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Conseil municipal de Brest : vers un œcuménisme ?


Le conseil municipal de Brest s’est tenu vendredi 19 décembre, le lendemain de la visite du Premier ministre, Manuel Valls et de trois ministres : Marylise Lebranchu, Jean-Yves Le Drian et Stéphane Le Foll. Ce déplacement ministériel résonnait dans les discours des conseillers municipaux, alors que les attentes de la Ville sont nombreuses.

Réactions au déplacement de Manuel Valls

Suite à la visite du Premier ministre, M. Manuel Valls, à Brest hier, les conseillers municipaux ont souhaité réagir en Conseil. François Cuillandre, maire de Brest, salue la confirmation apportée par le Premier ministre hier, de transférer le siège d’IFREMER de Paris à Brest et assure qu’il « peut comprendre les inquiétudes des personnels à ce sujet ». « Il s’agit d’une décision relativement forte ». M. Cuillandre se félicite d’une autre décision annoncée hier par Manuel Valls aussi, celle de faire de Brest un campus de la mer. À propos de France Énergie Marine (FEM), Institut pour la transition énergétique dédié aux Énergies Marines Renouvelables (EMP) et dont le siège est à Brest, il prévient que « nous serons vigilants pour que les financements de FEM soient effectivement réels ». Mais les propos de Manuel Valls n’ont pas convaincu tout le monde. Anne-Marie Kervern, du groupe Union Pour la Démocratie Bretonne (UDB) commente : « On ne prend pas les mots pour la chose car il ne suffit pas de dire : “le drapeau breton flotte partout dans le monde“. Ça ne mange pas de pain. Mais ce n’est pas ce qu’attendent les gens. Les gens attendent des droits. Ils attendent aussi la fin du doublonnage entre l’État et les collectivités territoriales ». Elle regrette : « Pas même un mot n’a été prononcé sur la Charte des langues régionales lors de cette visite, pourtant c’est un sujet important pour l’identité bretonne ». « L’égalité territoriale, on ne l’a pas non plus, quand on sait que l’État dépense en moyenne 99 € /habitant en Bretagne alors qu’ailleurs, c’est 180 € / habitant dans la moyenne nationale », déplore aussi l’élue régionaliste. Par ailleurs, Mme Jacqueline Héré, l’élue communiste,  ajoute : « On pensait que le Premier ministre allait entendre nos préoccupations, c’est dommage pour nos collectivités ! », lâche-t-elle, amèrement.

Bellevue, nouveau quartier de l’ANRU

M. Cuillandre approuve aussi la décision de retenir le quartier social de Bellevue dans les dispositifs de l’ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation urbaine). « C’est un beau cadeau pour notre équipe municipale, nos habitants et les associations du quartier », se réjouit Mme Jacqueline Héré, maire-adjoint du quartier de Bellevue et membre du groupe des élus communistes et de progrès. C’est une décision qui fait visiblement consensus au sein du Conseil municipal de Brest puisque même le groupe d’opposition municipale, Rassemblement pour Brest (RPB) l’approuve, par la voix de sa cheffe de file, Mme Bernadette Malgorn : « L’inscription de Bellevue à l’ANRU, nous l’applaudissons ».

Une interruption de séance

Le conseil municipal a été perturbé par des membres du collectif Cass’Papiers en cours de séance. François Cuillandre n’a pas pu faire autrement que de prononcer une interruption de séance pour les laisser s’exprimer. « Ah, que de gentillesse de la part du maire ! » a lancé une militante de ce collectif d’aide aux immigrés sans-papiers. Ils avaient déployé une grande banderole, sur laquelle on pouvait lire : « Politique municipale = politique raciste ? » Leurs revendications portent sur des conditions dignes de logement pour les sans papiers dans des logements de Brest Métropole Habitat (BMH), mais aussi une obtention de la carte Tempo, carte des transports urbains brestois (bus et tram) à tarif réduit, délivrée sous condition de ressources et que ne peuvent pas avoir ces personnes car ils ne justifient d’aucunes ressources. N’ayant pas obtenu de réponses d’Isabelle Montanari, l’élue en charge de l’action sociale, suite à un courriel envoyé à celle-ci, ils ont décidé d’interpeller directement le maire et les élus et bien sûr ils n’ont obtenu aucune réponses. « C’est facile de se défiler ! », lance un membre du collectif Cass’Papiers. Une autre leur demande : « Mesdames et Messieurs les conseillers municipaux, vous dormirez bien cette nuit, avec la conscience tranquille ? » Puis ils sont partis non sans huer l’assemblée municipale.

