Les manifestants rassemblés devant la mairie et autour de l'étrave de bateau installée par les salariés de la Sobrena, samedi 4 février à 14 h 30. (Photo : Marc Gidrol) |
Olivier Le Pichon, délégué de la CGT prenant la parole devant la foule rassemblée place de la Liberté, samedi 4 février. Au premier plan, banderole de la CGT. (Photo : Marc Gidrol) |
La foule de manifestants place de la Liberté, samedi 4 février. (Photo : Marc Gidrol) |
Autre vue sur les manifestants. (Photo : Marc Gidrol) |
Les manifestants montant la rue Jean-Jaurès avec au premier plan la banderole de la CGT pour le défense de la réparation navale civile à Brest, samedi 4 février. (Photo : Marc Gidrol) |
Des salariés de la Sobrena avec des fumigènes dans les mains au sommet de l'étrave de bateau "L'espoir 2", samedi 4 février. (Photo : Marc Gidrol) |
Le Froid n’aura pas arrêté les 1 500 manifestants venus, à l’appel de la CGT, défendre l’emploi et soutenir les salariés de la Sobrena pour le maintien de la réparation navale civile à Brest le 4 février. Le rendez-vous était donné à 14 h 30 place de la Liberté devant la mairie.
Cette manifestation après celle du 19 novembre dernier et après les 21 000 signatures de la pétition organisée par les salariés de la Sobrena et la CGT lors des fêtes de fin d’année, avait pour but de montrer le poids du soutien de la population brestoise à cette activité à la veille de l’ouverture officielle de l’appel d’offres d’éventuels repreneurs de la Sobrena lundi 6 février. Olivier Le Pichon, responsable de la CGT à Brest, au nom de l’intersyndicale a prononcé une allocution sur les marches de la mairie. Il a remercié les délégations de salariés présentes, comme celle de l’entreprise Lagassé à Douarnenez « en lutte pour l’emploi » ou comme celle de la CGT Lorient. Ainsi que les salariés du secteur public et de l’Éducation nationale.
Il a rappelé que « plus de 200 emplois sont menacés » directement ainsi qu’ « un millier de salariés sur le port de Brest ». « La disparition du chantier de Brest signifierait la fin de la réparation navale civile en France et conduirait au chômage des centaines de salariés », martèle-t-il depuis le mois de septembre dernier. Justifiant le maintien de la réparation navale civile à Brest, il a appuyé son propos de chiffres : « Alors que le trafic maritime est intense, que 90 % du commerce mondial est transporté sur les océans, que près de 74 000 bateaux passent chaque année au large de Brest, que la sécurité maritime est une exigence, que la réparation navale civile est une nécessité comment accepter qu’il n’y ait aucun chantier de grande taille entre la Pologne et l’Espagne ? ».
Pour la CGT la balle est dans le camp de l’État maintenant. « À lui de définir une stratégie industrielle qui suppose qu’il soit le garant des projets industriels qui se feront jour. À lui de garantir qu’il n’y ait aucun licenciement. À lui de garantir la solidité des projets qui peuvent se faire jour. » M. Le Pichon rappelant que Brest dispose « de formes de radoubs dont la valeur de remplacement est estimée à 500 millions d’euros », et dont « l’une fait partie des plus grandes au monde », dénie le droit au patronat de se les approprier. Car elles « sont financées par l’argent public ». Raison de plus pour la CGT d’interpeller l’État sur ses responsabilités et notamment « garantir que ces biens publics ne soient pas livrés à des industriels peu scrupuleux ».
Occasion aussi était donnée d’avertir « ceux qui portent le vieux discours patronal selon lequel “les baisses de charges“ d’aujourd’hui feraient les emplois de demain. Ce discours est usé jusqu’à la corde ». En ces temps électoraux il a dénoncé « une vaste campagne de culpabilisation » des salariés qui « s’entendent dire qu’ils coûtent trop cher ». L’Allemagne érigée en modèle jusqu’au plus haut sommet de l’État était clairement nommée. « En Allemagne, en 10 ans, 8 salariés allemands sur 10 ont perdu du salaire » et « 22 % des Allemands qui travaillent n’ont pas les moyens de vivre décemment », a-t-il dénoncé. Mais pour la CGT aucun compromis ne doit être accepté pour pérenniser l’emploi. Cela veut dire pas de « salaires et des conditions de travail au rabais ». Et reprenant l’exemple récent de l’entreprise Lejaby dans l’actualité dont l’activité, grâce à la mobilisation de tous, est maintenue, il a donné une note d’espoir – mot inscrit aussi sur leur étrave de bateau devant la mairie – à la fin de son allocution. « La lutte exemplaire des salariées de Lejaby a payé », a-t-il souligné. Avant d’exhorter les salariées de Brest et de la région à continuer le combat. « Ensemble, nous allons continuer le combat. Ensemble, nous allons faire en sorte de ne pas laisser les affaires du monde aux seules mains du monde des affaires ».
S’ensuivait une allocution d’un représentant de la CFTC-CGC qui a rappelé que depuis le début de l’affaire ce syndicat soutient les salariés de la Sobrena. Un représentant des syndicats de l’enseignement public a pris la parole ensuite pour lier la lutte pour l’école publique à celle de tous les salariés car l’Éducation nationale qui regroupe le plus d’agents publics a aussi vu « un grand nombre de ses emplois détruits dans le Finistère ».
À 15 h 15 le cortège de manifestants est parti sillonner les rues. En prenant la rue Jean-Jaurès jusqu’à l’Espace Jaurès puis la rue de Kergorju pour redescendre vers la rue Victor Hugo et reprendre le chemin de la mairie à partir de Coat-ar-Gueven. Les slogans « Meunier t’es fini, la réparation navale n’est pas fini » ou « on ne lâche rien », ont accompagné les pas sur le bitume et les rails du tram tout du long. Après cette mini manifestation pour cause de froid, des salariés de la Sobrena sont montés en haut de leur étrave de bateau avec des fumigènes à la main, et les tuyaux ont à nouveau craché leur épaisse fumée vers 15 h 50. Façon de dire qu’ils sont plus que jamais combattifs.
Pour le moment 4 industriels sont sur les rangs pour la reprise de la Sobrena mais tout reste ouvert. Olivier Le Pichon considère la réparation navale civile comme un enjeu national, en cela il a été satisfait par les déclarations du candidat François Hollande lors de sa venue à Brest le 30 janvier qui dit la même chose. « Mais pour le moment Hollande n’est pas au pouvoir or nous avons besoin de solutions immédiates », prévient le représentant de la CGT.
Marc Gidrol
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