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Manuel Valls était à Brest pour le service après-vente du Pacte d'Avenir

Le président du Conseil régional de Bretagne, Pierrick Massiot à gauche et le Premier ministre, Manuel Valls, à Brest, jeudi 18 décembre.

Le lendemain du vote par l'Assemblée nationale de la nouvelle carte administrative de la France à 13 régions, Manuel Valls, le Premier ministre, est venu à Brest, aujourd'hui, jeudi 18 décembre, confirmer le Pacte d'Avenir pour la Bretagne, lancé voilà un an, le 13 décembre 2013. Et, aussi pour rassurer les élus locaux suite à l'annonce de la baisse de la dotation de l'État aux collectivités locales de 50 milliards d'€ jusqu'en 2017.

Le Premier ministre n'est pas venu les mains vides. En effet, le Pacte d'Avenir pour la Bretagne, avec le CPER (Contrat de Plan État-Région) prévoit une enveloppe de près de 3,3 milliards d'euros répartis sur la période 2015-2020. L'État contribue à cette enveloppe à hauteur de 525 468 000 €, le Conseil Régional de Bretagne pour 791,5 millions d'euros et l'Union européenne pour 903,3 millions d'€. Les collectivités territoriales contribuent aussi pour une part à ce plan.

Le Premier ministre est venu pour signer le protocole d'accord avec le Président du Conseil régional de Bretagne. Sa venue était aussi pour faire le bilan de la 1ère année du Pacte d'Avenir signé le 13 décembre 2013 par le Préfet de la région Bretagne, également Préfet d'Ille-et-Vilaine, M. Patrick Strzoda, et le président du conseil régional de Bretagne, M. Pierrick Massiot, sous l’œil de son prédécesseur à Matignon à l'époque, M. Jean-Marc Ayrault. Ce Pacte a certes permis de nombreuses réalisations au bout d'un an mais il ne faut pas trop en conclure qu'il va résoudre tous les problèmes : l'État a versé 346,9 millions d'€ en 2014 au titre de ce plan. Ce qui a permis des actions de reconversion de salariés dans des bassins d'emploi en crise. Par exemple, sur les 762 ex-salariés de Gad à Morlaix, 368 ont déjà une solution durable et identifiée, soit un taux de 48 %.

Ces mêmes dispositifs d'accompagnement à destination des salariés d'usines agro-alimentaires au chômage, seront mobilisés sur d'autres bassins d'emploi lorsque cela sera nécessaire : notamment les territoires de Guerlesquin (Tilly-Sabco) et de Josselin (GAD). De même, dans le but de sécuriser les parcours professionnels, quatre territoires correspondant à des bassins de vie et d'emploi ont été retenus :

  • Morlaix et Châteaulin, villes touchées de plein fouet par la crise de l'agro-alimentaire.
  • Lorient, qui a un territoire offrant des potentialités de développement.
  • Le territoire de Lamballe — Saint-Brieuc, où l'emploi est en baisse.
  • Fougères-Vitré, territoire où les entreprises ont un accompagnement important.

L'emploi est en effet la pierre d'achoppement de ce pacte avec 10 millions d'€ mis sur la table par l'État.

François Cuillandre, maire de Brest, faisant son discours.

Le Plan d'Avenir a accéléré l'avancée de dossiers sur le plan de la culture et de l'identité bretonne. Par exemple, le 5 décembre dernier, la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, est venue à Rennes, signer une convention spécifique en matière culturelle, actant la création d'un conseil des collectivités pour la culture en Bretagne (CCCB) ainsi que la mise en place de guichets uniques dédiés aux domaines du livre et du cinéma à partir du 1er janvier 2015.

Une nouvelle convention sur les langues de Bretagne : Breton et Gallo, aboutira début 2015. Le 8 décembre dernier, la conférence bretonne de l'eau et des milieux aquatiques (CBEMA) a été créée.