Le débat d’orientation budgétaire pour 2015

La première délibération portait sur le débat d’orientation budgétaire. Bernadette Abiven, 1ère adjointe au maire, en charge des finances, présente « un socle financier solide lors du dernier mandat ». « 2014 a été l’année des changements de tendances financières avec une augmentation de 0,7 % des dépenses. Cela est due à des charges nouvelles que sont les nouveaux rythmes scolaires et la nouvelle crèche de Pen-ar-Créac’h dans le quartier de l’Europe. L’épargne brute en 2014 se situe à 15 million d’euros. Les investissements de la ville ont été autofinancés ces dernières années-ci ». « Nous sommes dans la zone verte », conclut l’élue. « Nous pouvons emprunter à un taux bas », s’enorgueillit l’élue. « En 2015, Brest participera au redressement des comptes publics », promet-elle. Les recettes courantes de la Ville se situe à 142 millions d’€ pour 2015. « Tout comme à BMO (voir mon article sur le dernier conseil communautaire), nous devons réduire l’inflation à moins de 0,8 % », ajoute Mme Bernadette Abiven. « La masse salariale de la Ville a augmenté de 2 %, notamment dans les secteurs clés que sont l’enfance et la jeunesse », présente-t-elle. L’investissement pour la Médiathèque des Capucins se monte à 20 millions d’€ dont 11,1 million d’€ en crédits.

Bernadette Malgorn reproche à la municipalité de n’avoir pas anticipé les évolutions économiques et sociales de la Ville. « Tous les indicateurs soulignent le marasme économique de la ville, par exemple, l’augmentation des subventions d’équilibre du CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) et à la Caisse des Écoles, mis sous pression par la crise ». « Vous mentionnez vous-même (dans une note de synthèse) que la population de la ville se réduit et que la consommation des ménages se réduit », fait remarquer l’élue d’opposition. « Le nombre de logements vacants et la chute des prix de l’immobilier n’empêchent cependant pas de voir se développer de manière débridée de nouvelles zones d’habitat », pointe encore Mme Malgorn. Elle juge les orientations budgétaires en inadéquation avec la situation. « La fiscalité continue à augmenter, tout particulièrement celle des ménages. Vous voulez l’accroître en 2015 de 1,5 %, un niveau bien supérieur à l’inflation réelle. A cette pression sur le contribuable, il faut ajouter l’augmentation régulière aussi des tarifs publics que nous dénonçons régulièrement, et qui touche elle les usagers », condamne encore l’élue de droite.

Mme Bernadette Malgorn, note que « la baisse drastique des dotations de l’État vient en contrepoint des annonces mirifiques faites hier par le Premier ministre à l’occasion d’un rapport d’étape sur le Pacte d’Avenir et de la signature d’un protocole sur les futurs engagements du CPER, des programmes européens du programme des investissements d’avenir, du nouveau PNRU et autres caisses publiques que l’on sera autorisé à solliciter ». Elle pointe aussi du doigt des « charges de fonctionnement qui augmentent encore de plus de 3,5 % en 2014 quand les recettes ralentissent fortement de plus de 0,6 % soit le dixième de l’augmentation des charges. Elle regrette aussi que « les investissements dits “courants“ (l’entretien du patrimoine) baissent d’un quart au bénéfice de grands projets comme la médiathèque des Capucins », auquel son groupe est opposé et dont le montant prévisionnel s’échelonne déjà à 20 millions d’€ ».

Elle conclut sa longue plaidoirie en faveur des commerces : « Sans revenir dans le débat sur les compétences, le quartier des Halles Saint-Louis doit devenir le drapeau de cette nouvelle politique, et aussi d’un soutien affirmé au commerce et à l’attractivité de la ville ». Bernadette Abiven lui répond : « Sur le reproche d’anticipation, nous avons une gestion rigoureuse qui nous permet d’aborder les années à venir avec plus de sérénité que les autres collectivités ». « Nous investissons dans l’avenir, pour l’enfance et la jeunesse », se vante encore Mme Abiven. Puis elle finit par proclamer : « Peut-être parce que nous sommes à Noël, il y a plusieurs sujets sur lesquels nous sommes d’accords, donc si nous continuons … » M. Cuillandre l’interrompt : Oh ! N’exagérons rien ! » Mme Abiven reprend : « Oui mais les compliments sont si rares dans la bouche de Mme Malgorn ». Bernadette Malgorn en appelle alors à « la solidarité entre les Bernadette ». François Cuillandre contemple « l’œcuménisme » dans cet échange.

Patrick Appéré, du groupe Brest Nouvelle Citoyenneté (BNC) remarque dans les propos de Mme Malgorn « qu’on revient toujours aux frais de fonctionnement ». « Or, on le sait, c’est d’emploi qu’il s’agit », souligne l’élu de la gauche radicale. « On ne pourra pas corriger les équilibres en supprimant des emplois », prévient-il. «  Pour nous, ce n’est pas acceptable », lâche-t-il. « 31 milliards d’€ ont été redistribués aux plus riches alors que dans le même temps il y a de plus en plus de misère. L’État doit jouer son rôle de régulation sociale », stipule M. Appéré. Pour Anne-Marie Kervern, « la masse salariale pèse lourd, mais nous demandons à ce qu’elle participe à la richesse de la ville ».

