matière de politique de la ville ».
« A chaque fois, appel est fait à la mobilisation citoyenne, et, en premier lieu aux collectivités locales. Cet appel ne semble pas être parvenu jusqu’ici. Car le contrat cadre que vous nous présentez aurait pu l’être avant le 7 janvier. Pourtant, depuis lors, Copenhague, Bamako ou Tunis nous ont rappelé la persistance et la nature de la menace », rappelle avec insistance encore Mme Malgorn.

Cette fois-ci, le conseil municipal était plus animé que le conseil métropolitain de vendredi 27 mars, car plusieurs chaises étaient vides ce jour-là, pour cause de 2ème tour de l'élection départementale. Donc, il était plus intéressant aussi. Des débats vifs ont opposé les élus de droite et de gauche sur les questions économiques, sociétales et sur la politique de la ville.

Marc Gidrol

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