De plus, pour pallier aux contraintes géographiques de la Bretagne, de par sa situation excentrée et péninsulaire en France et en Europe, 267 millions d'€ seront mis en œuvre par l'État à travers le volet routier (travaux sur la 2x2 voies de la RN164, dont l'enjeu est crucial pour le Centre-Bretagne, où de nombreuses industries agro-alimentaire sont implantées) mais aussi ferroviaire, à travers le plan Bretagne à Grande Vitesse (BGV) dont le but est de faire gagner 40 minutes sur le trajet Rennes-Paris, qui profitera à toute la région, mais surtout de mettre Brest et Quimper à 3 h de Paris d'ici 2030 grâce aux Liaisons Nouvelles Ouest Bretagne Pays de la Loire (LNO BPL).

Le Président du Conseil régional, Pierrick Massiot estime que : « Quoiqu'en disent ses détracteurs qui, pour beaucoup d'entre eux, l'avaient condamné avant même qu'il ne soit écrit, le Pacte d'Avenir pour la Bretagne est en passe de remplir les objectifs que nous lui avons assignés : redonner confiance, faire redémarrer l'économie, endiguer la spirale des plans sociaux, restaurer le dialogue social. Bref, remettre en mouvement un territoire qui commençait à douter de lui-même ».

Il a vanté l'identité bretonne dans « ces centaines de festivals ». «  Combien de milliers de spectateurs, de téléspectateurs à Quimper, à Lorient ou même au Stade de France », a-t-il poursuivi. Il a souligné aussi « des milliers de bénévoles bretons qui hissent le gwen ha du (le drapeau breton) aux quatre coins de la planète ». Il a cité aussi l'écrivain Per Jakez Hélias, lorsque celui-ci écrivait : « Ce qui manque souvent aux sociétés humaines pour aller de l'avant, c'est la confiance en elles-mêmes », phrase aussi inscrite à la fin du Pacte d'Avenir. La confiance a été le maître mot de son discours. Confiance entre l'État et les Collectivités locales. M. Pierrick Massiot à conclu son discours par un appel du pied au Premier ministre à reconnaître la Bretagne historique avec le département de Loire Atlantique :

« L'argent investi en Bretagne est plus rentable qu'ailleurs. Nous ne dépenserons aucun argent public pour fusionner, nous n'aurons aucun logo à refaire, aucun nom à trouver. Nous étions Bretagne, nous sommes Bretagne et nous finirons par être Bretagne de Brest à Saint-Malo, Rennes, Saint-Brieuc, Vannes et… Nantes peut-être un jour ». (Applaudissements dans la salle où de nombreux élus bretons sont présents).

Pour Bernadette Malgorn, conseillère régionale et conseillère municipale de Brest dans l'opposition (groupe RPB), le Pacte d'Avenir pour la Bretagne, « ce n'est que du flou pour l'instant ». Impression partagée par de nombreux acteurs économiques et sociaux de la région, à l'instar du Président du Medef Bretagne, Joël Chéritel.


Le Premier ministre, M. Manuel Valls à la tribune, à Océanopolis, musée marin de Brest.
Le Premier ministre leur répond dans son discours que « 3,3 milliards d'€ débloqués pour la Bretagne dans le cadre de ce plan, ce n'est pas du flou ». Le maire de Brest, M. François Cuillandre estime aussi que « personne ne peut contester que les raisons du rebond ne sont pas réunis dans une région frappée de plein fouet par la crise ».

Par ailleurs, le Premier ministre a confirmé que le siège d'Ifremer sera transféré à Brest avec des compétences et des moyens nationaux dans le domaine de la recherche océanographique et de la biologie marine.


La Région investit aussi 220 millions d'€ pour le Port de Brest qui lui appartient depuis 2007. L'enjeu là aussi étant d'accroître l'activité commerciale du port et de créer de nouvelles activités industrielles en lien avec les Énergies marines renouvelables (EMR). Pour cela, la Région va aménager un polder de 50 ha. 500 emplois directs sont à la clé d'ici 2022.

152 millions d'€ sont versés par l'État pour les nouvelles technologies et le numérique en Bretagne au titre du Fonds pour la Société Numérique (FSN).

Bien sûr, dans un contexte de crise économique et de rigueur budgétaire, ces effets d'annonce sont les bienvenus, reste maintenant à attendre qu'elles se traduisent en actes concrets.

Marc Gidrol

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