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Éducation nationale : une réforme à y perdre son latin !

La réforme du collège voulue par la ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Jeunesse et des Sports, Mme Najat Vallaud-Belkacem pour la rentrée 2016 est très nocive pour la formation des jeunes adolescents, futurs adultes de ce pays, en raison du risque de la disparition des langues anciennes, le latin et le grec, matrices de la culture et des langues européennes à commencer par la langue française, qui en est issue. Le latin et le grec seraient remplacés au collège par des Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI) avec une matière appelée "Langues et Cultures anciennes", mais dont l'enseignement de ces deux langues anciennes seraient laissées à l'appréciation des professeurs et des chefs d'établissements, ce qui fait craindre leur disparition. Madame la ministre annonce que l'enseignement de ces deux langues anciennes sort renforcé de cette réforme. Rien n'est plus faux comme le prouve cette petite vidéo instructive diffusée sur Arte il y a quelques jours :

J'ai signé moi-même une des pétitions qui circulent sur internet à l'appel d'enseignants de Lettres classiques et je vous invite à en faire de même. Voici un lien vers une de ces pétitions :


Et, voici un extrait du beau poème épique du poète latin, Virgile (70 av. J.-C., 21 septembre 19 av. J.-C.), l'Énéide, écrit de -30 à sa mort, sur l'errance du héros mythologique principal Énée avant d'arriver en Italie et de fonder le peuple romain. 

C'est un champ épique en douze chants de dix mille vers en tout, sur le modèle de l'Illiade et l'Odysée du poète grec Homère. J'ai choisi cet extrait car on y voit le personnage principal, Énée admiratif en contemplant le temple construit par la reine de Carthage, Didon, dans cette cité antique (sur les rivages de l'actuelle Tunisie). Il est admiratif, car les fresques de ce temple représentent des scènes de batailles de la guerre de Troie, illustre cité mythique appelée aussi Ilion, qui se trouvait dans l'actuelle Turquie, d'où sont originaires Énée et ses compagnons. L'idée qui en ressort, c'est qu'il faut toujours se rappeler des hommes et des cultures du passé. Quoi de mieux que cet extrait pour faire la défense des langues anciennes, de surcroît en latin ! Et la mode est aux citations latines. 

Voici cet extrait d'abord en latin, puis avec sa traduction en français :

"Namque sub ingenti lustrat dum singula templo reginam opperiens, dum quae fortuna sit orbi artificumque manus inter se operumque laborem miratur, videt Iliacas ex ordine pugnas bellaque iam fama totum volgata per orbem, Atridas Priamumque et saenom ambobus Achillem".

"Car tandis qu'au pied de cet énorme temple, il en parcourt des yeux chaque détail, en attendant la reine, alors qu'il admire la fortune de la ville, l'ouvrage concerté de ses habitants, l'effort de leurs travaux, il voit retracés dans leur suite les combats d'Ilion et ces guerres déjà par la renommée divulguées dans tout l'univers, les Atrides, Priam et Achille qui leur fut également intraitable". (Virgile, Énéide, Livre I, Paris, Les Belles-Lettres, 1992, p.22-23, vers 453-458)

Énée est ému de voir représentées des scènes de l'histoire de sa cité d'origine, qui plus est chez la reine d'un peuple étranger, les Tyriens, censés représenter les Phéniciens de Carthage, pour qui ce n'est pas leur histoire. Belle leçon de tolérance ! Le latin permet de connaître ces récits antiques et d'avoir, on dit en anglais un background culturel et rien que pour cela il faut que l'enseignement du latin et du grec se perpétue.

Marc Gidrol

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