Les Halles Saint-Louis

C’est Mme Malgorn qui en a relancé la discussion dans son intervention au sujet du débat d’orientation budgétaire. « Après la défection de la compagnie de Phalsbourg, on avait cru comprendre que la Ville reprenait la main : une réhabilitation chiffrée à 10 millions par vos soins ». Mais elle déplore : « Rien dans vos orientations ». « Est-ce à dire que vous songez à en faire un équipement d’intérêt métropolitain ? », demande-t-elle. M. Jean-Luc Polard rassure Mme Malgorn : « On s’en occupe ». « Nous avons reçu à plusieurs reprises les commerçants, nous travaillons en étroite collaboration avec la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) ». « Nous proposons une solution à très court terme comme l’autorisation temporaire d’ouverture aux commerçants et une solution à moyen terme : 6 mois de travaux et de rénovation et on retravaille avec les commerçants pour la fréquentation ». Les futurs Halles Saint-Louis s’orientent plutôt vers « un pôle alimentaire de qualité et vers les circuits courts de proximité », promet M. Polard.

Débat autour de l’association “Vitrines de Brest“

Michel Calonnec du groupe RPB, pointe « les incohérences au sein même de (notre) assemblée municipale, car 10 000 € sont dépensés pour la communication dans les médias pour l’association Vitrines de Brest qui ne regroupe que 16 commerces en tout, alors que la location des chalets a augmenté de 2,1 % cette année pour s’établir à 1820 € ». « Le taux d’occupation des chalets a diminué cette année de 10 % avec 37 chalets seulement au marché de Noël », note l’élu. M. Jean-Claude Lardic, en charge de l’animation et de la jeunesse lui répond : « Les chalets sont contractualisés via l’association “Vitrines de Brest“. Il s’agit d’une offre qui répond à la demande avec de la qualité. Environ 40 chalets sont occupés, ce qui reste important tant dans le qualitatif que le quantitatif ». 

Le plateau des Capucins

Au sujet du futur plateau des Capucins et de sa médiathèque, Claudine Péron (RPB) regrette que la municipalité ait décidé « d’implanter sur la partie historique, à cet endroit stratégique doté de la meilleure vue sur la Penfeld, la ville et la rade, deux structures fermées sur elles-mêmes : la gare du téléphérique qui occuperait la partie la plus intéressante et la médiathèque qui est par définition un lieu centré sur lui-même où les usagers sont concentrés sur les œuvres littéraires, auditives ou visuelles qu’ils sont venus consulter ». « Après avoir déraciné la médiathèque du centre-ville vous allez gâcher les meilleurs mètre carrés du plateau des Capucins et c’est dommageable pour les Brestois », se lamente l’élue de l’opposition. Elle note au passage « que (vous) avez le projet d’ouvrir cette médiathèque le dimanche. Pourquoi pas en effet, mais au passage je ne peux que constater la dichotomie de vos positions concernant l’ouverture des établissements le dimanche. Ce qui est bon pour vous ne l’est pas forcément pour les autres et en particulier pour les commerçants du centre-ville à qui vous aviez refusé l’ouverture de seulement quelques dimanches », souligne Mme Péron.

Problèmes de violence encore à Pontanézen

À propos de la convention de gestion des centres sociaux, Rémi Hervé (RPB) interpelle la majorité municipale sur les incivilités du « centre socioculturel l’Escale-Horizons sur le quartier de l’Europe (qui) vient de connaître un événement révélateur de la dégradation générale du climat sur ce secteur de la ville (…) après l’attaque du tramway l’été dernier, nous voyons un autre mode opératoire de personnes qui tentent de faire régner leur loi sur le quartier ». En conséquence, pour sécuriser les lieux, le personnel et les usagers du centre socioculturel de Pontanézen, l’élu demande « des mesures d’accompagnement aux côtés de la Police nationale (qui) doivent être prises pour que la situation redevienne sereine ».

Du projet d’établissement pour la petite enfance

Sur la délibération sur les multi-accueils municipaux de la petite enfance, Mme Philippine d’Avout (RPB), prévient que si son groupe y est favorable, elle « aimerait porter (votre) attention sur un point qui me semble très important : la transparence du projet éducatif vis-à-vis des familles ». À ce titre, elle demande à ce que soit joint « systématiquement au règlement intérieur le projet d’établissement ».

Les chats ont une Arche de Noé

Enfin à l’avant-dernière délibération, concernant l’attribution d’une subvention à l’association « L’Arche de Noé-Les amis des chats » qui recueille des félins suite à la fermeture du chenil du Petit minou en 2013, Mme Véronique Bourbigot (RPB) annonce là aussi que son groupe y est favorable. « La protection animale est un sujet important pour beaucoup de nos concitoyens et d’autant plus sensibles après les conditions dans lesquelles l’association du refuge du minou a été liquidée y a 18 mois », explique Mme Bourbigot. (…) Il nous apparaît en effet logique de soutenir l’action de l’association  “Arche de Noé les amis des chats“ qui gère désormais le devenir de da population féline issue de la fourrière ».

Au lendemain d’une visite du Premier ministre, le conseil municipal résonnait encore des échos de celle-ci qui ont laissé sceptique une grande partie de nos élus municipaux, notamment sur les annonces d’aides financières promises. La ville en attendant est en pleine crise, surtout au niveau commercial. Même si des accords sont de plus en plus nombreux entre le groupe RPB et la majorité socialiste de la municipalité, ce n’est pas encore l’œcuménisme que le maire a cru voir à certains moments de ce conseil.

Marc Gidrol

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